Le Devoir

Une salle de spectacle près du métro Longueuil

La mairie étudie un projet de complexe culturel, d’hôtel et de centre de congrès

- MARCO FORTIER LE DEVOIR

Coup de théâtre en vue de l’aménagemen­t d’une nouvelle salle de spectacle à Longueuil : la Ville envisage à nouveau de construire ce complexe culturel dans le secteur du métro après l’avoir exclu pour des raisons de coûts.

Selon ce que Le Devoir a appris, la mairesse Catherine Fournier a confié le mandat à une firme externe d’étudier l’aménagemen­t d’un immeuble qui pourrait héberger non seulement une salle de spectacle, mais aussi un hôtel et une salle multifonct­ionnelle pouvant accueillir des événements. Des unités résidentie­lles pourraient aussi faire partie du projet.

La Ville exclut désormais de construire cette nouvelle salle de spectacle sur le terrain vacant situé près de la rue SaintCharl­es Est et du boulevard RolandTher­rien, jugé trop éloigné du centre pour attirer des foules. C’était pourtant la solution envisagée à l’automne 2022.

En entrevue, la mairesse indique avoir remis de l’avant le projet de salle de spectacle dans le secteur du métro — le lieu le plus accessible en ville —, mais pas au coût de plus de 170 millions de dollars qui avait été établi en 2021. « On ne peut pas aller de l’avant avec un projet de cette ampleurlà avec nos budgets municipaux », dit Catherine Fournier.

Pour diminuer les coûts, la mairesse envisage de construire le complexe culturel en partenaria­t avec un promoteur privé qui pourrait exploiter un hôtel et des salles de congrès — un besoin sur la Rive-Sud, selon elle.

Cri du coeur

De son côté, le Théâtre de la Ville, véritable institutio­n de l’agglomérat­ion de Longueuil, lance un cri d’alarme pour la constructi­on de ce complexe culturel qui se fait attendre depuis une quinzaine d’années. Les deux salles de spectacle du Théâtre, situées dans le cégep Édouard-Montpetit, ont besoin de rénovation­s majeures — au point où le diffuseur se trouve en « position précaire », a appris Le Devoir.

La salle Jean-Louis-Millette (400 sièges) nécessite des travaux de 13,5 millions de dollars, tandis que la salle Pratt & Whitney (900 sièges) a besoin d’investisse­ments importants pour prolonger sa durée de vie estimée à encore dix années.

De plus, le Théâtre de la Ville a dû céder un studio de création, des bureaux administra­tifs et d’autres espaces au Cégep, qui est en pleine croissance et a besoin de locaux supplément­aires. Une dizaine d’employés de l’institutio­n ont temporaire­ment déménagé leurs bureaux dans une salle de conférence­s où ils ont juste assez d’espace pour marcher entre les tables.

« La bonne nouvelle, c’est que le Théâtre [de la Ville] va super bien malgré tout. On est en croissance à tous les niveaux, sauf pour nos infrastruc­tures. On a vraiment un public fidèle », dit sa directrice générale, Dominique Lapierre, en nous faisant visiter les installati­ons de l’établissem­ent fondé en 1989.

Elle souhaite rénover la salle JeanLouis-Millette durant une partie de l’année 2025. Quant à la salle Pratt & Whitney, le plan consiste à l’améliorer pour la maintenir en fonction pendant les travaux de constructi­on d’un futur complexe culturel. Le bail avec le cégep Édouard-Montpetit pour cette grande salle de 900 sièges vient d’être renouvelé pour une durée de 10 ans — et de 30 ans pour la salle Jean-Louis-Millette.

« On a vraiment besoin d’une nouvelle salle. Notre principale préoccupat­ion, c’est de garder notre public. Les gens nous le disent : le confort de nos salles, ce n’est pas super », explique Mme Lapierre.

Cure de rajeunisse­ment

La scène de la salle Pratt & Whitney est large, mais sa hauteur et sa profondeur sont insuffisan­tes pour des spectacles de ballet jazz, de cirque ou d’orchestre symphoniqu­e, par exemple. Les 900 sièges installés en 1997 trahissent leur âge. Les loges d’artistes ont besoin d’une cure de rajeunisse­ment.

Quant à la salle Jean-Louis-Millette, elle a peu changé depuis son inaugurati­on en 1989. Il n’y a pas de débarcadèr­e pour transporte­r le matériel de spectacle sur la scène. Et le foyer accueillan­t les spectateur­s avant leur entrée dans la salle a un air vintage avec son tapis gris.

Le cabinet du ministre québécois de la Culture, Mathieu Lacombe, confirme qu’une aide financière est à l’étude pour la rénovation des infrastruc­tures du Théâtre de la Ville. Dominique Lapierre souhaite aussi convaincre le ministre de donner rapidement le feu vert à un nouveau complexe culturel jugé essentiel pour la Montérégie.

Elle estime que la mairesse a d’« autres priorités » plus urgentes, ce que nie Catherine Fournier. « Je comprends leur impatience, ça fait presque 20 ans qu’ils attendent. On veut une nouvelle salle de spectacle, mais c’est un enjeu complexe. C’est un des dossiers dans lesquels je me suis le plus impliquée », conclut la mairesse.

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VALÉRIAN MAZATAUD LE DEVOIR « La bonne nouvelle, c’est que le Théâtre [de la Ville] va super bien malgré tout. On est en croissance à tous les niveaux, sauf pour nos infrastruc­tures. On a vraiment un public fidèle », dit sa directrice générale, Dominique Lapierre.

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