« Il y a une sociologie internationale qui nous réunit tous »
Fort d’une reconnaissance à l’international au cours de sa carrière, Guy Rocher se souvient en riant que « ça fait beaucoup de bien de sortir de sa frontière ».
Pour lui, le fait d’aller acquérir de nouvelles connaissances à l’étranger, notamment lors de son doctorat à Harvard, de sa sabbatique en Californie ou de ses années passées en France, n’empêche nullement de pouvoir assurer sa progression professionnelle une fois de retour chez soi. « J’ai appris beaucoup de mes collègues sociologues français ou américains », résume-t-il.
Guy Rocher éprouve d’ailleurs du respect pour la sociologie américaine, « très développée et très variée » à l’intérieur même du pays. Encore aujourd’hui, il se plaît à lire des publications sociologiques de nos voisins du Sud, en raison de leur rigueur intellectuelle, dit-il. « C’est ce que j’ai retenu le plus de la sociologie américaine. Ils ont des éléments avec lesquels je ne suis pas toujours d’accord, mais c’est ce que j’ai appris chez eux », précise-t-il.
Le fait de collaborer avec des chercheurs issus de partout dans le monde permet également de diversifier les façons de travailler. « J’ai eu des collègues japonais. La sociologie nous rassemblait, mais à travers deux cultures et deux approches différentes », se souvient-il. Même chose avec ses confrères belges ou français. « Il y a une sociologie internationale qui nous réunit tous. Mais, en même temps, elle est faite d’une variété de sociologies nationales, et ça m’a beaucoup appris sur le respect de cette variété et de l’intérêt qu’elle représente », souligne-t-il.
Quant à la mondialisation, si le chercheur reste sceptique devant ses bienfaits en économie mondiale, il estime toutefois qu’elle a été bénéfique aux sciences. « Intellectuellement, scientifiquement, ce que la mondialisation a le plus fourni, c’est cette étendue des connaissances », explique le sociologue.
Si, lors de ses études, la sociologie était surtout une discipline américaine, elle s’est ensuite propagée à tous les continents, observe Guy Rocher. « La mondialisation a permis à des équipes internationales d’avoir l’avantage de profiter de ce que chacun apportait dans son pays : des méthodes qu’ils inventaient, qu’ils avaient développées », dit-il.
Ses expériences à l’étranger lui ont d’ailleurs montré le respect de la diversité dans son unité, dit-il. « C’est le paradoxe de la société humaine : on est humains partout, mais on l’est différemment. »