Une parodie grinçante de la téléréalité
Dans Splendeur et influence, l’auteur Marc Brunet, connu pour Le coeur a ses raisons, braque les projecteurs sur la « quête maladive de la célébrité instantanée »
Ils passent leurs journées à faire des égoportraits, rêvent de célébrité et ont obligatoirement de belles dents : « Pour les personnes qui ont des broches, c’est tolérance zéro. » La série Splendeur et influence, de l’auteur Marc Brunet, brosse un portrait grinçant du milieu des réseaux sociaux et de la téléréalité.
On doit à ce maître de la parodie les classiques Like-moi, Le coeur a ses raisons, Les bobos, La fin du monde est à sept heures et Le grand blond avec un show sournois. Sa nouvelle production sur les influenceurs coche toutes les cases pour devenir une autre émission culte.
Les deux premiers épisodes de la série, que les journalistes ont pu visionner mardi, mettent en évidence les dialogues ciselés et ironiques qui ont fait la réputation de Marc Brunet. Sa comédienne fétiche, Anne Dorval (qui interprète Bree, coanimatrice de Splendeur et influence), est appuyée par une jeune distribution faite sur mesure pour incarner ce monde factice et superficiel.
« On a trouvé les meilleurs influenceurs pour participer à l’aventure. Pendant les prochains mois, elles et ils devront vivre avec la pression constante de se faire offrir des produits gratis, feindre l’amitié et porter de beaux vêtements », lance Zac, le coanimateur de cette téléréalité, interprété par PhilippeAudrey Larrue-St-Jacques.
Pascale De Blois et Mathieu Dufour, qui sont des « créateurs de contenu » dans la vraie vie (en plus d’être comédiens et humoristes), se moquent avec allégresse des travers de la profession. Yannick De Martino et Naïla Louidort brillent aussi dans leurs personnages obsédés par la célébrité.
Les bras dans les airs
Marc Brunet démontre encore une fois qu’il maîtrise l’art des dialogues punchés. « Ça me permettrait de réaliser mon grand rêve : pratiquer le métier d’être connue », lance l’une des candidates qui se font demander pourquoi elles souhaitent se joindre à Splendeur et influence.
« Des fois, je me maquille pis je pense à la guerre », renchérit une autre participante. Cette influenceuse de Trois-Rivières, connue sous le nom de Vadge (Pascale De Blois), est réputée pour faire du pilates dans son salon à côté d’une souffleuse. Elle adore aussi se faire prendre en photo les bras dans les airs.
Les personnages se décrivent tous comme des « agents de changement social ». Ils ont les qualités requises pour participer à une téléréalité : la « volonté d’aller au bout de leurs rêves et d’être libres le mardi après-midi », la « capacité de se faire prendre en photo en sautant dans les airs » ou encore celle de « faire semblant de méditer à Bali ».
« Les personnes souffrant de diversité corporelle » sont aussi invitées à postuler. Et tant mieux si votre grandmère vient de mourir, « ça fait de la bonne télé ». Quant à Drano (Yannick De Martino), il a un autre atout dans sa manche : « J’ai déjà vomi en France. »
On rit, on se tape les mains sur les cuisses, mais Marc Brunet n’a pas envie de dénoncer le milieu des téléréalités et des réseaux sociaux, qu’il connaît peu. « Je ne suis pas un grand fan de téléréalité. Comme tout le monde, je vois de petits extraits à gauche et à droite », a-t-il raconté aux journalistes après le visionnement.
Il fait l’éloge de Pascale De Blois et de Mathieu Dufour (Cyprien), qui se définissent comme des « créateurs de contenu » auprès de leurs milliers d’abonnés sur les réseaux sociaux. Splendeur et influence braque plutôt les projecteurs sur « la quête maladive de la célébrité instantanée ».
« Il y en a, des influenceurs qui créent du contenu légitime, qui ont vraiment des connaissances en cuisine, en mode, en n’importe quoi. C’est légitime, ce qu’ils font, et il y a du travail derrière ça, dit Marc Brunet. Dans notre show, on traite d’une infime partie de ça, qui est souvent celle qu’on remarque le plus, la partie un peu plus superficielle, un peu plus tape-à-l’oeil, un peu plus profiteuse de leur environnement. »
L’auteur renoue avec sa comédienne chérie, Anne Dorval, qui a laissé un souvenir impérissable dans Le coeur a ses raisons et Les bobos (et bien d’autres productions). Marc Brunet n’a que de bons mots pour l’interprète de Criquette Rockwell, une « comédienne de calibre international » qui peut jouer dans tous les registres.
« Écrivez un show et faites-le faire à Anne, ça va marcher ! » lance-t-il en riant.