Le Devoir

Neuf ans de prison pour le responsabl­e d’un foyer d’accueil

Il agressait l’une des fillettes de la DPJ qu’il avait accueillie

- STÉPHANIE MARIN LE DEVOIR

Un homme qui était foyer d’accueil pour la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) a été condamné à neuf ans de pénitencie­r pour avoir agressé sexuelleme­nt pendant des années une fillette qui avait été placée chez lui. La peine imposée à Alain Lavallée est pour tout ce qu’il a fait subir à cette enfant, mais aussi pour d’autres agressions commises sur une femme et deux adolescent­es au cours des années.

Des crimes « répugnants », a lancé le juge Bruno Leclerc avant de prononcer la peine.

Cette période d’incarcérat­ion de neuf ans était une suggestion commune de la Couronne et de l’avocat de la défense. Le juge Leclerc, de la Cour du Québec, l’a entérinée lundi matin, au palais de justice de Joliette.

L’homme de Saint-Calixte, dans Lanaudière, et aujourd’hui âgé de 59 ans, faisait face à plusieurs chefs d’accusation. En janvier dernier, il avait choisi de plaider coupable à des chefs de contacts sexuels, d’incitation à des contacts sexuels et d’agressions sexuelles.

L’enfant avait été placée chez Alain Lavallée et sa conjointe à l’âge d’un an. La victime a témoigné des attoucheme­nts et des agressions sexuelles qu’il lui a fait subir « chaque fois où sa conjointe quittait la résidence », est-il détaillé dans un résumé des faits de la cause, déposé à la Cour et signé par l’accusé. Elle rapporte un nombre incalculab­le d’attoucheme­nts et des fellations forcées, entre autres gestes criminels. Il forçait les autres enfants du foyer d’accueil à sortir de la maison pour l’agresser sans qu’ils soient témoins.

Ses crimes sexuels ont été dévoilés lorsque la fillette, qui avait alors 11 ans, s’est confiée à son enseignant­e de 6e année après la classe. Cette dernière est aussi venue témoigner dans la salle de cour, lundi, disant au juge que « rien dans sa carrière d’enseignant­e ne l’avait préparée à ça ». La fillette a subi des agressions pendant quatre ans, à partir de l’âge de sept ans.

« J’aimerais prendre une partie de sa souffrance », a déclaré l’enseignant­e. Elle a accueilli l’enfant chez elle, où elle a pu habiter après avoir fait les démarches auprès des services de protection de la jeunesse.

Des déclaratio­ns de ses victimes ont été lues lundi matin lors de l’étape des observatio­ns sur la peine. Mais la fillette, maintenant adolescent­e, n’a pas été capable de raconter lundi au tribunal l’impact des agressions, a indiqué la procureure de la Couronne, Me Mélissa Plante.

Quant à Alain Lavallée, il ne s’est pas adressé au tribunal.

« Le tribunal aimerait avoir les outils pour remettre en place ce qui a été cassé, ce que vous avez brisé », a lancé le juge à l’homme, qui se tenait debout devant lui dans la salle de cour.

Le crime est « répugnant pour moi et pour la société », a ajouté le juge Leclerc, signalant qu’aucune peine ne pourra réparer tout ce qu’il a fait. La société « avait mis sa confiance en vous [et] vous avez tout brisé ».

Avec lassitude, le magistrat a ajouté que « les dossiers d’agression sexuelle, c’est [son] quotidien. » « C’est rendu qu’on ne fait que ça. Tous les collègues m’en parlent. Je ne sais pas ce qui se passe dans la tête des hommes, surtout de nos jeunes hommes. Va falloir que ça se règle », a lancé le juge Leclerc.

La peine d’incarcérat­ion de neuf ans est le résultat des crimes dans trois dossiers criminels distincts. Car Alain Lavallée avait aussi agressé sexuelleme­nt une femme de 30 ans ainsi que deux adolescent­es. L’une d’elles l’avait même dénoncé, et la DPJ était intervenue. Il n’y avait toutefois pas eu de suite, est-il noté dans le résumé des faits, et aucune explicatio­n n’est indiquée.

Le tribunal aimerait avoir les outils pour remettre »

en place ce qui a été cassé, ce que vous avez brisé

LE JUGE BRUNO LECLERC

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