« J’ai la rage dans la gorge »
Plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés dimanche à Montréal afin de dénoncer la « fausse » transition énergétique menée par la CAQ
Quelques centaines de personnes se sont rassemblées dimanche, à Montréal, en marge du Jour de la Terre, afin de revendiquer la justice climatique et de dénoncer la « fausse » transition énergétique du gouvernement Legault.
Au son des tambours et des crécelles, ladite transition énergétique de la Coalition avenir Québec (CAQ) a tour à tour été montrée du doigt par les différents organisateurs de l’événement, qui se sont adressés aux protestataires devant le monument à sir George-ÉtienneCartier, au pied du mont Royal.
« C’est vraiment une fausse transition, a affirmé Shirley Barnea, du groupe Pour le futur Montréal, associé à Fridays for Future. Ils font juste continuer à exploiter le territoire, continuer dans la lignée extractiviste, destructrice du même système économique qui a causé la crise climatique, mais cette fois, c’est emballé en vert. »
La militante cosignait samedi, dans les pages du Devoir, un texte d’opinion dénonçant justement les failles de l’approche caquiste en matière d’avenir énergétique.
À ses yeux, Québec exploite la transition énergétique dans une perspective de croissance économique « à tout prix » et néglige les autres solutions à la crise climatique, comme le transport collectif.
« Dans tout cet empressement pour produire de l’énergie, pour avoir de nouveaux projets, c’est comme si c’était juste une occasion d’affaires », a dit Shirley Barnea.
« Rage » contre Northvolt
« On est dans une réelle crise environnementale et, en ce moment, le gouvernement l’utilise pour se faire un capital financier », a souligné aussi Ariane Labonté, du Comité action citoyenne – Projet Northvolt.
Mme Labonté a pris la parole aux côtés d’autres acteurs de divers groupes écologiques au terme de la marche, qui s’est conclue à la place des Festivals.
« J’ai la rage dans la gorge », a lancé à la foule la résidente de Mont-Saint-Hilaire, faisant part de « mois de combat » en Montérégie contre ce projet de filière batterie.
La représentante du rassemblement de citoyens a condamné les changements de seuils ayant permis à la multinationale suédoise d’aller de l’avant dans son entreprise, notamment celui qui lui aurait imposé une évaluation du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement.
En février 2023, le gouvernement Legault a en effet déposé un projet de modification réglementaire qui a eu pour effet de changer les règles qui auraient permis d’assujettir automatiquement Northvolt à la procédure environnementale prévue pour les grands projets industriels.
« Les lois sont transformées, sont modifiées, comme de la pâte à modeler », a dit Mme Labonté, qui a confié au Devoir se sentir « découragée » devant un gouvernement qui fait la sourde oreille.
« On n’est pas entendus », a-t-elle déploré.
Un « contre-exemple » de la transition énergétique
« Le projet de Northvolt est un merveilleux exemple de ce qu’il ne faut pas faire », a estimé le co-porte-parole de Québec solidaire (QS), Gabriel Nadeau-Dubois.
Présent à la manifestation, le député de Gouin a accusé la CAQ de « créer de toutes pièces un problème d’accessibilité sociale ». Ce projet, déployé à la vitesse grand V, bénéficie de passedroits réglementaires et court-circuite les processus démocratiques, a-t-il jugé.
Québec décourage par ailleurs les gens de faire les changements nécessaires dans leur quotidien pour amorcer la transition climatique, selon l’élu, notamment en ayant réduit les transports en commun au cours des dernières années.
« Les gestes les plus importants, ce sont les gestes politiques que les gouvernements doivent poser pour que les habitudes changent », a-t-il expliqué.
Le co-porte-parole de QS a invité tout de même la population à « garder espoir que la mobilisation citoyenne, ça peut fonctionner ». Il a rappelé qu’à son arrivée en politique, des projets de pipelines, de nouveaux oléoducs avaient été abandonnés grâce à des mouvements citoyens.
« Ça, ce ne sont pas des victoires d’il y a quinze ans. C’est dans les cinq ou six dernières années, a-t-il ajouté. Donc ça, c’est la preuve qu’on est capables de se mobiliser pour [faire annuler] de mauvais projets ou, dans le cas de Northvolt, pour exiger que les projets soient déployés de manière responsable, transparente et démocratique. »
Le projet de Northvolt est un merveilleux exemple de ce qu’il ne faut pas faire GABRIEL NADEAU-DUBOIS »