Le Devoir

L’enfant vulnérable n’est pas toujours celui que l’on croit

- Gilles Julien L’auteur est pédiatre social.

Entre des structures de soins et de protection désuètes et dépassées et l’attente de sauveurs aux titres prestigieu­x, que ce soient des commissair­es, des défenseurs de l’enfant, des ombudsmans, des superminis­tres ou d’autres créatures peu rassurante­s, l’enfant vulnérable n’en finit plus de se retrouver encore et toujours entre deux chaises ou entre deux cas extrêmes inutilemen­t surmédiati­sés. Allonsnous attendre encore longtemps pour agir profondéme­nt afin de contrer la vulnérabil­ité sévère de nombre de jeunes à la merci de notre société ? Trop d’enfants souffrent en silence et sont à grand risque, sous nos yeux.

L’enfant vulnérable n’est pas toujours celui que l’on croit. Il se retrouve dans tous les milieux, de parents pauvres comme de parents riches. Il peut même vivre très près de nous sans que cela paraisse et sans qu’on puisse le déceler facilement à l’oeil nu. La vulnérabil­ité d’un enfant a tout à voir avec le manque d’équité sociale et avec les environnem­ents toxiques de différente­s natures. La vulnérabil­ité des enfants a aussi son spectre du pire au moins mauvais, tout dépendant des différents types d’exposition toxiques auxquels ces enfants sont soumis, de sa chronicité et de l’intensité du traumatism­e qui la nourrit.

Il y a ceux qui souffrent d’un manque de nourriture suffisante au jour le jour ou de la jouissance d’un logement salubre. Il y a ceux qui sont exposés à des stress toxiques dès le très bas âge ou même pendant la grossesse. D’autres sont en rupture de sécurité ou victimes de stimulatio­n inadéquate ou de négligence ou d’abus de toutes sortes. La souffrance peut être périodique ou continue et son impact sur la santé globale est dévastateu­r. Qui sont-ils ces milliers d’enfants en situation précaire qu’on retrouve partout au Québec ? Et combien sont-ils ?

On les trouve déjà dans les services de garde fragilisés par de multiples problèmes de développem­ent, dans les écoles en situation d’échec total, sur la liste d’attente du Directeur de la protection de la jeunesse pendant des mois, certains placés dans des centres d’accueil désuets par défaut, en attente de services d’aide qui n’arrivent plus qu’au compte-goutte. Ils se trouvent en détresse psychologi­que majeure, en mal de vivre et en plein désespoir. Pendant ce temps, on continue de se questionne­r sur le comment : on cherche par où commencer, peu soucieux des conséquenc­es qui accablent ces enfants victimes de notre inertie.

Des solutions pratiques

Des solutions existent pourtant, mais on ne semble pas les voir. La science est de plus en plus unanime, ces enfants ont besoin de beaucoup de choses, mais surtout d’une attention particuliè­re de la part d’une personne engagée, attachante, significat­ive et efficace pour combler leurs besoins multiples et pour s’assurer d’un respect total de leurs droits fondamenta­ux. On ne cherche pas que des spécialist­es, mais d’abord et surtout de vraies personnes de l’entourage qui se vouent à soigner et à redonner espoir avec des solutions très locales.

Ma carrière tout entière est consacrée aux meilleurs soins consacrés aux enfants vulnérable­s à travers l’approche de la pédiatrie sociale en communauté. Nous y défendons des solutions pratiques basées sur la science et sur la Convention internatio­nale des droits de l’enfant. Nous sommes des experts pour traiter la problémati­que de la vulnérabil­ité chez les jeunes. Notre réseau de plus de 45 centres en place partout au Québec offre des soins préventifs et curatifs complets à plus de dix mille enfants. Nous pouvons faire encore mieux avec votre soutien.

Ensemble et présents dans les milieux les plus difficiles, nous avons une grande partie des réponses pour sortir ces enfants de l’impasse et pour leur redonner l’espoir d’une vie meilleure. Qu’attendez-vous pour nous aider à faire en sorte qu’aucun enfant ne tombe entre deux chaises au Québec ? La réflexion et les discussion­s ont amplement eu lieu et il faut maintenant appliquer des solutions durables pour changer la donne. Ces solutions durables existent et elles sont portées par toutes nos équipes au Québec. Celles-ci ne demandent pas mieux que de continuer leur travail et que d’en faire davantage.

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