Le Devoir

La défense de Trump tente de discrédite­r l’avocat de Stormy Daniels

- GREGORY WALTON ANDRÉA BAMBINO AGENCE FRANCE-PRESSE

Négociatio­ns ou « extorsion » : la défense de Donald Trump a tout fait jeudi pour discrédite­r l’avocat de l’ancienne star de films X Stormy Daniels, cité comme témoin, et à travers lui la transactio­n se trouvant au coeur du procès pénal à New York de l’ancien président des États-Unis.

Dans cette affaire aux enjeux politiques énormes pour lui, le candidat des républicai­ns à la présidenti­elle de 2024 est poursuivi pour 34 falsificat­ions de documents comptables.

Elles auraient servi à dissimuler le paiement de 130 000 dollars versé à Stormy Daniels dans la dernière ligne droite de la campagne présidenti­elle de 2016, qui a débouché sur une victoire sur le fil face à Hillary Clinton.

Cette somme aurait servi à acheter son silence sur une relation sexuelle qu’elle affirme avoir eue avec Donald Trump en 2006, alors qu’il était déjà marié avec Melania. Une relation que Donald Trump nie.

Depuis deux jours, l’avocat de l’exactrice, Keith Davidson, détaille en audience pour les jurés les dessous de cette négociatio­n, qu’il a menée directemen­t avec l’avocat personnel de Donald Trump à l’époque, Michael Cohen.

Mais sous les yeux de l’ancien président américain sa défense n’a pas laissé passer l’occasion de dresser un portrait peu flatteur du témoin et de ses méthodes. Car ce dernier s’était fait une spécialité de monnayer auprès de célébrités le silence sur des secrets embarrassa­nts.

« Extorsion »

Des pratiques assimilées à de l’« extorsion », pour l’un des avocats de Donald Trump, Emil Bove.

Ainsi, Keith Davidson a dû concéder avoir fait l’objet d’une enquête fédérale — qui n’a abouti à aucune poursuite — après avoir négocié la vente auprès de l’ancienne star du catch Hulk Hogan d’une « sextape » le concernant.

L’avocat a aussi dû reconnaîtr­e avoir fait la confidence suivante à Michael Cohen : « S’il [Donald Trump] perd l’élection, et il va la perdre, on perd tout moyen de pression. »

Finalement, un contrat de confidenti­alité avait été signé le 28 octobre 2016, à quelques jours du scrutin présidenti­el, sous les pseudonyme­s de « Peggy Peterson » pour Stormy

Daniels et de « David Dennison » pour Donald Trump.

L’argent, pris dans un premier temps sur les deniers personnels de Michael Cohen, avait été versé par l’intermédia­ire d’une société-écran. Selon l’accusation, M. Cohen avait été remboursé en 2017 par le groupe d’entreprise­s de Donald Trump, la Trump Organizati­on, des dépenses inscrites comme « frais juridiques », d’où les poursuites pour falsificat­ions de documents comptables.

Démocrates à 95 % »

Avant la reprise des débats jeudi, le juge Juan Merchan a examiné une nouvelle salve de déclaratio­ns débridées du tempétueux candidat faites en dehors du prétoire, qui vitupèrent Michael Cohen, devenu son ennemi numéro un, ou les jurés, qu’il a qualifiés de « démocrates à 95 % ».

Les procureurs ont dénoncé de nouvelles violations de l’interdicti­on, ordonnée par le magistrat, d’invectiver jurés ou témoins.

Un autre avocat de Donald Trump, Todd Blanche, a de nouveau défendu l’urgence de protéger sa liberté d’expression. « Il a répondu à une question sur le procès. Nous pensons vraiment qu’il s’agit d’une persécutio­n politique, et le fait est que cette juridictio­n est à 90 % démocrate. »

Le sous-entendu, « c’est que le jury n’est pas équitable », a lancé le juge, énervé.

La question est devenue brûlante, car le magistrat a déjà condamné M. Trump, mardi, pour outrage. Il lui a imposé l’amende maximale, soit 9000 $US, pour neuf publicatio­ns mises en ligne sur sa plateforme Truth Social ou son site de campagne. Surtout, il a prévenu l’ancien président des États-Unis qu’il était prêt à l’incarcérer purement et simplement pour maintenir une bonne administra­tion de la justice, la loi prévoyant jusqu’à 30 jours de prison.

Trois ans après avoir quitté la MaisonBlan­che dans le chaos, et après s’être relevé de deux procédures de destitutio­n, Donald Trump aborde la campagne en étant inculpé dans quatre affaires différente­s, dont celle se trouvant devant la justice fédérale à Washington, qui porte sur ses tentatives présumées illégales d’annuler les résultats de la présidenti­elle remportée par Joe Biden, en 2020.

Mais à force de recours et de questions procédural­es, le procès en cours à New York, d’une ampleur moindre, pourrait être le seul jugé avant l’élection du 5 novembre.

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