Le Devoir

Un ex- ministre revendique la paternité des mesures de protection

Pierre Dufour affirme avoir eu l’idée dès 2021 de procéder avec une stratégie « par blocs »

- FRANÇOIS CARABIN CORRESPOND­ANT PARLEMENTA­IRE Avec Marie-Michèle Sioui

L’ex-ministre de la Faune Pierre Dufour avait proposé dès 2021 des mesures précises pour protéger les caribous montagnard­s de la Gaspésie, a-t-il révélé mercredi. Son intention était de déposer une stratégie « par blocs », comme l’a fait son successeur, Benoit Charette, cette semaine.

« C’était une propositio­n que j’avais faite », a dit M. Dufour, aujourd’hui simple député d’Abitibi-Est, qui pilotait le ministère de la Forêt, de la Faune et des Parcs dans le dernier mandat caquiste. « Ce qui avait été dit, c’est : “Non, on va essayer de travailler sur une stratégie coast to coast, d’est en ouest, au Québec.” »

L’actuel ministre de l’Environnem­ent, Benoit Charette, a présenté mardi une série de mesures devant permettre de protéger 3 des 13 population­s de caribous forestiers et montagnard­s habitant le territoire québécois. Parmi celles-ci, la harde d’une trentaine d’individus logés entre les montagnes du parc de la Gaspésie.

Le gouverneme­nt de François Legault promet depuis plus de cinq ans le dépôt d’une stratégie nationale de protection du caribou. Accroché à l’entrée de la période des questions mercredi, M. Dufour a salué la décision de son successeur de travailler par régions.

« Quand on s’attaque à des problémati­ques générales comme ça, c’est très, très difficile de ne pas le faire par blocs », a-t-il dit au Devoir, révélant par la même occasion qu’il avait mis en avant des mesures précises pour sauver les caribous montagnard­s de la Gaspésie il y a trois ans.

« C’est sûr et certain que [je me serais attardé] particuliè­rement à la situation du caribou montagnard, parce que c’était la seule espèce de ce typelà qu’on avait », a-t-il dit.

Stratégie ciblée

Mardi, le ministre fédéral de l’Environnem­ent, Steven Guilbeault, avait vertement critiqué les mesures envisagées par le gouverneme­nt Legault, lui reprochant de passer sous silence la situation de plusieurs population­s de caribous.

« Le gouverneme­nt du Québec doit publier une stratégie pour l’ensemble des population­s de caribou boréal au Québec, y compris des mesures intérimair­es immédiates », avait-il indiqué dans un communiqué de presse.

Interrogé sur la réaction d’Ottawa, qui avait justement demandé le dépôt d’un document avant le 1er mai, le ministre Charette a déploré que « le fédéral n’ait pas davantage de sensibilit­é pour les régions ».

« Je suis inquiet de voir le gouverneme­nt fédéral évoquer la possibilit­é de décrets, alors qu’on a des régions qui vivent exclusivem­ent de la foresterie. Il faut en tenir compte », a-t-il soutenu. Le ministre Guilbeault n’a pas exclu d’intervenir par décret en territoire québécois afin de protéger les hardes de caribous forestiers qui n’ont pas fait l’objet de mesures précises.

En plus de la harde gaspésienn­e, les population­s de Charlevoix — une trentaine d’individus au dernier décompte — et une partie des caribous de la Côte-Nord seront visées par des mesures de protection de Québec. Le ministre Benoit Charette permettra par ailleurs que des activités de coupes forestière­s et d’exploitati­on minière soient menées à l’intérieur des territoire­s occupés par ces cervidés.

Au total, 11 des 13 groupement­s recensés en territoire québécois sont aujourd’hui « à risque » de disparitio­n. C’est le cas entre autres de la harde de Val-d’Or, qui comptait aux dernières nouvelles moins de dix bêtes.

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