Repousser l’auto des espaces publics
Paris, France
Quand le journal Le Monde a fait les comptes en 2016, la moitié des 2800 hectares de voies publiques de Paris était occupée par la circulation automobile et les stationnements. Les parcours en auto ne comptaient pourtant que pour 13 % des déplacements. Les Parisiens préféraient encore et toujours la marche (à 50 %), comme depuis des siècles, et le transport en commun (plus de 30 %). Le vélo accaparait 3,8 % de l’espace public et 3 % des déplacements.
La mairie s’est alors attaquée à ce déséquilibre en faveur des autos avec différentes mesures faites pour ramener à 30 % leur espace réservé. Il y avait 293 km d’aménagements destinés aux vélos en 2004 et 1093 km fin 2020. L’aire linéaire piétonne totalise maintenant 87,2 km, dont 12,2 km d’un programme visant à redonner la rue aux écoles, en hausse de 9 % par rapport à 2021.
La réforme du stationnement se poursuit. L’objectif est de faire disparaître 70 000 places de stationnement d’ici 2026 pour les remplacer par des terrasses, des bancs publics, des espaces végétalisés et des pistes cyclables.
Le Plan vélo 2021-2026, doté de 250 millions d’euros, vise à transformer Paris en ville 100 % cyclable. Le Vélopolitain, réseau sécurisé étendu, propose déjà 16 lignes totalisant 170 km pour relier les banlieues au centre.
De grandes places, comme celle de la République, ont été réaménagées pour limiter la circulation. Plus de 3 km de voies sur les berges de la Seine sont piétonnisées, au grand plaisir de millions d’usagers à pied et à vélo.
Le dernier bilan des déplacements de la Ville de Paris, publié en janvier, montre que la circulation automobile continue de décroître : une baisse de 2,5 % en 2022. La fréquentation de tous les modes de transport en commun progresse (de 8 % en bus et tramway, jusqu’à
35 % pour le train régional, le RER). Les accidents de la route diminuent (des baisses de 7 % de blessés graves et de 16 % de décès).
Bref, la capitale française continue sa révolution par les modes de déplacement actifs qui repoussent l’auto des espaces publics.
Ces réalisations ont hérissé les automobilistes, évidemment, mais semblent d’autant plus logiques que la capitale française manque cruellement d’espace : elle est 9 fois moins étendue que Berlin et 14 fois moins que Londres.
Paris s’active maintenant à interdire, à compter de janvier 2025, les routes des communes de la grande région métropolitaine aux véhicules polluants et pour réduire de moitié les places de stationnement sur rue d’ici 2030.
Un des chantiers les plus spectaculaires s’attaque à l’avenue des Champs-Élysées, piétonnisée un dimanche par mois depuis 2016. Les travaux sont stimulés par l’organisation des Jeux olympiques de cet été.