Hatta, la discrète voisine de Dubaï
Près de Dubaï la démesurée, l’excentrique, ville du monde ou ville du futur des Émirats arabes unis, il peut être difficile de trouver une destination plein air. Pourtant, en cherchant un peu, il est possible de prendre un virage nature durant son séjour. Bienvenue à Hatta, destination familiale et écotouristique par excellence.
Le véhicule dans lequel nous sommes entassés se fraye un chemin dans le trafic dense du centre de la ville. Les 16 voies de l’autoroute E11 ne suffisent pas à avaler le flot incessant de locaux, d’expatriés et de voyageurs qui désirent une porte de sortie vers le désert. On met le cap sur Hatta, une petite ville à 90 minutes de notre hôtel, Atlantis The Palm, construit sur les terres du légendaire palmier d’îles artificielles qui s’avancent dans le golfe Persique.
À peine après avoir quitté Dubaï, on aperçoit des structures minimalistes et rongées par les temps qui tournent la page sur le monde contemporain et ouvrent un nouveau chapitre à l’excursion. Les gratte-ciel disparaissent dans le rétroviseur tandis que notre route croise quelques minuscules villages, où s’alignent ces petits commerces, restaurants et maisons de thé qui ont échappé à la vague de modernité qui déferle sur la région.
Les eaux turquoise
Premier arrêt, le barrage de Hatta, construit dans les années 1990 et dont la mission première est d’alimenter la ville de Hatta en eau et en énergie. L’offre touristique s’y est développée, si bien que, maintenant, on le visite pour ses activités nautiques et son emplacement spectaculaire aux pieds des monts Hajar. Bien qu’on nous suggère des kayaks pour glisser sur les flots turquoise du réservoir, on préfère les donuts boats couverts et propulsés par un moteur électrique.
Les sauveteurs, des expatriés venus du Congo, occupent une petite île au centre du bassin. Avec de grands gestes des bras, ils nous saluent et improvisent une danse avant de disparaître sous une toile qui leur sert d’abri. Le soleil est brûlant, le mercure dépasse les 40 degrés. Avec une telle chaleur, il est difficile de ne pas avoir une pensée pour les travailleurs qui s’affairent à restaurer une murale peinte sur la façade extérieure du barrage. D’une taille de 240 mètres carrés, elle représente les fondateurs des Émirats arabes unis, Cheikh Zayed ben Sultan Al Nahyan et Cheikh Rachid ben Saïd Al Maktoum.
Un repas authentique
De retour au village, on s’installe au restaurant Al Hajarain pour une expérience gastronomique hors du commun. Les serveurs et serveuses s’affairent discrètement autour de nous. En un rien de temps, la table s’encombre d’agneau, de boeuf et de poulet cuits sur le gril, de houmous, d’olives, de pain et d’autres spécialités, dont de succulents plats de biryani et de machboos. Les mots nous manquent pour décrire la complexité des saveurs qui caractérisent chaque bouchée. Ce lieu, qui n’a pourtant rien de glamour, propose sans doute l’une des meilleures cuisines de tout l’Émirat.
Sensations fortes et expérience nature
L’immense stationnement vide et sablonneux, la sécheresse du sol et la végétation quasi inexistante donnent une impression d’installations
inachevées au Hatta Wadi Hub. Il est pourtant l’une des destinations vacances favorites des résidents de Dubaï qui affluent ici les week-ends.
Un panneau présente les innombrables activités que l’on peut y pratiquer sur place : randonnée, vélo de montagne, tyrolienne, tir à l’arc, équitation ou encore une dizaine d’autres sports, dont les noms et les images suffisent à faire monter l’adrénaline. Le lieu est aussi très populaire pour ses dômes de glamping, dont l’expérience s’apparente à une version actualisée des contes des Mille et une nuits. En moins d’une heure, on arrive à condenser un délicieux café, le lancer de la hache, l’escalade dans un parc aérien et un saut à l’élastique.
L’appel du désert
Au volant de véhicules tout-terrain fabriqués par Bombardier qui pardonnent tout excès de la part du conducteur, nous goûtons, littéralement, au désert. Alors que nous avons à peine quitté le confortable salon extérieur qui fait office de poste d’accueil pour Arabian Adventures, un nuage de poussière souligne notre passage avant de nous voir disparaître dans le creux des dunes. Le petit groupe zigzague dans un sable mou, laissant de profondes traces, que le vent balaye et efface derrière nous. Un troupeau de chameaux marche en notre direction. Le guide suggère une pause pour prendre en photo ces bêtes curieuses, calmes et nullement dérangées par notre présence. Difficile, toutefois, de déterminer si une certaine forme de coordination aura permis cette rencontre marquante, au moment où le soleil, tout au loin, s’enfonce dans le sable, colorant graduellement le ciel d’un rose grenade. Arrangé ou non, c’est un moment inoubliable en marge du monde.
En route vers un restaurant étoilé Michelin pour conclure cette promenade en plein air, un chauffeur de taxi arrivé du Pakistan qui espère être rejoint un jour par sa femme et ses cinq enfants confie : « À Dubaï, nous marchons tous vers le même but, celui de faire la belle vie. » Il y a quelque chose d’insaisissable dans cette région ceinturée de pays qui s’enlisent dans les conflits. Son magnétisme défie la loi de la gravité, un monde dans un monde où tout a un prix, même la belle vie…