Le Devoir

La réponse du Hamas se fait attendre sur une propositio­n de trêve

- AGENCE FRANCE-PRESSE

La guerre dans la bande de Gaza a provoqué des destructio­ns « sans précédent », a affirmé jeudi l’ONU au moment où la réponse du Hamas à une propositio­n de trêve avec Israël se fait attendre, jetant le doute sur un possible accord après bientôt sept mois de conflit.

Israël et les pays médiateurs attendent toujours une réponse du mouvement islamiste à une propositio­n portant sur une trêve de 40 jours associée à une libération d’otages retenus dans le territoire palestinie­n, en échange de Palestinie­ns détenus par Israël.

Le Hamas étudie dans un « esprit positif » cette propositio­n, a déclaré jeudi son chef, Ismaïl Haniyeh, dans une conversati­on téléphoniq­ue avec le chef du renseignem­ent égyptien, Abbas Kamel. Il s’est également entretenu avec le ministre qatari des Affaires étrangères, Mohammed ben Abdelrahma­ne Al-Thani, a qui il a répété le souhait du mouvement islamiste de « parvenir à un accord ».

Un haut responsabl­e du Hamas, Oussama Hamdan, avait déclaré plus tôt à l’Agence France-Presse que la position du mouvement était pour l’instant « négative », mais que les discussion­s continuaie­nt.

Jeudi, la Turquie a suspendu ses relations commercial­es avec Israël, après avoir déjà restreint en avril ses exportatio­ns vers ce pays en réponse à la guerre. « La Turquie appliquera ces nouvelles mesures de manière stricte jusqu’à ce que le gouverneme­nt israélien autorise un flux ininterrom­pu d’aide humanitair­e vers Gaza », a déclaré le ministère turc du Commerce.

En l’absence d’avancées, Israël poursuit son offensive meurtrière déclenchée le 7 octobre après une attaque sans précédent menée par le Hamas sur le sol israélien.

Au moins 28 personnes ont été tuées en 24 heures, selon le ministère de la Santé du Hamas. Des bombardeme­nts ont visé le nord, le centre et le sud du territoire assiégé par Israël.

30 à 40 milliards de dollars

La reconstruc­tion devrait coûter entre 30 et 40 milliards de dollars, a estimé jeudi le Programme des Nations unies pour le développem­ent (PNUD).

« L’ampleur de la destructio­n est énorme et sans précédent […] C’est une mission à laquelle la communauté internatio­nale n’a pas fait face depuis la Seconde Guerre mondiale », a déclaré le directeur du bureau régional pour les États arabes du PNUD, Abdallah al-Dardari.

Depuis près de sept mois, la communauté internatio­nale s’affaire pour obtenir un cessez-le-feu. Fin novembre, une trêve d’une semaine avait permis la libération de 105 otages, dont 80 Israéliens et binationau­x échangés contre 240 Palestinie­ns détenus par Israël.

Le Hamas, qui a pris le pouvoir en 2007 à Gaza, maintient ses exigences, en premier lieu un cessez-le-feu permanent, ce qu’Israël a toujours refusé.

En visite mercredi en Israël, le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, avait appelé le Hamas à dire « oui » à un accord qu’il a jugé « extraordin­airement généreux » de la part d’Israël.

Il a aussi exhorté Israël, qui se dit déterminé à poursuivre la guerre jusqu’à la « victoire totale » sur le Hamas, à renoncer à une offensive terrestre potentiell­ement dévastatri­ce sur la ville de Rafah où s’entassent un million et demi de Palestinie­ns en majorité déplacés par la guerre.

Inquiétude­s pour les civils

« Nous ferons ce qui est nécessaire pour gagner et vaincre notre ennemi, y compris à Rafah », a répété jeudi le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, au début d’une réunion du cabinet, après avoir promis d’y lancer une offensive terrestre, « avec ou sans accord » de trêve.

« Si nous devons nous défendre seuls, nous nous défendrons seuls », a-t-il dit plus tard en recevant des survivants du génocide nazi.

De nombreuses capitales et organisati­ons humanitair­es redoutent de lourdes pertes civiles, en l’absence d’un plan jugé crédible pour protéger la population.

Dans le sud de la bande de Gaza, des frappes aériennes ont visé jeudi la ville de Khan Younès, déjà rasée après des mois de combats, et des tirs d’artillerie ont été signalés aux abords de Rafah, selon des témoins et un correspond­ant de l’AFP.

Des témoins ont aussi fait état de bombardeme­nts et de combats accompagné­s de tirs d’artillerie dans la ville de Gaza, ainsi qu’à Nousseirat.

Un chauffeur de camion d’aide humanitair­e a également été tué jeudi par des tirs de l’armée israélienn­e au sud-est de la ville de Gaza, selon des sources médicales de l’hôpital Ahli Arab de Gaza.

En outre, deux prisonnier­s gazaouis détenus par Israël, dont un médecin de l’hôpital al-Shifa, sont décédés, ont annoncé jeudi deux associatio­ns palestinie­nnes de défense des droits des prisonnier­s, affirmant qu’ils sont morts « des suites de tortures » et de manque de soins. Israël a indiqué ne pas être informé de tels faits.

Le décès du Dr Adnane Ahmed Atiya al-Bourch porte à 492 le nombre de travailleu­rs de la santé tués depuis le début de la guerre, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Un responsabl­e de la Défense civile du territoire, Mohammed Al-Mughayyir, a averti jeudi du danger lié à la présence de munitions non explosées répandues sur le sol. « Il y a plus de dix explosions chaque semaine dues à leur manipulati­on par des enfants et des civils, qui provoquent des décès ou de graves blessures », a-t-il dit à l’AFP.

L’aide internatio­nale, strictemen­t contrôlée par Israël, arrive au compte-gouttes, principale­ment depuis l’Égypte, via Rafah, dans le territoire de 2,4 millions d’habitants menacé de famine.

Il y a plus de dix explosions chaque semaine dues à leur manipulati­on par des enfants et des civils, qui provoquent des décès ou de graves blessures MOHAMMED AL-MUGHAYYIR »

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AGENCE FRANCE-PRESSE Dans le sud de la bande de Gaza, des frappes aériennes ont visé jeudi Khan Younès.

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