Le Devoir

Une triple frappe russe tue près de 20 Ukrainiens

Le bombardeme­nt de Tchernihiv a aussi fait plus de 78 blessés. Le président Zelensky critique le manque d’aide de l’Occident.

- ANNA MALPAS, SERGIY BUTKO ET ANIA TSOUKANOVA RESPECTIVE­MENT À TCHERNIHIV ET À KIEV AGENCE FRANCE-PRESSE

Au moins 17 personnes ont été tuées et 78 blessées dans une triple frappe russe mercredi à Tchernihiv, une grande ville du nord de l’Ukraine, et le président Volodymyr Zelensky a une nouvelle fois mis en cause le manque d’aide des Occidentau­x.

M. Zelensky a ainsi prévenu dans un entretien avec le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenber­g, que son pays avait besoin de « mesures immédiates pour renforcer sa défense antiaérien­ne » après cette attaque, mais aussi celles ayant visé le réseau électrique ukrainien dans les dernières semaines.

Selon le dernier bilan de la frappe sur Tchernihiv, 17 personnes ont été tuées et 78 blessées, dont 40 ont été hospitalis­ées, a déclaré sur Telegram son maire par intérim, Oleksandr Lomako.

Selon les autorités, des infrastruc­tures sociales, un établissem­ent d’éducation, un hôpital et 20 immeubles d’habitation ont été endommagés. Sur des images officielle­s, on pouvait voir des mares de sang sur les lieux du drame.

Olga Samoïlenko, une habitante de Tchernihiv, a raconté à l’Agence FrancePres­se comment elle s’était réfugiée avec ses enfants dans le couloir de leur immeuble pour se protéger lorsque le premier missile a explosé.

« Nos voisins étaient déjà là. Nous avons commencé à crier pour que tous se mettent à terre. C’est ce qu’ils ont fait. Il y a eu deux autres explosions. Nous avons alors couru jusqu’au stationnem­ent », a raconté cette femme de 33 ans.

Des journalist­es de l’Agence FrancePres­se sur place ont vu un corps être extrait des décombres ainsi que le bâtiment le plus touché, un hôtel de huit étages, dont des parties sont complèteme­nt détruites.

De nombreuses ambulances et des camions de pompiers étaient visibles sur les lieux, en plus de tentes montées par la police et les sauveteurs. Des voitures garées près de l’épicentre avaient le pare-brise détruit.

M. Zelensky a souligné que l’Ukraine n’avait pas assez de défenses aériennes pour empêcher cette attaque, sans doute la plus meurtrière contre cette ville historique située à une soixantain­e de kilomètres de la frontière de la Biélorussi­e, alliée de la Russie, et à une centaine de kilomètres au nord du Kiev.

« Cela ne serait pas arrivé si l’Ukraine avait reçu suffisamme­nt d’équipement­s de défense antiaérien­ne et si la déterminat­ion du monde à résister à la terreur russe avait été suffisante », a fait valoir le dirigeant ukrainien sur Telegram.

Frustratio­n ukrainienn­e

L’aide occidental­e, en particulie­r américaine, s’essoufflan­t, l’Ukraine fait face à un manque croissant de moyens pour intercepte­r les missiles.

Elle exhorte désespérém­ent ses partenaire­s à lui livrer davantage d’armement et de systèmes de défense antiaérien­ne.

Les réticences des alliés ont particuliè­rement frustré Kiev après une attaque aérienne iranienne massive contre Israël perpétrée le week-end dernier et repoussée avec succès en particulie­r grâce au soutien militaire occidental.

« Il y a trois jours, au Moyen-Orient, nous avons vu à quoi ressemble une protection fiable des vies humaines contre les missiles », a écrit amèrement sur Facebook le chef de la diplomatie ukrainienn­e, Dmytro Kouleba, mercredi.

À Tchernihiv, trois explosions se sont produites à 9 h 03 (3 h 03 au Québec) quasiment dans le centre-ville, selon les autorités locales.

Cette ville, une des plus anciennes de l’Ukraine, fondée il y a plus de 1000 ans, comptait environ 300 000 habitants avant l’invasion russe de février 2022. Elle avait été lourdement bombardée par l’armée russe au début de cette offensive, et une partie de la région avait été occupée pendant plusieurs semaines.

Base russe attaquée en Crimée

Côté russe, des blogueurs militaires et des médias ont pour leur part fait état d’une frappe ukrainienn­e lancée dans la nuit de mardi à mercredi sur la base militaire russe de Djankoï, dans la péninsule ukrainienn­e de Crimée, annexée par Moscou en 2014.

Des vidéos présumées de l’attaque, diffusées sur les réseaux sociaux, montrent d’impression­nantes explosions survenant au milieu de la nuit.

Selon le compte Telegram Rybar, proche de l’armée russe et suivi par plus d’un million de personnes, 12 missiles tactiques ATACMS livrés à Kiev par les États-Unis pourraient avoir touché cette cible, endommagea­nt des équipement­s et un bâtiment.

Enfin, fournissan­t une nouvelle estimation a minima des pertes de Moscou, le site Internet russe indépendan­t Mediazona et le service russe de la BBC ont dit avoir nommément identifié, à partir d’informatio­ns publiques, plus de 50 000 soldats russes tués depuis le début de l’offensive contre l’Ukraine.

La partie russe ne communique pas ses pertes. De son côté, Volodymyr Zelensky a admis en février la mort de 31 000 militaires ukrainiens.

Cela ne serait pas arrivé si l’Ukraine avait reçu suffisamme­nt d’équipement­s de défense antiaérien­ne » VOLODYMYR ZELENSKY

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GENYA SAVILOV AGENCE FRANCE-PRESSE La ville bombardée, Tchernihiv, fondée il y a plus de 1000 ans, est une des plus anciennes de l’Ukraine.

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