S’inspirer du passé pour créer l’avenir
Pointe-aux-Trembles, Montréal
Pointe-aux-Trembles (PAT), au bout est de l’île de Montréal, fête cette année son 350e anniversaire, et sa longue histoire permet de mesurer les mutations radicales du transport sur ce continent. Dans l’arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointeaux-Trembles, la division de l’espace public accorde maintenant 78 % du lot aux autos et 15 % aux piétons avec, là encore, des grenailles pour le transport en commun et les vélos.
Un dictionnaire historique du 350e de PAT a été lancé à la miavril. On y apprend qu’au début du siècle, deux tramways circulaient sur ce territoire qui était aussi traversé par une ligne de chemin de fer. Des autobus ont chassé les trams à partir de 1936. Les autos et les camions règnent maintenant d’un bout à l’autre des quelque 24 km de la rue Notre-Dame Est, que le ministère des Transports a déjà envisagé de transformer en partie en autoroute à tranchées de huit voies sur le modèle de Décarie.
Des aménagements à échelle plus humaine se préparent pour une petite portion de la rue Notre-Dame correspondant à l’ancienne rue principale de PAT.
L’objectif est de redonner de l’attrait au secteur dévitalisé où ne subsistent plus que quelques commerces à l’agonie.
L’église Saint-Enfant-Jésus et son presbytère ont été vendus au Groupe Angus, qui va y aménager une salle de spectacle et un restaurant. La construction de logements à proximité de l’église est commencée. Le quai de la navette fluviale reliée au Vieux-Montréal, situé à plus de 20 km (30 minutes), se trouve juste derrière l’ancien lieu de culte. Un stationnement limitrophe a été retransformé l’an dernier en place du village, où est projeté le tableau interactif Cité mémoire sur l’histoire de la vieille ville. La mairie a rénové un ancien couvent de la congrégation de Notre-Dame et s’y est installée en 2016 avec d’autres services municipaux.
Un nouveau chantier, idéalement lancé vers la fin de l’année (avec un an de retard sur le calendrier), devrait permettre de refaire les infrastructures souterraines entre la 1ère et la 13e Avenue, d’enfouir les fils d’Hydro-Québec, d’élargir les trottoirs, de verdir le secteur et d’y installer des terrasses. Si le plan prévoit d’apaiser la circulation très rapide, aucune voie ne sera retranchée aux autos pour faire place à une piste cyclable protégée. Il en existe déjà une juste au nord, dans le parc linéaire de la Traversée, inauguré en 2022, sur plus de 4 km, soit plus de la moitié d’une ancienne emprise ferroviaire louée pour 20 ans par le service de transport métropolitain Exo.
« Le chantier de la rue NotreDame va être difficile et va durer 18 ou 24 mois. Ce ne sera plus du tout la même rue. Je dis parfois que notre programme politique ressemble à celui du début du XXe siècle. Dans la mesure où il y avait un tramway à PAT, un hôpital, des services de proximité. Les gens venaient ici, au centre, pour se divertir et faire des achats. Il y avait des plages à proximité. Tout ce qu’on a perdu comme qualité de vie, c’est incroyable. En plus, l’implantation des raffineries a complètement transformé l’image de notre ville », explique Caroline Bourgeois, mairesse de l’arrondissement de Rivièredes-Prairies–Pointe-aux-Trembles de la Ville de Montréal, vice-présidente du comité exécutif, membre de Projet Montréal. Il faudra en fait encore beaucoup, beaucoup d’efforts, de volonté et de moyens pour renverser le royaume du char.