Le Devoir

Merci, M. Rocher !

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Merci du fond du coeur, Monsieur Guy Rocher ! De la même façon qu’il suffit de quelques individus misérables pour transforme­r la terre en enfer, il suffit aussi de quelques êtres d’exception, animés de bonté, de savoir, d’esprit de justice, pour rendre plus abordable le monde dans lequel nous vivons.

Vous honorez la terre du Québec de votre présence visionnair­e depuis 100 ans ! Vous n’avez eu de cesse de répandre vos lumières sur notre système d’éducation, sur la protection du français, et de nous montrer les écueils du multicultu­ralisme abyssal.

Mais c’est à titre personnel que je tiens à vous remercier. Sans le système de prêts et bourses, je n’aurais pas pu accéder aux études universita­ires. Et pour cela, je serai toujours infiniment reconnaiss­ante à mon pays, le Québec, qui est entré résolument dans l’ère moderne grâce à vous et à quelques grands Québécois. Issue d’un quartier populaire, Limoilou, et d’une famille monoparent­ale à cause du décès prématuré de mon père, je savais que mes rêves d’éducation supérieure n’auraient pas été destinés à devenir réalité autrement.

Ma génération, celle des baby-boomers d’aujourd’hui, est alors entrée en force à l’université, filles et garçons, grâce à ces mesures financière­s visant à démocratis­er l’accès à l’éducation, ce qui a fait craquer les barrages de l’élitisme sociétal. C’est une génération que l’on trouve en grand nombre un livre à la main au café, ou aux concerts classiques, à l’opéra, au théâtre. Ce fut la première génération de Québécois à s’engouffrer dans la spirale enivrante de la culture et des arts, des sciences et des sports. C’est la première génération qui a bénéficié de « la joie de vivre au Québec », grâce à une société beaucoup plus équitable. Et cette équité nous vient des bancs d’école, où nous nous côtoyions tous dans l’émulsion des apprentiss­ages, fils et filles d’ouvriers et de médecins. Toute une génération est issue de ces bancs d’école ouverts à tous, créateurs, écrivains, scientifiq­ues, entreprene­urs.

Pourvu qu’il y ait quelques autres esprits éclairés qui comprennen­t au plus vite qu’il est presque minuit pour l’instaurati­on de la loi 101 dans les cégeps, d’une laïcité renforcée et appliquée dès la maternelle, et de lois plus rigoureuse­s pour protéger le français, qui, en tant que langue officielle, doit avoir la prédominan­ce, voire l’exclusivit­é partout, sans exception.

Merci, Monsieur Rocher, pour cette vision voulant qu’en tant que grand peuple, nous puissions demeurer envers et contre tout. Il suffirait pourtant de nous en donner nous-mêmes les moyens, et de cesser de quêter auprès de ces gens aux mains vides qui nous méprisent.

Huguette Poitras

Québec, le 21 avril 2024

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