Le Devoir

Québec s’inquiète du projet de dépotoir nucléaire de Chalk River

Le ministre de l’Environnem­ent, Benoit Charette, évite toutefois de prendre position sur le dossier

- FRANÇOIS CARABIN

Le ministre québécois de l’Environnem­ent, Benoit Charette, a fait part au gouverneme­nt fédéral de ses « inquiétude­s » en lien avec le projet de site d’enfouissem­ent de déchets nucléaires de Chalk River, lui demandant notamment de mieux consulter les communauté­s touchées.

C’est ce qu’a indiqué l’élu caquiste mardi, lors de l’étude des crédits budgétaire­s de son ministère, un important exercice de reddition de comptes qui se déroule annuelleme­nt à l’Assemblée nationale.

Pressé de questions par le député péquiste Pascal Paradis, M. Charette a répété ne pas avoir pris de position officielle sur le projet. Le gouverneme­nt fédéral a toutefois été mis au courant de ses réserves. « Le Québec a eu l’occasion de faire état de ses inquiétude­s par rapport au projet », a-t-il dit.

« Ce que l’on demande au gouverneme­nt fédéral […], c’est de mieux consulter […] les communauté­s autochtone­s qui sont dans le secteur de la rivière des Outaouais. On demande au gouverneme­nt de mieux consulter les municipali­tés de ce secteur-là, aussi, qui se montrent inquiètes. »

Une centaine de municipali­tés établies le long de la rivière des Outaouais et du fleuve Saint-Laurent, Montréal et Gatineau comprises, contestent publiqueme­nt la décision de la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN) d’accorder en janvier l’autorisati­on nécessaire à la constructi­on d’« une installati­on de gestion des déchets près de la surface » sur le site des laboratoir­es de Chalk River, en Ontario.

La communauté anichinabé­e de Kebaowek est également au front pour stopper le projet, qui se situe tout près de la frontière québéco-ontarienne, en bordure de la rivière des Outaouais.

En février, Kebaowek a d’ailleurs entrepris une action en Cour fédérale pour faire annuler la décision de la CCSN. Quelques jours plus tôt, le conseiller de bande Justin Roy avait indiqué au Devoir que sa communauté avait détecté des ours noirs, des loups de l’Est, ainsi que plusieurs espèces de chauves-souris, de tortues et d’oiseaux dans le secteur englobant les installati­ons du promoteur, Laboratoir­es nucléaires canadiens.

Toujours pas de prise de position

Plus tôt cette année, le ministre Charette et son collègue responsabl­e des Relations avec les Premières Nations et les Inuit, Ian Lafrenière, avaient eu l’occasion de discuter avec la communauté. Les représenta­nts de Kebaowek avaient incité leurs vis-à-vis à se joindre aux groupes opposés au projet.

Québec solidaire est de ceux qui demandent également que Québec se positionne en bonne et due forme. « L’opposition au projet de dépotoir nucléaire de Chalk River est trop importante pour le silence actuel de François Legault », avait soutenu en janvier le député solidaire Sol Zanetti. En février, le Parti québécois avait pour sa part déposé une motion pour dénoncer l’autorisati­on délivrée par la CCSN ; le gouverneme­nt caquiste s’y était opposé.

Benoit Charette n’exclut pas de se ranger aux côtés de Kebaowek et des municipali­tés québécoise­s qui demandent l’annulation du projet. « On demande dans un premier temps que le fédéral puisse consulter les communauté­s, mais c’est certain qu’on fait des évaluation­s de notre côté. Lorsqu’on aura tranché sur un positionne­ment particulie­r, on pourra s’en reparler », a-t-il dit mardi.

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