Pas de stratégie nationale pour la protection du caribou
Québec annonce une « consultation » et dit vouloir maintenir des activités industrielles dans les habitats de ce cervidé menacé
À défaut de la stratégie attendue depuis cinq ans qui doit freiner le déclin du caribou forestier, le gouvernement Legault annonce une « consultation » sur des mesures censées mieux protéger 3 des 13 populations qui vivent sur le territoire. Et Québec laisse la porte ouverte à la poursuite d’activités industrielles dans des habitats propices aux caribous, notamment en Gaspésie.
« Si on avait uniquement le caribou en tête, on viendrait sacrifier des villes et des villages », a souligné mardi le ministre québécois de l’Environnement, Benoit Charette. « Il faut considérer les impacts de ces mesures », a-t-il ajouté au moment d’annoncer les consultations à venir. Il s’est du même souffle porté à la défense de l’industrie forestière.
Après avoir repoussé à quelques reprises le dévoilement d’un plan de sauvetage de l’espèce réclamé par les scientifiques, plusieurs Premières Nations et le gouvernement fédéral, Québec souhaite ainsi mettre en place des mesures de protection pour les caribous de la Gaspésie, pour ceux actuellement en captivité dans Charlevoix ainsi que pour une population de la Côte-Nord.
Mais le gouvernement caquiste ne souhaite pas mettre de « cloche de verre » sur les derniers habitats propices aux cervidés menacés, a souligné le ministre Charette. Il estime qu’il ne faut pas « interdire » formellement des activités comme les coupes forestières ou l’exploitation minière, mais plutôt voir « ce qui peut être fait ou non », et ce, « en respect avec l’habitat et la bête ».
En ce qui concerne la Gaspésie, où les caribous se concentrent dans le parc national de la Gaspésie et ses zones limitrophes, le document de consultation indique que le gouvernement pourrait autoriser la poursuite d’activités minières liées à l’exploration et à l’exploitation dans des « massifs de conservation» ou dans une « zone d’habitat en restauration ». Il faut savoir que la hausse du nombre de permis d’exploration minière au cours des dernières années signifie que le parc national créé par le gouvernement du Québec est bordé de zones visées par des permis au sud, au nord et à l’est. Celles-ci chevauchent d’ailleurs l’habitat connu du caribou.
Des activités de coupes forestières ou la construction d’un nouveau chemin pourront aussi avoir lieu dans certains habitats, mais elles seront soumises à des « conditions » ou à une « autorisation ».
« Mesures administratives »
En matière de protection, il serait question de « favoriser une restauration active de l’habitat pour tendre vers un taux de perturbation de moins de 35% et le retour à un habitat de qualité », précise le document de consultation. Selon un autre document publié mardi par le gouvernement, « une population de caribous a seulement 60 % de probabilité d’être autosuffisante » avec un tel taux de perturbation.
La population de caribous de la Gaspésie se résume aujourd’hui à 25 bêtes. La situation de cette harde est si dramatique que le gouvernement a tenté, l’hiver dernier et le précédent, des opérations de capture de femelles gestantes afin de faire naître les faons en captivité.
Québec prévoit par ailleurs des mesures visant à restaurer l’habitat des caribous de Charlevoix, qui sont actuellement tous en captivité et dont la population n’atteint qu’une trentaine de bêtes. Le gouvernement veut