Le Devoir

Trump accusé d’avoir « comploté » pour « truquer » l’élection de 2016

- ANDRÉA BAMBINO MAGGY DONALDSON À NEW YORK

Donald Trump a fomenté un « complot » pour « truquer » l’élection présidenti­elle de 2016 en achetant le silence d’une ancienne vedette du X sur une relation sexuelle, ont affirmé lundi les procureurs au procès historique de l’ancien président des États-Unis.

En présentant les charges devant le jury à l’ouverture des débats, l’accusation a d’emblée voulu poser les enjeux de l’affaire et montrer qu’elle va bien au-delà des 34 chefs de falsificat­ion de documents comptables reprochés au candidat à la présidenti­elle de 2024.

Donald Trump a « orchestré un complot criminel pour truquer l’élection présidenti­elle de 2016 », puis a « menti dans des documents comptables, encore et encore », pour le « dissimuler », a accusé l’un des procureurs, Matthew Colangelo, sous les yeux du milliardai­re républicai­n, impassible et silencieux.

« C’est de la fraude électorale, purement et simplement », a asséné le procureur devant les 12 jurés.

Selon l’accusation, ces falsificat­ions ont permis de dissimuler, sous couvert de « frais juridiques », le paiement par l’ancien avocat de Donald Trump, Michael Cohen, de 130 000 $ à Stormy Daniels, juste avant l’élection de 2016 remportée par Donald Trump.

L’argent avait servi à acheter le silence de l’ancienne actrice sur une relation sexuelle qu’elle affirmait avoir eu dix ans plus tôt avec le milliardai­re républicai­n, alors qu’il était marié à son épouse actuelle, Melania. Donald Trump a nié toute aventure avec Stormy Daniels.

« Où est le crime ? »

« Où est le crime dans tout ce qui vous a été décrit ? » a demandé l’avocat de Donald Trump, Todd Blanche, en réponse à l’accusation.

Qualifiant les documents comptables au coeur de l’affaire de « morceaux de papiers, rien d’autre », il a affirmé que « le président Trump n’avait rien à voir avec ces 34 morceaux de papier, à part le fait qu’il les avait signés pendant qu’il était à la Maison-Blanche, pendant qu’il dirigeait le pays. Ce n’est pas un crime ».

« Il n’y a rien d’illégal à vouloir influencer une élection. Cela s’appelle la démocratie », a ajouté Todd Blanche, pour qui Donald Trump est « totalement innocent ».

Le candidat républicai­n à la présidenti­elle de novembre était arrivé au tribunal en dénonçant comme à son habitude « une chasse aux sorcières » politique.

« C’est un jour très, très, triste pour l’Amérique », avait-il lancé avant d’entrer dans la salle d’audience.

L’affaire menace Donald Trump d’une possible peine de prison à quelques mois du scrutin présidenti­el du 5 novembre, où il affrontera Joe Biden.

Lors du procès, l’accusation entend montrer que les paiements dissimulés à Stormy Daniels n’étaient pas les seuls et qu’ils faisaient partie d’une stratégie plus large pour étouffer des affaires avec de l’argent et cacher des informatio­ns embarrassa­ntes aux électeurs lors du scrutin remporté sur le fil par Donald Trump contre Hillary Clinton.

Des informatio­ns sensibles à ne surtout pas publier

Premier témoin à s’avancer à la barre lundi, l’ancien patron de presse David Pecker, qui dirigeait à l’époque le tabloïd américain The National Enquirer, devait raconter comment il s’était mis à la dispositio­n de la campagne de Donald Trump en achetant des informatio­ns sensibles, pour en détenir l’exclusivit­é puis ne pas les publier, un procédé connu sous le nom de « catch and kill » (« attraper et tuer », en français).

Peu après le début du témoignage de David Pecker, l’audience a été suspendue à la mi-journée jusqu’à mardi.

Les jurés entendront aussi les témoignage­s de Stormy Daniels et de l’ancien avocat de Donald Trump, Michael Cohen, devenu l’un de ses pires ennemis. C’est lui qui avait payé l’actrice — à la demande de son patron, assure-t-il — avec ses propres deniers, et il a déjà été condamné par la justice dans cette affaire.

La défense a commencé à pilonner la crédibilit­é de ce témoin, également condamné pour mensonges devant le Congrès.

« Il est obsédé par le président Trump et son désir de voir le président Trump aller en prison. […] Et il a admis avoir menti sous serment », a attaqué Todd Blanche.

Donald Trump dénonce un dossier vide et une persécutio­n politique en multiplian­t les invectives contre le juge Juan Merchan et le procureur Alvin Bragg. Les procureurs ont demandé au juge de le sanctionne­r pour avoir violé l’interdicti­on de s’en prendre aux témoins et aux jurés, une question qui sera débattue mardi.

La présence obligatoir­e de Donald Trump à ses audiences l’empêche de mener campagne normalemen­t, pendant que son rival, Joe Biden, tente de marquer des points en labourant le terrain.

Les enjeux sont d’autant plus importants que ce procès pourrait être le seul, parmi les quatre affaires pénales qui visent Donald Trump, à se conclure avant la présidenti­elle.

Il n’y a rien d’illégal à vouloir influencer »

une élection TODD BLANCHE

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ANGELA WEISS AGENCE FRANCE-PRESSE Le candidat républicai­n à la présidenti­elle de novembre, Donald Trump, était arrivé au tribunal en dénonçant, comme à son habitude, « une chasse aux sorcières » politique.

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