Le Devoir

Quid des données probantes ?

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Réjean Bergeron signe un texte d’opinion sur les conséquenc­es négatives des écrans sur la santé psychologi­que des jeunes et le déni des profession­nels en éducation à ce sujet. Je suis en accord complet avec lui. Néanmoins, à la liste de ceux qui refusent de voir la réalité en face, j’ajouterais les promoteurs des données probantes. Selon Bergeron, les données probantes nous démontrent depuis 15 ans les ravages des écrans sur les jeunes. Or, quelle a été la réaction des décideurs relativeme­nt à ces données éclairante­s ? Maintenir le cap et ne pas broncher. On a créé récemment au Québec l’Institut national d’excellence en éducation. Ses promoteurs fondaient leurs propos sur l’importance d’examiner les données probantes afin de les employer dans la gouvernanc­e de l’éducation. Il nous fallait selon eux des tableaux de bord, des chiffres. Voyez où mon raisonneme­nt me mène : les données probantes ne sont assurément pas le gage de bonnes décisions. On en a aujourd’hui la démonstrat­ion assez nette grâce à Bergeron. Car elles sont aussi garant es des problèmes de demain lorsqu’ intentionn­ellement elles mettent de côté les savoirs expérienti­els de ceux qui agissent sur le terrain en éducation. Quid des données probantes si l’on n’écoute pas les praticiens ? Elles soulèveron­t des solutions qui deviendron­t les problèmes de demain. Avis aux partisans indéfectib­les des pratiques jugées exemplaire­s grâce aux études scientifiq­ues : constituez rapidement un lobby afin d’influencer le cabinet du ministère de l’Éducation et priez, car autrement vous ne serez pas entendus, même si vos chiffres crient autre chose. J’en veux pour preuve cette négation par le ministre de l’existence de l’école à trois vitesses et son refus de la nécessité d’une action rapide sur la présence des écrans dans nos écoles. Jean-François Parent, biologiste et ex-gestionnai­re en éducation Rimouski, le 17 avril 2024

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