« Plus facile pour les maires de quêter à Québec », dit Legault, qui défend Guilbault
Après avoir exclu les transports en commun des missions de l’État, la ministre a suscité un flot de critiques
Le premier ministre François Legault a traité les maires de quêteux, jeudi, et a renouvelé sa confiance envers sa ministre des Transports, Geneviève Guilbault, à la suite d’une controverse sur la responsabilité de l’État par rapport au transport collectif.
Face aux critiques de l’opposition et du monde municipal, M. Legault a pris la défense de sa ministre, qui a affirmé que « gérer le transport collectif et les sociétés de transport, ce n’est pas une mission de l’État ».
« J’ai totalement confiance en Geneviève Guilbault », a-t-il dit lors d’une conférence de presse sur un projet de musée qui remplacera celui des Espaces bleus.
En fin de matinée, jeudi, Mme Guilbault a tenu à préciser le sens de ses propos au sujet du transport en commun, exprimés la veille alors que les crédits budgétaires de son ministère étaient étudiés en commission parlementaire.
« Il y a une question de nuance làdedans. Peut-être que mes propos hier ont été mal exprimés ou ont porté à confusion, a-t-elle dit dans un point de presse. Mais je veux être très, très claire. Je maintiens que le gouvernement n’a pas à s’ingérer dans le quotidien des sociétés de transport. Néanmoins, il nous appartient de soutenir le transport collectif. »
Mercredi, M Guilbault a exclu le
me transport collectif des missions de l’État en répondant aux questions de l’opposition au sujet des déficits des sociétés de transport, pour lesquels des maires réclament du financement au gouvernement du Québec.
Quêteux
Jeudi, M. Legault a affirmé qu’il n’était pas surpris que les élus municipaux réclament son aide pour éponger ce manque à gagner de plus d’un demimilliard de dollars.
Le premier ministre s’est targué d’être à la tête du gouvernement qui a le plus investi dans le transport en commun. Il a répété, comme il le fait depuis des années, que les employés municipaux reçoivent des salaires plus élevés de 30 % que ceux du gouvernement québécois.
« Il faut aussi que les villes fassent leur part, a-t-il dit. Je comprends que les maires veuillent avoir plus d’argent du gouvernement du Québec, je ne tombe pas sur le derrière. Ça fait assez longtemps que je suis en politique pour savoir que pour les maires, c’est toujours plus facile de quêter à Québec que de faire le ménage dans leurs dépenses. »
Le temps d’une paix
Appelé jeudi à commenter les propos de la ministre Guilbault, le maire de Québec, Bruno Marchand, l’a désavouée. « Je n’ai pas confiance en Mme Guilbault parce qu’il n’y a pas de vision de la mobilité durable », a-t-il déclaré lors d’un point de presse à l’hôtel de ville.
M. Marchand l’a accusée d’avoir une vision rétrograde qu’il a associée au début du XXe siècle tel que dépeint dans un feuilleton télévisé.
« Selon moi, on revient au Temps d’une paix et de Joseph-Arthur, on revient très loin en arrière », a-t-il dit.
Le député de Québec solidaire Étienne Grandmont a affirmé que l’État québécois finançait la construction et l’entretien des infrastructures de transport en commun ainsi que le service aux usagers. « Il y a un deal historique entre le gouvernement du Québec, les sociétés de transport et les usagers aussi pour faire fonctionner le transport collectif », a-t-il expliqué jeudi.
« Ministre de l’Asphalte »
Selon Québec solidaire, les propos de Mme Guilbault témoignent d’une perte du sens de l’État dans le contexte des changements climatiques, où ses interventions sont importantes.
« Le rôle que la ministre se donne, en fait, il est très clair, a dit M. Grandmont ensuite en chambre. Elle, c’est la ministre de l’Asphalte, et ça explique beaucoup de choses. Ça explique pourquoi son gouvernement n’a jamais livré aucun projet au Québec. »
Le député du Parti québécois Pascal Paradis a critiqué la conception que Mme Guilbault se fait de ses responsabilités.
« Que les opérations soient celles des sociétés de transport et donc des villes, c’est une chose, mais qu’on nous dise que ce n’est pas la responsabilité du gouvernement que d’avoir une vision, que d’imprégner cette vision-là à travers tout le Québec, je trouve ça… oui, le mot, c’est “surréaliste” », a-t-il dit en point de presse.
Le député libéral Monsef Derraji a quant à lui estimé que la ministre démontrait son désintérêt pour ses responsabilités.
« Quelle déclaration maladroite de la ministre de la Mobilité durable ! a-t-il affirmé en point de presse. Elle a oublié que, dans son titre, il y a le[s] “Transports” et la “Mobilité durable”. »