Arrêtons de procrastiner, l’urgence climatique est là
Le moyen le plus efficace pour nous en sortir : réduire notre consommation
L’urgence climatique ne cogne plus à la porte, elle l’a défoncée depuis des années maintenant. Tous les signaux sont au rouge, les organisations internationales crédibles telles que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat et les Nations unies indiquent que nos actions nous mènent irrémédiablement à la catastrophe environnementale. On parle de bouleversements si importants que nos mesures d’adaptation, lesquelles occupent beaucoup trop de place dans nos discussions collectives au détriment des moyens pour lutter contre le problème à la source, ne seront que d’un très maigre secours et contribueront elles aussi à amplifier le problème.
Pour le résoudre, les principales actions auxquelles les gouvernements consacrent des ressources importantes sont d’investir dans des « industries d’avenir » telles que les batteries, les parcs d’éoliennes et autres projets en apparence verts, qui n’en ont que le nom. Ces mesures ont l’important défaut de ne pas véritablement réduire notre empreinte environnementale et nous maintiennent dans ce modèle de croissance économique et d’hyperconsommation, une vision mortifère, qui nous entraîne sans aucun doute maintenant vers la plus grande crise qu’aura à traverser l’humanité dans toute sa longue histoire.
Symptomatique de ce paradigme duquel nous n’arrivons pas à nous soustraire, l’émissaire pour le climat et ancien secrétaire d’État américain John Kerry martelait encore récemment son discours selon lequel il est primordial de trouver de nouvelles sources de financement pour investir dans la lutte contre les changements climatiques. Si investir dans un cocktail de mesures peut sans doute nous aider à réduire les effets de la crise, cela évacue encore et toujours le moyen le plus efficace pour nous en sortir : réduire notre consommation.
Nous devons et pouvons dès maintenant réduire cette consommation, cela aura une incidence immédiate sur l’émission des gaz à effet de serre responsables, comme chacun devrait le savoir maintenant, de l’augmentation des températures globales sur la planète. Le plus incroyable, bien que ce soit un défi immense, c’est que cela n’exige pas d’investissements massifs, cela exige seulement du courage politique et un encadrement législatif plus adapté à cette situation exceptionnelle.
Et si nous décidons d’être collectivement solidaires, nous pourrions même aborder ces changements en améliorant notre qualité de vie. En effet, il est vrai que réduire notre consommation nous obligera à interdire certains achats et certaines pratiques, et cela entraînera inexorablement des pertes d’emplois.
Le défi consistera à ne pas laisser tomber ceux qui seront ainsi touchés. Voyons-y une occasion de réduire la semaine de travail, pour créer de nouveaux emplois dans des secteurs plus respectueux de l’environnement. Offrons-nous le bonheur de ne pas avoir à investir des milliards dans l’agrandissement d’un aéroport et contingentons le transport aérien. Adoptons un moratoire pour tout nouveau projet d’agrandissement du réseau routier.
Mettons un terme à notre pensée ambiguë et soyons conséquents : n’acceptons pas les projets qui amplifient considérablement le problème. Adoptons des lois pour réduire la taille des maisons et des voitures, investissons dans l’isolation de notre parc immobilier vieillissant et évitons la construction de nouveaux barrages. Osons discuter collectivement de démographie et mettons un frein à la croissance sans pour autant freiner le développement de notre société.
Plutôt que de se réjouir de l’accroissement de leur population et de se faire les apôtres de l’augmentation d’une densité d’habitation dont personne ne veut, les élus des villes du Québec devraient travailler à améliorer le cadre de vie de leurs concitoyens, un objectif plus facilement atteignable s’ils ne sont pas continuellement obligés d’investir des sommes colossales pour faire face à l’augmentation des besoins due à la croissance. Et affranchissons-nous de ce mythe tenace qui fait dire à trop d’élus que la croissance est nécessaire pour permettre d’offrir des services à la population. Si ce principe est applicable aux petites municipalités, il est totalement erroné pour les villes plus populeuses.
Les mentalités doivent changer au sein de la population, et cela devrait se répercuter dans les décisions prises par nos élus, même s’il me semble légitime de souhaiter qu’ils fassent dès maintenant preuve de plus de courage pour combattre cette énorme crise et agissent ainsi en vrais leaders. Le gouvernement pourrait commencer par des actions aussi simples que de nommer un ministre de l’Environnement compétent et ne pas faire du développement industriel du Québec notre principal projet de société. Arrêtons collectivement de procrastiner et osons faire des gestes conséquents à la hauteur des défis auxquels nous faisons et ferons face.