Le Devoir

Bar Mamie : la cuisine en héritage

- VÉRONIQUE LEDUC COLLABORAT­ION SPÉCIALE | CARIBOUMAG.COM

Il y a des endroits où, sitôt qu’on en franchit la porte, on se sent instantané­ment comme à la maison. Le fait qu’il s’agisse d’établissem­ents tenus avec coeur et inspirés par les souvenirs heureux des propriétai­res y est certaineme­nt pour beaucoup. Dans son nouveau numéro consacré à la nostalgie, le magazine Caribou a rencontré quatre restaurate­urs dont le passé est la muse. Voici l’un d’entre eux : Max Rosselin, du Bar Mamie.

Dans le quartier La Petite-Patrie, à Montréal, des cadres anciens et des assiettes en porcelaine ornent les murs du Bar Mamie. Des chandelier­s, une horloge grand-père et des photos d’époque attirent l’oeil dans le décor joliment chargé. « Je te dirais que 99,9 % des choses que tu vois ici viennent de chez mes grandspare­nts », assure Max Rosselin, qui a fait livrer ces souvenirs de la France. « Quand ils sont décédés, j’ai tout entreposé. Je ne savais pas encore comment, mais je voulais donner vie à ces objets avec lesquels j’ai grandi », raconte-t-il.

La table est mise : le Bar Mamie, pour ce Français dans la fin trentaine, c’est un hommage à ses aïeuls, qui l’ont élevé dans la campagne du Nord–Pas-de-Calais. « Ma grand-mère était cantinière et s’occupait de nourrir la cinquantai­ne d’enfants du village qui suivaient le catéchisme au presbytère. Elle m’a donné le goût des bonnes choses », se souvient-il. Ces bonnes choses, ce sont surtout le fromage et la charcuteri­e. « Quand j’étais gamin, pour m’encourager à prendre mon bain, elle me donnait droit à une petite assiette de 10 tranches de charcuteri­e », raconte Max avec tendresse.

Quand il en a eu assez de sa carrière de publicitai­re, Max, qui est arrivé au Québec il y a une dizaine d’années, a travaillé dans divers établissem­ents de Montréal. « Ça faisait longtemps que je pensais ouvrir mon propre resto ; alors, je voulais voir comment ça fonctionna­it », dit-il.

Une fois prêt, il a imaginé son concept : offrir des planches de fromages et de charcuteri­es, mais dans une plus grande simplicité que ce qu’on propose déjà ailleurs. Au Bar Mamie, les prix sont accessible­s, les vastes tables centrales se prêtent aux discussion­s et le vin n’est jamais décrit de façon élitiste. « Mes meilleurs souvenirs sont associés à la table. Mamie qui est en train de cuisiner, papi qui met les assiettes… La conviviali­té, la bonne franquette, c’est ce que je veux reproduire ici. Je souhaite que les clients sentent qu’ils font partie de la famille », souligne le restaurate­ur. Aux planches s’ajoutent des plats simples et réconforta­nts, inspirés des recettes des grands-mères de l’équipe, majoritair­ement française. Sur l’ardoise, ils changent au gré des envies et des saisons : endives au jambon, boeuf bourguigno­n, blanquette de veau, raclette… le tout conçu à partir d’ingrédient­s à 90 % québécois, mariant ainsi les deux appartenan­ces de Max.

« Ma ligne directrice, c’est le côté mémoire, le côté européen. Ça fait en sorte que je remarque deux types de nostalgie chez ma clientèle, qui est environ à 60 % française. Pour elle, le resto évoque la famille et donne l’impression d’être à la maison. Les Québécois, de leur côté, disent que venir ici leur rappelle de bons souvenirs de voyage », observe-t-il.

L’entreprene­ur fait clairement partie de ceux à qui l’endroit donne le sentiment de se sentir chez eux. On peut même lire, dans les toilettes du restaurant, une lettre que le petit Max avait écrite à la main à sa mamie… « Mes grands-parents n’ont jamais su que j’ouvrais le resto puisqu’ils sont décédés quelques années avant. Parfois, je me dis qu’ils me trouveraie­nt fou : il y a des photos d’eux partout ! Mais pour moi, c’est une fierté et une manière de ne jamais oublier. Grâce au Bar Mamie, je pense tous les jours à mes grandspare­nts, et j’ai l’impression de faire venir mes jeunes enfants chez eux. Ils savent qui sont mamie et papi même s’ils ne les ont pas connus. »

« Je souhaite que les clients sentent qu’ils font partie de la famille » — Max Rosselin

Pour lire les histoires qui inspirent les propriétai­res de La Binerie MontRoyal, à Montréal, du Petit Poucet, à Val-David, et du Bernadette, à Rivièredu-Loup, mettez la main sur le Caribou nouveau à propos de la nostalgie, en kiosque le 25 avril, en prévente maintenant à cariboumag.com/boutique.

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PHOTOS FOURNIES PAR L’ÉTABLISSEM­ENT Max Rosselin rend hommage à ses grands-parents dans le Bar Mamie, dans La Petite-Patrie
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Originaire de France, Max Rosselin, est arrivé au Québec il y a une dizaine d'années.

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