Un pôle de développement pour les communautés autochtones
Fort de sa situation géographique et de ses infrastructures, le Saguenay–Lac-Saint-Jean offre un environnement propice à l’expression culturelle et artistique des Premiers Peuples. Cet espace créatif inspirant et sécurisant joue aussi un rôle important dans la transmission des savoirs et la formation d’une nouvelle génération d’artistes autochtones.
Si le Saguenay–Lac-Saint-Jean ne possède pas de grand centre urbain, cela n’a pas empêché la région de s’imposer, au fil des années, comme un véritable pôle de développement artistique, notamment auprès des Premières Nations. « On a comme le meilleur de tout. On a un milieu culturel très dynamique et très diversifié. Et on est proche de la nature et des grands espaces. Ce qui est bénéfique pour les artistes autochtones qui arrivent souvent de milieux plus reculés », souligne Claudia Néron, directrice générale de la Boîte Rouge VIF (BRV), un organisme autochtone à but non lucratif à Chicoutimi.
Créée il y a près de 25 ans maintenant, la BRV s’est donné pour principale mission de favoriser l’expression culturelle des peuples autochtones. Dans ce cadre, l’organisme a développé des approches collaboratives de cocréation impliquant les membres des Premières Nations dans diverses pratiques artistiques. « On va bien au-delà de la sécurisation culturelle, on cherche avant tout à assurer l’auto-expression des communautés autochtones », confie Claudia Néron.
Répondre à la demande
La BRV s’apprête également à organiser, pour la première fois depuis sa création, des résidences multidisciplinaires de quatre semaines permettant à des artistes autochtones de se familiariser, à leur rythme, avec un milieu professionnel dont ils ne possèdent pas forcément les clefs et les codes. Il y a là un vrai manque à combler pour pouvoir offrir aux Premières Nations les moyens de vivre de leur art en toute autonomie. « Dans les communautés éloignées, les artistes n’ont pas accès aux milieux professionnels », explique Mme Néron.
Ce besoin de professionnalisation est particulièrement criant aujourd’hui, alors que toujours plus d’allochtones s’intéressent aux arts et cultures autochtones. « Cet intérêt n’a cessé d’augmenter, ce qui nous réjouit, évidemment. Mais les artistes ne sont pas nécessairement outillés pour répondre à toutes les demandes », constate Julie Gagnon-Bond, directrice de l’organisme Kamishkak’Arts, qui accompagne, entre autres, les artistes de la communauté innue de Mashteuiatsh dans leurs demandes de subventions.
Susciter des vocations
Situé sur la rive ouest du lac Saint-Jean, Kamishkak’Arts offre aux artistes et artisans des Premières Nations l’espace, et le temps, pour pouvoir prendre la mesure de tout leur potentiel. « Avant de venir chez eux, je n’étais pas au courant de tout ce qui était offert aux artistes et je ne croyais pas trop en moi », témoigne Amélie Courtois.
Née d’une famille d’artisans innus et attikameks, l’artiste multidisciplinaire s’est découvert une véritable vocation en poussant les portes de Kamishkak’Arts. « Ils m’ont donné des ailes », dit-elle. L’organisme sans but lucratif est aussi là pour éveiller un intérêt chez les plus jeunes en organisant des ateliers ou des partenariats avec le Musée ilnu de Mashteuiatsh, haut lieu de transmission de l’histoire et de la culture des Pekuakamiulnuatsh, les Innus du Lac-Saint-Jean.
« Créer une relève est au coeur de notre mission », confie la directrice générale du musée, Isabelle Genest. « On conserve et on protège le patrimoine de notre Première Nation pour le transmettre aux nouvelles générations qui désirent en apprendre davantage sur leur culture. On est très heureux de contribuer à la réappropriation de la culture auprès des membres de notre communauté et d’envoyer un message d’espoir : oui, notre culture est toujours là et elle est toujours vivante. »