L’influence de la Jeunesse étudiante catholique
Guy Rocher a milité à la centrale de la Jeunesse étudiante catholique (JEC) de 1943 à 1947, et l’a même présidée de 1943 à 1945. Ce passage dans le plus gros mouvement jeunesse de l’époque l’a profondément marqué. Dans les années 1940, la JEC comptait plus de 20 000 membres. Son journal Vie étudiante tirait à 45 000 exemplaires. Des figures très connues tels Simonne Monet-Chartrand, Jeanne Sauvée, Gérard Pelletier et Claude Ryan l’ont fréquentée.
« Ce mouvement s’intéressait aux questions spirituelles, mais comportait surtout une forte dimension d’analyse et d’action sociale », souligne Louise Bienvenue, professeure d’histoire à l’Université de Sherbrooke. La JEC offrait de nombreux services, comme des caisses d’épargne, des camps de vacances, des ciné-clubs, etc.
L’aumônier belge Joseph Cardijn, qui a instauré cette forme d’encadrement de la jeunesse en Europe, prônait la méthode « Voir-Juger-Agir ». « Il entendait par là que l’on devait récolter des informations objectives sur son milieu, puis les évaluer, pour finalement entrevoir des moyens d’action », explique Mme Bienvenue.
Les membres de la JEC étaient donc invités à étudier les rapports des jeunes au travail, à l’éducation, à la famille et à la religion, entre autres, pour comprendre leurs vrais problèmes. « Cette approche a développé le goût de Guy Rocher envers l’étude du social et l’engagement, poursuit l’historienne. Elle lui a montré que les institutions pouvaient être réformées de l’intérieur par l’action de citoyens engagés. »