Soutenir ses parents offre-t-il des avantages fiscaux ?
Voici une question transmise récemment par Isabelle à mon intention. « Ma mère, âgée de 78 ans, vit seule avec un revenu très limité, autour de 20 000 dollars. Mon conjoint et moi contribuons régulièrement à sa qualité de vie, par exemple en lui payant des soins de santé au privé. Nous réglons également de plus en plus de ses dépenses personnelles dans le but de lui permettre de conserver un certain niveau de vie, considérant la hausse du coût de la vie. Cela nous fait plaisir, mais la somme annuelle est substantielle. J’aimerais savoir si ces formes d’aides financières donnent droit à une réduction d’impôts comme avec les dons de charité ? »
Mon intuition me dit que la question d’Isabelle trouvera écho chez de nombreux lecteurs parmi vous. La situation que notre lectrice décrit recoupe effectivement la réalité d’un nombre grandissant de familles québécoises.
Normalement, les conditions financières s’améliorent d’une génération à l’autre. Il est statistiquement probable que vous ayez un plus haut niveau de scolarité et/ou de revenus que celui de vos parents. C’est ce qu’on appelle la génération sandwich. Combiné à l’augmentation du coût de la vie, et particulièrement au coût du logement, le manque de préparation à la retraite d’un parent n’est pas sans effets sur les finances des enfants. Ils doivent alors les soutenir, très souvent en ayant toujours des enfants à leur charge ou en venant tout juste de sortir de cette cruciale étape de vie.
Malheureusement pour Isabelle, les dons en argent sonnant faits à un parent dans le besoin ne bénéficient pas du même traitement fiscal que la philanthropie. Elle doit savoir que des soutiens financiers existent pour les proches aidants, mais ces programmes ou ces crédits exigent de se qualifier selon des critères précis ou pour des formes d’aide bien ciblées. Voici une liste de ceux qui gagneraient à être mieux connus.
Prestations pour proches aidants de l’assurance-emploi.
Si vous vous devez vous absenter du travail pour apporter des soins à une personne gravement malade ou en fin de vie, ces prestations sont pour vous. Les prestations sont basées sur le revenu d’emploi, jusqu’à un maximum de 668 $ par semaine, et le nombre de semaines varie selon qu’il s’agit d’un adulte, d’un enfant ou d’un adulte en fin de vie.
Crédits pour aidant naturel. Au fédéral, il s’agit d’un crédit d’impôt non remboursable dont vous pourrez bénéficier seulement sur l’impôt à payer si vous prenez soin d’un époux, d’un conjoint de fait ou d’une personne à votre charge qui souffre d’une déficience physique ou mentale. Au provincial, un crédit existe aussi si la personne ne présente pas de déficience, mais qu’elle doit cohabiter avec vous.
Crédit d’impôt non remboursable pour l’accessibilité domiciliaire.
Ce crédit permet de réclamer jusqu’à 3000 $ pour des rénovations ou des travaux d’accessibilité domiciliaire, dans la mesure où vous habitez avec la personne que vous aidez (maximum 20 000 $ par année).
Régime enregistré d’épargne invalidité (REEI).
Voilà un régime qui permet de soutenir financièrement des proches atteints d’une déficience grave et prolongée. Mais comme le REEE, l’avantage fiscal est pour le bénéficiaire, et non pour le souscripteur.
Cela ne s’applique pas au cas d’Isabelle puisque sa mère, bien que vieillissante, n’est pas en perte d’autonomie et n’est pas atteinte d’une déficience. Elle peut toutefois demander le crédit pour frais médicaux en conservant les reçus des soins engagés pour sa mère. C’est toujours mieux que rien, sachant que ceux-ci peuvent être importants.
Il peut être inquiétant de voir ses propres parents dans le besoin, sans compter la pression financière et mentale que cette situation peut engendrer. N’hésitez pas à recourir, au besoin, à un planificateur financier afin de déterminer avec plus de précision votre capacité financière à soutenir vos proches sans compromettre votre propre sécurité financière.
En terminant, voici quelques réflexes qui peuvent aussi être développés si vous souhaitez soutenir vos parents vieillissants dans leurs finances personnelles.
Vérifier leur déclaration de revenus.
Assurez-vous qu’ils reçoivent bien toutes les prestations auxquelles ils ont droit, comme la Prestation de sécurité de la vieillesse (PSV) et le Supplément de revenu garanti (SRG), la Régie des rentes du Québec (RRQ) ou encore les prestations d’anciens combattants.
Recenser les crédits fiscaux offerts aux aînés pertinents.
On pense ici à des crédits applicables en fonction de l’âge ou du statut d’une personne vivant seule, par exemple. Il est également important de conserver tous les reçus de soins médicaux et médicaments que vos parents paient.
Cibler des mesures d’aide au quotidien.
Combiné à l’augmentation du coût de la vie, et particulièrement au coût du logement, le manque de préparation à la retraite d’un parent n’est pas sans effets sur les finances des enfants. Ils doivent alors les soutenir, très souvent en ayant toujours des enfants à leur charge ou en venant tout juste de sortir de cette cruciale étape de vie.
Vous pourriez soutenir vos parents dans la recherche de services et d’organismes à but non lucratif qui offrent des services aux personnes âgées, comme la livraison de repas ou la subvention d’aide à domicile. Optimiser leur fiscalité. Si vos parents bénéficient de revenus de pension ou d’un régime de retraite, vous devriez confirmer que ceux-ci sont fractionnés sur leurs déclarations de revenus.
Enfin, même si vos parents ne sollicitent aucun soutien financier de votre part, vous pouvez leur offrir votre soutien dans la gestion de leur portefeuille de placements, par exemple. Est-ce que celui-ci est composé et géré de façon à combiner revenu et croissance ? Vos parents gagneraient-ils à transformer une partie de leurs placements en rente viagère ? Est-ce que leur coût de vie est adéquat par rapport à leur patrimoine accumulé ? Dans bien des cas, votre littératie financière pourrait être un beau cadeau à offrir non seulement à vos enfants, mais aussi à vos parents.