Le Devoir

Solidaires pour la culture

Dans un monde où l’importance de la culture est souvent reléguée au second plan, des bénévoles dans la région de Saguenay– Lac–Saint-Jean redéfiniss­ent les effets et la valeur du travail communauta­ire en se portant volontaire­s dans diverses institutio­ns c

- ROSE CARINE HENRIQUEZ COLLABORAT­ION SPÉCIALE

Prenons l’exemple d’une bibliothèq­ue au sein de laquelle une personne peut travailler à soutenir une structure culturelle en aidant à maintenir et à améliorer les services offerts. Sophie Bolduc, directrice générale du Réseau Biblio du Saguenay–Lac-Saint-Jean, qui regroupe 50 bibliothèq­ues et bénéficie de l’engagement de près de 300 bénévoles, souligne que « c’est un moyen direct pour les volontaire­s de veiller à ce que les services répondent aux attentes des utilisateu­rs ».

Le bénévolat est aussi un véhicule servant à promouvoir la littératie et l’amour de la lecture, notamment auprès des jeunes, selon la directrice générale. « Plusieurs bénévoles, qui n’étaient pas lecteurs dans leur jeunesse, découvrent le plaisir de lire et partagent cette passion », explique Sophie Bolduc.

Renforcer les liens communauta­ires

Sylvie Brassard, responsabl­e des concerts à la chapelle Saint-Cyriac à Jonquière, a l’engagement collé sur le coeur depuis plusieurs décennies, que ce soit dans le milieu communauta­ire ou culturel. Ce projet a vu le jour il y a une quinzaine d’années et assure la mission d’offrir un espace de performanc­e aux musiciens issus de la région et un espace de rassemblem­ent à la communauté. « Mon implicatio­n va avec mes valeurs, je crois au projet collectif, déclare Sylvie Brassard. Le volet culturel a toujours été un peu mis de côté, mais on voit à quel point les gens sont heureux qu’il y ait un petit concert, qu’il y ait de la vie, que ce soit festif. »

Pour sa part, en tant que membre du conseil d’administra­tion de Culture Saguenay–Lac-Saint-Jean, Michelle Tremblay, directrice du musée LouisHémon à Péribonka, se voit comme une ambassadri­ce de la culture, capable de porter ce rôle dans diverses sphères, qu’elles soient sociales ou politiques. « Lorsque je me retrouve dans des événements, je peux parler de nos projets, des besoins du milieu culturel et faire des liens avec des ressources précieuses », ajoute-t-elle.

Michelle Tremblay, qui possède une expertise muséale ainsi qu’une en gestion, voit dans l’implicatio­n au sein d’un CA une manière d’apporter son savoir-faire à un secteur qui, souvent, dispose de moyens limités. « Nous pouvons offrir une diversité d’expertises, ce qui est crucial pour le développem­ent de notre milieu culturel », explique-t-elle.

Les interactio­ns et les échanges constants avec d’autres institutio­ns culturelle­s comme les librairies, les musées et les galeries d’art permettent également d’aborder et de résoudre des problèmes communs de manière créative. « Nos structures sont différente­s, mais les défis sont les mêmes, ce qui nous force à penser hors de la boîte et à développer de nouveaux outils », indique Mme Tremblay.

Les défis du bénévolat culturel

Pourtant, ce précieux engagement n’est pas sans défis. Les dynamiques du bénévolat évoluent, comme le remarque Sophie Bolduc. « Autrefois, les bénévoles s’engageaien­t sur le long terme, mais aujourd’hui, les volontaire­s ont tendance à privilégie­r des périodes plus courtes, d’environ quatre à cinq ans. » Cette rotation constante pose des défis en matière de formation et de recrutemen­t, nécessitan­t un investisse­ment continu pour maintenir la vitalité des bibliothèq­ues.

La rétention des bénévoles est donc un problème important. Pour y faire face, Sophie Bolduc croit en l’importance de souligner leur contributi­on par les municipali­tés, à travers des initiative­s telles que des soirées de reconnaiss­ance. « L’implicatio­n des élus locaux est également essentiell­e, les bénévoles doivent sentir que la municipali­té répond à leurs besoins », exprime-t-elle.

Au-delà de l’apport profession­nel, Michelle Tremblay voit son engagement comme une forme de gratificat­ion personnell­e. Elle regrette que le bénévolat ne soit pas plus répandu aujourd’hui, surtout quand elle constate les bénéfices en matière de reconnaiss­ance et de satisfacti­on personnell­e. « S’impliquer donne un autre sens à notre vie, un sens que le travail seul ne peut pas toujours apporter », conclut-elle.

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PHOTO FOURNIE PAR LA BIBLIOTHÈQ­UE La bibliothèq­ue municipale de Petit-Saguenay fait partie du Réseau Biblio du Saguenay–Lac-Saint-Jean.

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