Le Devoir

La confiance est toujours plus porteuse que la peur

- Félix Rhéaume L’auteur est avocat.

Il y a quelques jours encore, le Québec était en vedette comme rarement dans la Ville Lumière. Le Québec était d’abord l’invité d’honneur du Festival du livre de Paris. Le président français, Emmanuel Macron, qui s’était déplacé au Grand Palais éphémère sur le Champ-de-Mars, a eu l’occasion de s’entretenir avec plusieurs auteurs et autrices de chez nous.

Le soir même, c’était la première parisienne de Pub Royal, la comédie musicale des Cowboys Fringants. Un véritable triomphe pour les artistes du spectacle ainsi que pour les membres du groupe québécois qui étaient sur place et qui ont été ovationnés dès leur arrivée par les milliers de spectateur­s réunis au Grand Rex de Paris.

Pour bien finir la semaine, la Ville de Paris et l’Institut de France inauguraie­nt la semaine dernière sur le pont des Arts l’exposition Un coeur nomade, qui met en lumière l’univers graphique et littéraire de l’écrivain et « immortel » Dany Laferrière.

Impossible de ne pas être empli de fierté en voyant comment, par l’entremise de nos artistes, c’est tout le Québec qui rayonne. Le retour au Québec, et à la réalité d’une certaine façon, n’en fut que plus brutal.

Alors qu’à l’étranger le Québec brille, ici le chef du Parti québécois parle d’assimilati­on et du référendum de la dernière chance pour la survie de la culture francophon­e. En ce sens, Paul St-Pierre Plamondon renchérit sur un thème qui a déjà été politiquem­ent payant pour la Coalition avenir Québec, celui de la crainte de disparaîtr­e. On se souvient du premier ministre François Legault qui parlait, dans un passé récent, de la louisianis­ation du Québec, affirmant qu’il serait « suicidaire » pour le Québec français d’accueillir plus de 50 000 immigrants par an.

En raison de son histoire et de sa situation, le gouverneme­nt du Québec a le devoir de faire de la protection du français une priorité absolue, tous partis confondus. Cette rhétorique de la peur, utilisée par les deux partis en tête des sondages, est non seulement contre-productive, mais aussi factuellem­ent inexacte. La plus récente étude de l’Office québécois de la langue française, qui a fait l’objet de plusieurs débats, a ébranlé le discours dominant des dernières années à propos du recul du français.

Le chemin parcouru par le Québec depuis la Révolution tranquille devrait nous donner confiance en nos moyens. Et pourtant, c’est le retour du discours victimaire qui occupe de plus en plus de place dans l’espace public. À quand une voix crédible qui répondra avec assurance aux sermons sur la survivance ? À quand quelqu’un qui parlera d’affirmatio­n plutôt que d’assimilati­on ?

Paul St-Pierre Plamondon a parlé de la longue histoire du Québec dans le Canada pour expliquer son discours catastroph­iste. Il est vrai que le peuple québécois a fait preuve de beaucoup de résilience à travers son histoire, mais malgré tous les défis, il a toujours su prospérer et sauvegarde­r son identité.

Le Québec est aujourd’hui mondialeme­nt reconnu dans le domaine des arts, des affaires et de la science, pour ne nommer que ceux-là. Il est bon de le rappeler, car à force de nous faire dire que nous sommes un peuple au bord de l’extinction, nous pourrions l’oublier. Rappelons-nous aussi que la confiance est toujours plus porteuse que la peur.

Le chemin parcouru par le Québec depuis la Révolution tranquille devrait nous donner confiance en nos moyens. Et pourtant, c’est le retour du discours victimaire qui occupe de plus en plus de place dans l’espace public. À quand une voix crédible qui répondra avec assurance aux sermons sur la survivance ?

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