Après les soins, un gouffre inattendu
Le Devoir consacre une nouvelle série balado aux obstacles que doivent affronter les personnes guéries du cancer
« Je crois que c’est l’étape à laquelle j’ai été le plus démunie et que j’ai trouvé la plus difficile. » Cette période accablante que désigne Brigitte Rouleau, ce n’est pas le choc initial de son diagnostic de cancer du sein. Ce n’est pas non plus les 15 longs et pénibles mois de traitements intensifs qu’elle a dû subir. Ni sa mastectomie totale. C’est — ironiquement — après qu’elle a été déclarée guérie qu’elle dit avoir vécu sa plus grande épreuve.
Bien qu’elle soit elle-même médecin, elle n’avait pas été prévenue de la deuxième bataille qu’elle serait contrainte de livrer contre les effets secondaires sévères de ses traitements, des années après. Épreuve qu’elle a dû traverser seule, sans l’aide du système médical québécois, qui commence à peine à prendre conscience des besoins post-guérison des patients.
Sur un ton intimiste, la Dre Brigitte Rouleau raconte son « chemin de croix » à sa soeur et confidente, la journaliste Marie-Paul Rouleau, pour éviter à d’autres survivants du cancer d’accuser le choc et la consternation qu’elle a vécus. D’autant plus que deux personnes sur cinq au Canada recevront un diagnostic de cette maladie au cours de leur vie.
C’est là le point de départ d’une quête fouillée de six épisodes qui mène la journaliste à la rencontre d’experts en cancérologie, mais surtout de personnes guéries qui exposent courageusement les aléas de leur propre deuxième bataille.
C’est le cas de Mélina et Anthony, un couple qui a vu son quotidien bouleversé quand la jeune mère, enceinte de 30 semaines, a été diagnostiquée d’un cancer du sein. Là où plusieurs autres disent avoir été menés à la rupture après les traitements, eux ont vu leur amour triompher, non sans soubresauts. Le cancer fait la vie dure aux relations amoureuses et perturbe la vie sexuelle.
Si ses contrecoups perturbent la vie de tous les guéris, les membres de la communauté LGBTQ+ font face à des défis bien particuliers et doivent naviguer dans un système de santé parfois mal outillé pour y répondre. Marc, Anessa, Bruce et JeanLouis racontent leurs expériences, parfois très intimes.
Et quand le cancer frappe à l’adolescence, il se fait particulièrement cruel. Ce sont des années cruciales d’insouciance et d’affirmation qu’il a arrachées à Juliette, diagnostiquée à 16 ans. Après avoir subi courageusement ses traitements, elle fait face à des répercussions psychologiques sérieuses et sa famille doit se tourner vers le privé pour combler une absence de services.
La vie après le cancer n’est heureusement pas dénuée d’espoir. Dans le système de santé, on prend de plus en plus conscience de l’importance de mieux accompagner les guéris. MariePaul Rouleau visite des hôpitaux où de nouvelles initiatives les aident à s’adapter aux secousses post-traitements.
Le balado Les guéris est publié sur toutes les plateformes d’écoute. Il est aussi possible de l’écouter sur le site Web du Devoir ainsi que sur YouTube.