Le Devoir

« Plus facile pour les maires de quêter à Québec », dit Legault, qui défend Guilbault

Après avoir exclu les transports en commun des missions de l’État, la ministre a suscité un flot de critiques

- ALEXANDRE ROBILLARD CORRESPOND­ANT PARLEMENTA­IRE À QUÉBEC » J’ai totalement confiance en Geneviève Guilbault FRANÇOIS LEGAULT

Le premier ministre François Legault a traité les maires de quêteux, jeudi, et a renouvelé sa confiance envers sa ministre des Transports, Geneviève Guilbault, à la suite d’une controvers­e sur la responsabi­lité de l’État par rapport au transport collectif.

Face aux critiques de l’opposition et du monde municipal, M. Legault a pris la défense de sa ministre, qui a affirmé que « gérer le transport collectif et les sociétés de transport, ce n’est pas une mission de l’État ».

« J’ai totalement confiance en Geneviève Guilbault », a-t-il dit lors d’une conférence de presse sur un projet de musée qui remplacera celui des Espaces bleus.

En fin de matinée, jeudi, Mme Guilbault a tenu à préciser le sens de ses propos au sujet du transport en commun, exprimés la veille alors que les crédits budgétaire­s de son ministère étaient étudiés en commission parlementa­ire.

« Il y a une question de nuance làdedans. Peut-être que mes propos hier ont été mal exprimés ou ont porté à confusion, a-t-elle dit dans un point de presse. Mais je veux être très, très claire. Je maintiens que le gouverneme­nt n’a pas à s’ingérer dans le quotidien des sociétés de transport. Néanmoins, il nous appartient de soutenir le transport collectif. »

Mercredi, M Guilbault a exclu le

me transport collectif des missions de l’État en répondant aux questions de l’opposition au sujet des déficits des sociétés de transport, pour lesquels des maires réclament du financemen­t au gouverneme­nt du Québec.

Quêteux

Jeudi, M. Legault a affirmé qu’il n’était pas surpris que les élus municipaux réclament son aide pour éponger ce manque à gagner de plus d’un demimillia­rd de dollars.

Le premier ministre s’est targué d’être à la tête du gouverneme­nt qui a le plus investi dans le transport en commun. Il a répété, comme il le fait depuis des années, que les employés municipaux reçoivent des salaires plus élevés de 30 % que ceux du gouverneme­nt québécois.

« Il faut aussi que les villes fassent leur part, a-t-il dit. Je comprends que les maires veuillent avoir plus d’argent du gouverneme­nt du Québec, je ne tombe pas sur le derrière. Ça fait assez longtemps que je suis en politique pour savoir que pour les maires, c’est toujours plus facile de quêter à Québec que de faire le ménage dans leurs dépenses. »

Le temps d’une paix

Appelé jeudi à commenter les propos de la ministre Guilbault, le maire de Québec, Bruno Marchand, l’a désavouée. « Je n’ai pas confiance en Mme Guilbault parce qu’il n’y a pas de vision de la mobilité durable », a-t-il déclaré lors d’un point de presse à l’hôtel de ville.

M. Marchand l’a accusée d’avoir une vision rétrograde qu’il a associée au début du XXe siècle tel que dépeint dans un feuilleton télévisé.

« Selon moi, on revient au Temps d’une paix et de Joseph-Arthur, on revient très loin en arrière », a-t-il dit.

Le député de Québec solidaire Étienne Grandmont a affirmé que l’État québécois finançait la constructi­on et l’entretien des infrastruc­tures de transport en commun ainsi que le service aux usagers. « Il y a un deal historique entre le gouverneme­nt du Québec, les sociétés de transport et les usagers aussi pour faire fonctionne­r le transport collectif », a-t-il expliqué jeudi.

« Ministre de l’Asphalte »

Selon Québec solidaire, les propos de Mme Guilbault témoignent d’une perte du sens de l’État dans le contexte des changement­s climatique­s, où ses interventi­ons sont importante­s.

« Le rôle que la ministre se donne, en fait, il est très clair, a dit M. Grandmont ensuite en chambre. Elle, c’est la ministre de l’Asphalte, et ça explique beaucoup de choses. Ça explique pourquoi son gouverneme­nt n’a jamais livré aucun projet au Québec. »

Le député du Parti québécois Pascal Paradis a critiqué la conception que Mme Guilbault se fait de ses responsabi­lités.

« Que les opérations soient celles des sociétés de transport et donc des villes, c’est une chose, mais qu’on nous dise que ce n’est pas la responsabi­lité du gouverneme­nt que d’avoir une vision, que d’imprégner cette vision-là à travers tout le Québec, je trouve ça… oui, le mot, c’est “surréalist­e” », a-t-il dit en point de presse.

Le député libéral Monsef Derraji a quant à lui estimé que la ministre démontrait son désintérêt pour ses responsabi­lités.

« Quelle déclaratio­n maladroite de la ministre de la Mobilité durable ! a-t-il affirmé en point de presse. Elle a oublié que, dans son titre, il y a le[s] “Transports” et la “Mobilité durable”. »

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