La cougar et l’idole

Anne Hathaway brille en quadragénaire courtisée par un chanteur populaire vingtenaire sur fond de misogynie ordinaire dans la comédie romantique The Idea of You

En accompagnant sa fille de 15 ans au festival musical Coachella, Solène, 40 ans, fait par hasard la connaissance de Hayes, 25 ans. Illico, ce chanteur au sein d’un très populaire groupe a le coup de foudre pour la galeriste divorcée. S’il en va de même pour Solène, elle n’en est pas moins sur ses gardes. D’abord secrète, la relation entre la « cougar » malgré elle et « l’idole des jeunes » est finalement découverte par les médias à sensation. Un déferlement d’âgisme misogyne s’ensuit. Dans The Idea of You (L’idée d’être avec toi), Anne Hathaway brille de mille feux.

En fait, c’est tellement vrai, que la vedette de The Devil Wears Prada (Le diable s’habille en Prada) éclipse son partenaire, Nicholas Galitzine. Certes, l’acteur et chanteur anglais, apprécié notamment dans la romance gaie Red, White & Royal Blue, convainc parfaitement en membre d’un boy band qui tente d’être pris au sérieux.

C’est simplement qu’ici, côté charisme, Hathaway irradie, et pas lui : la caméra décide, ça ne se commande pas. Il reste que dans une romance entre une « personne ordinaire » et une « vedette », il est paradoxal que la première dégage à ce point plus de magnétisme…

L’action démarre avec verve et dynamisme alors qu’on découvre le quotidien épanoui, mais non exempt d’irritants, de Solène : les discussions avec sa meilleure amie artiste, Tracy (Annie Mumolo, drôle mais trop brève), les soupers où on essaie de lui trouver un compagnon sans prendre la peine de la consulter, la complicité avec sa fille, Izzy…

Le film attend le mitan avant que ne soit consommée l’attirance et assumés les sentiments entre Solène et Hayes. Quant aux iniquités de traitement auxquelles une femme doit faire face lorsque scrutée par l’oeil public, elles sont essentiellement reléguées à un montage en troisième partie. En d’autres mots, sous couvert d’approfondir un thème porteur, le film demeure somme toute en surface.

Il est toutefois de bonnes répliques acérées, comme lorsque Solène s’étonne que son bonheur « fâche autant de monde » et que Tracy rétorque : « Ah, je ne t’ai pas dit ? Les gens détestent les femmes heureuses. »

Choix frustrants

Tributaire d’une structure narrative en dents de scie, soit un premier acte très réussi consacré à faire connaître la protagoniste ainsi qu’à mettre en place la rencontre, un second dévolu au développement accéléré de la romance (là encore avec de petits montages), puis un troisième où s’enchaînent cahincaha les obligatoires épreuves et autres revers, le rythme s’avère inégal.

C’est là un film d’une heure et demie artificiellement gonflé à près de deux heures, mais où, et c’est très frustrant, on accorde trop d’importance à des éléments triviaux (les redondantes scènes montrant Solène se morfondre seule chez elle) et pas assez aux composantes originales (la misogynie et l’âgisme dont Solène fait l’objet).

Basé sur le roman à succès de Robinne Lee, The Idea of You a été coscénarisé par Michael Showalter et Jennifer Westfeldt ; Showalter le réalise également, avec compétence sans plus. Il en résulte une adaptation assez charmante, qui vaut le détour pour l’interprétation sentie d’Anne Hathaway, mais qui n’est pas la comédie romantique cinglante ou transgressive attendue.

L’idée d’être avec toi (V.F. de The Idea of You) 1/2

Comédie romantique de Michael Showalter. Scénario de Michael Showalter, Jennifer Westfeldt. Avec Anne Hathaway, Nicholas Galitzine, Ella Rubin, Reid Scott, Annie Mumolo. États-Unis, 2024, 116 minutes. Sur Prime Video.