Il faut protéger la mission de la Flottille de la liberté
Les cinq premiers signataires sont membres de la délégation canadoquébécoise de la Flottille de la liberté (ils sont, dans l’ordre, épidémiologiste, urgentologue, infirmier, journaliste documentaire et cinéaste) ; la sixième est romancière et réalisatrice, portevoix des navigateurs de la délégation.
Nous vous demandons, Madame la Ministre Mélanie Joly, d’agir maintenant pour sauver le peuple palestinien des bombardements, de la famine, des massacres, des crimes de guerre, du nettoyage ethnique et de ce que divers représentants des Nations unies ont qualifié d’actes potentiels de génocide en prenant les décisions qui s’imposent en matière de diplomatie, de politique et de vente d’armes.
Le gouvernement canadien a le devoir d’exiger un cessez-le-feu immédiat et la fin du blocus imposé à Gaza par Israël depuis l’attaque du Hamas du 7 octobre dernier.
En attendant avec impatience que les gouvernements comme le vôtre et les institutions internationales assument leurs responsabilités, et devant la gravité de ce qui se passe dans les territoires palestiniens et à Gaza, des citoyens du monde entier s’organisent pour agir en solidarité.
Tragiquement, l’assassinat de Jacob Flickinger et de ses collègues locaux, des travailleurs humanitaires, illustre une infime partie des conséquences mortelles de l’inaction de nos gouvernements. Partie prenante de la 4e Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, le Canada a le droit et le devoir d’exiger d’Israël la levée du blocus, de protéger la population civile et d’assurer la protection des personnes en mission humanitaire dans la région.
Cette semaine, cinq citoyens canadiens, dont quatre du Québec, prennent part à la mission humanitaire organisée par une coalition internationale nommée Flottille de la liberté. Outre les équipages, la Flottille rassemblera plusieurs centaines de travailleurs humanitaires, de journalistes-reporters et des bénévoles réunis grâce à l’initiative d’ONG de partout dans le monde.
Elle partira d’Istanbul vers Gaza pour livrer 5500 tonnes de nourriture et de fournitures médicales et hygiéniques à la population de l’enclave palestinienne.
La mission de la Flottille a trois objectifs simples appuyés sur les règles de droit international : a) mettre un terme au blocus imposé par Israël à Gaza depuis 17 ans ; b) livrer de l’aide humanitaire à la population de Gaza ; et c) offrir une lueur d’espoir au peuple palestinien. Ces règles précisent que les belligérants ne peuvent restreindre l’accès aux denrées alimentaires, aux médicaments et aux autres aides ; que le siège ne peut pas faire obstacle aux évacuations sanitaires, ne peut pas empêcher les civils de quitter la zone de guerre et ne peut pas empêcher les civils de poursuivre leurs moyens de subsistance. Israël viole, plus que jamais, toutes ces règles de droit.
Le siège de Gaza est donc illégal et le Canada, comme partie prenante de la Convention, a le droit d’exiger qu’il soit levé pour assurer la protection de ses citoyens. Le gouvernement canadien a aussi le devoir de protéger la population palestinienne, car ce siège illégal conduit à des crimes de guerre et peut permettre la perpétration de ce que le Tribunal pénal international soupçonne d’être des actes de génocide.
Notre délégation a obtenu l’appui de plusieurs organismes et personnalités publiques, dont Louise Harel, ex-présidente de l’Assemblée nationale du Québec, Régis Labeaume, ex-maire de Québec, France-Isabelle Langlois, directrice générale d’Amnistie internationale – Canada francophone, Diane Lamoureux, de la Ligue des droits et libertés, Luc Picard, acteur et réalisateur, les organismes VJI-Voix juives indépendantes, le PAJU (Palestiniens et Juifs unis), le Collectif de Québec pour la paix et le collectif Médecins québécois contre le génocide à Gaza. Elle a aussi obtenu l’appui de personnalités politiques de tous les horizons, dont Jackie Smith, conseillère municipale de la Ville de Québec, Ruba Ghazal et Gabriel Nadeau-Dubois, députés de Québec solidaire à l’Assemblée nationale, Paul StPierre Plamondon, chef du Parti québécois, Yves-François Blanchet, chef du Bloc québécois, Alexandre Boulerice, chef adjoint du Nouveau Parti démocratique.
Nous avons besoin de votre appui et de l’action de votre gouvernement pour assurer la sécurité physique et morale aussi bien de nos concitoyens sur place que de celles et ceux qui oeuvrent pour une solution pacifique à ce désastre humanitaire sans précédent.