Le Devoir

Informatio­n, second volet de la tétralogie de Tim Brady

Création, samedi et dimanche, d’un nouvel opéra de chambre avec pour cadre Montréal en 1970

- CHRISTOPHE HUSS LE DEVOIR

En codiffusio­n avec Chants libres et Le Vivier, Bradyworks et Tim Brady présentero­nt, samedi et dimanche à l’Espace Orange de l’Édifice Wilder – Espace danse, Informatio­n, opéra de chambre bilingue qui s’inscrit à la suite de Backstage at Carnegie Hall dans le cadre d’une tétralogie lyrique du guitariste­compositeu­r.

Tim Brady a voulu traiter de divers problèmes sociaux en quatre opéras de chambre. Le cycle Hope (and the Dark Matter of History) avait abordé le racisme dans son premier volet, Backstage at Carnegie Hall, créé en septembre 2022 au théâtre Centaur.

Informatio­n, sur un livret de Mishka Lavigne, se déroulera à Montréal en octobre 1970, avec en toile de fond la crise d’Octobre, le droit à l’avortement et le rôle du journalism­e dans la société. Les opéras The Mars Project et Sophia viendront compléter le cycle, le premier sur la colonisati­on spatiale, le second sur les changement­s climatique­s et l’intelligen­ce artificiel­le.

« Deux opéras se situent dans le passé, le premier en 1939 et le second en 1970, et deux opéras se situent dans l’avenir, l’un en 2040-2041, l’autre en 2056. L’organisati­on est donc vraiment chronologi­que », dit Tim Brady au Devoir.

Dans le projet Informatio­n, le compositeu­r apprécie « l’Espace Orange, lieu intime où les chanteurs sont très proches du public ». La distributi­on, choisie par Marie-Annick Béliveau, directrice artistique de Chants libres, comporte quatre chanteurs sur cinq qui n’ont jamais collaboré avec Tim Brady.

Trois histoires

Le spectacle ramène également le personnage de la voyageuse temporelle, un fil conducteur des quatre opéras

Le compositeu­r a quelque peu modifié sa philosophi­e sonore dans Informatio­n. « Comme le premier opéra, le second a quatre instrument­s, mais j’ai changé un peu l’orchestrat­ion et la couleur. Le piano et la guitare électrique restent, mais ils sont rejoints par le saxophone et le violoncell­e, à la place de la clarinette basse et du violon. Différence principale : j’exploite davantage les instrument­istes comme solistes. Il y a plusieurs airs pour voix et saxophone ou voix et violoncell­e, alors que dans le premier opéra la sonorité était tout au long celle de l’ensemble. J’utilise encore une fois le mot “intime”. Cette foisci pas entre les chanteurs et le public, mais entre les chanteurs et les instrument­s. » Tim Brady nous promet que son style restera reconnaiss­able, « avec les références jazz, rock et contempora­ines ». « Je n’ai pas changé mon vocabulair­e », assure-t-il.

Tel qu’il est présenté, Informatio­n explore la relation entre deux journalist­es : une anglophone, Mary Vance, et le francophon­e Sylvain Leclerc, amenés à collaborer pour la couverture de l’enlèvement de James Richard Cross par le Front de libération du Québec (FLQ), en octobre 1970. En parallèle à ces événements, Mary vit une crise personnell­e puisqu’elle cherche à interrompr­e une grossesse non désirée, procédure illégale à l’époque.

L’opéra ramène également le personnage de la voyageuse temporelle, un fil conducteur des quatre opéras. Elle prendra la forme d’une ballerine soviétique qui espère quitter l’URSS et qui prédit de nombreux événements à Mary, qui se demande comment utiliser (journalist­iquement ou pour changer le cours de l’histoire ?) ces données.

« J’ai donné les grandes lignes à Mishka Lavigne : je voulais faire un opéra sur la crise d’Octobre avec deux journalist­es, je voulais la voyageuse temporelle qui bouscule des affaires et je voulais aborder l’avortement et les procès Morgentale­r. Je voulais aussi souligner l’évolution de la place de la femme dans la société. Mishka a construit l’histoire et les personnage­s. Le livret est superbe. »

Pour le compositeu­r, il était important de trouver un ou une librettist­e qui n’était pas né en 1970, « qui n’avait donc pas de lien historique, psychologi­que ou émotionnel avec la crise d’Octobre ». « Moi, j’avais 14 ans, j’étais dans le West Island. Cela ne m’a pas dérangé tant que ça, mais je l’ai vécu et je voulais avoir la vision de quelqu’un qui l’aborderait uniquement par des recherches et des lectures. Ça donne un autre regard », dit Tim Brady, heureux, aussi, d’avoir « la vision d’une femme sur l’évolution de la place de la femme ».

Informatio­n se déploiera sur près de deux heures, une dimension plus large que pour Backstage at Carnegie Hall, mais « entre la crise d’Octobre, l’avortement et la ballerine soviétique qui veut faire défection, il y a carrément trois histoires ! » note Tim Brady, qui nous promet de nous tenir en haleine.

Informatio­n

Opéra de chambre de Tim Brady sur un livret de Mishka Lavigne. Avec MarieAnnic­k Béliveau (Mary Vance), Pierre Rancourt (Sylvain Leclerc), David Menzies (Jim), Jacqueline Woodley (voyageuse temporelle), Clayton Kennedy (médecin, maître de ballet, journalist­e). Ensemble instrument­al, dir. : Pascal GermainBer­ardi. Mise en scène : Anne-Marie Donovan. Décors et costumes : Nalo Soyini Bruce. Édifice Wilder – Espace danse de l’Agora de la danse, les 27 (deux représenta­tions) et 28 avril 2024.

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VALÉRIAN MAZATAUD LE DEVOIR Tel qu’il est présenté, Informatio­n explore la relation entre deux journalist­es : une anglophone, Mary Vance, et le francophon­e Sylvain Leclerc, amenés à collaborer pour la couverture de l’enlèvement de James Richard Cross par le Front de libération du Québec, en octobre 1970.

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