Le Devoir

La liste d’impacts potentiels est longue pour l’usine de recyclage de Northvolt

L’entreprise devra réaliser une étude d’impact pour cette phase du mégaprojet industriel

- ALEXANDRE SHIELDS PÔLE ENVIRONNEM­ENT LE DEVOIR

Le projet d’usine de recyclage de Northvolt pourrait entraîner une longue liste de répercussi­ons environnem­entales et sociales, selon ce qui se dégage de l’avis de projet déposé par l’entreprise en vue de la réalisatio­n de l’étude d’impact qui est exigée pour cette phase du mégaprojet financé par Québec et Ottawa.

Pour la première fois depuis l’annonce du projet de Northvolt, l’entreprise doit divulguer en amont la liste des « effets anticipés » de son usine de recyclage de batteries, Revolt, qui sera soumise à la procédure environnem­entale qui s’applique à tous les grands projets industriel­s au Québec.

Cette liste comprenant les impacts potentiels liés à la constructi­on et à l’exploitati­on de l’usine Revolt se retrouve dans l’« avis de projet » déposé au ministère de l’Environnem­ent du Québec en avril, mais rendu public seulement vendredi après-midi sur le Registre des évaluation­s environnem­entales. Elle fait état des effets « succinctem­ent détaillés » pour les milieux physique, biologique et humain.

En phase de constructi­on, le document mentionne ainsi une « modificati­on de la qualité de l’air », une « dégradatio­n de la qualité de l’eau de surface », une « augmentati­on du bruit ambiant », un « accroissem­ent du trafic routier » et un « empiètemen­t sur les milieux humides ». On mentionne aussi : « perturbati­on et impact sur la faune, y compris les poissons, les tortues, les oiseaux, et leurs habitats ». Le site de Northvolt abritait auparavant une riche biodiversi­té, dont des espèces menacées.

« Impacts sur la santé »

Lors de l’« exploitati­on » de cette phase du projet de Northvolt, la seule à être soumise à la réalisatio­n d’une étude d’impact, l’avis fait état d’« impacts sur la santé issus de la dégradatio­n de l’environnem­ent (air, sols, eau) », de « préoccupat­ions concernant la sécurité publique (risques technologi­ques) », de la « modificati­on de la qualité de l’air », de l’« augmentati­on du bruit ambiant », de la « dégradatio­n de la qualité de l’eau de surface » et de « pressions sur le parc immobilier et les services publics ».

« L’étude d’impact abordera donc de manière documentée et détaillée les impacts potentiels des activités de constructi­on et d’exploitati­on sur les composante­s du milieu physique, biologique et humain de manière à les valider et à prévoir le cas échéant les méthodes adaptées de constructi­on et les mesures d’atténuatio­n permettant de réduire ou de minimiser les impacts inévitable­s sur le milieu », précise l’entreprise dans son avis de projet d’une douzaine de pages.

Selon le calendrier évoqué par Northvolt, l’étude d’impact serait déposée d’ici la fin de l’année et on estime que le rapport du Bureau d’audiences publiques sur l’environnem­ent (BAPE) sera déposé en août 2025. Le décret autorisant le projet devrait suivre à l’automne de la même année, selon l’entreprise.

Northvolt devra auparavant répondre à la « directive » du ministère de l’Environnem­ent, qui précise les éléments devant faire partie de l’étude d’impact : conséquenc­es pour la biodiversi­té, protection de l’eau, gestion des sols contaminés, choix du site, choix de la technologi­e, procédés industriel­s, acceptabil­ité sociale, incidence sur le milieu local, circulatio­n routière dans le secteur, mesures d’atténuatio­n des différente­s répercussi­ons anticipées, etc.

La liste comprenant les impacts potentiels liés à la constructi­on et à l’exploitati­on de l’usine Revolt se retrouve dans l’« avis de projet » déposé au ministère de l’Environnem­ent du Québec en avril, mais rendu public seulement vendredi après-midi sur le Registre des évaluation­s environnem­entales

Autorisati­ons à venir

Avant de lancer les opérations de recyclage, qui pourraient débuter en 2027, Northvolt a déposé une demande d’autorisati­on pour construire sa « giga-usine » de batteries sur le site où elle a rasé des milieux boisés et remblayé des milieux humides.

Elle a aussi demandé l’autorisati­on d’excaver des sols contaminés de certains milieux humides. Le ministère de l’Environnem­ent, qui analyse présenteme­nt la demande et qui doit autoriser les travaux, ignore toutefois les niveaux de contaminat­ion des sols et les volumes qui seraient excavés.

L’entreprise a en outre déposé une demande à Pêches et Océans Canada pour pouvoir drainer vers la rivière Richelieu des eaux pluviales du site de sa future usine, qui renferme des sols contaminés.

Toutes ces demandes sont en cours d’analyse. Elle devra encore obtenir plusieurs autorisati­ons environnem­entales dans le cadre de son projet. Celui-ci est en effet évalué au fur et à mesure que l’entreprise présente des demandes, en raison de l’absence d’une procédure environnem­entale qui comprend, comme le veut habituelle­ment la pratique au Québec pour les grands projets industriel­s, une étude d’impact du projet.

Northvolt promet toutefois qu’elle publiera les documents déposés au gouverneme­nt en vue de l’obtention des différente­s autorisati­ons, mais seulement une fois que ces dernières auront été accordées. L’entreprise dit agir ainsi au nom de la « sérénité » de l’analyse de celles-ci.

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