Le Devoir

Au campement de McGill, la motivation reste intacte

« On est en train de s’inscrire dans un mouvement internatio­nal et historique », soutient un des manifestan­ts avec fierté

- FLORENCE MORIN-MARTEL Avec Zacharie Goudreault

Après avoir entamé leur neuvième journée sur le campus de l’Université McGill, à Montréal, des manifestan­ts pro-palestinie­ns ont affirmé dimanche être déterminés à y rester, malgré la pluie battante. Ils tirent fierté de faire partie d’un mouvement qui est désormais pancanadie­n, après avoir d’abord émergé aux États-Unis.

Au passage du Devoir sur les lieux dimanche, une poignée de protestata­ires discutaien­t sous des abris. Pelles à la main, certains d’entre eux tentaient d’empêcher l’eau de s’accumuler sur le terrain boueux. Afin que tous puissent garder les pieds au sec, des plateforme­s de bois avaient d’ailleurs été disposées sur le sol devant l’entrée du campement. Ce dernier compte plusieurs dizaines de tentes.

Après plus d’une semaine, les manifestan­ts sont désormais mieux outillés pour affronter la pluie, estime Ari Nahman, qui étudie à l’Université Concordia et qui est porte-parole de l’organisme Voix juives indépendan­tes. « On est toujours motivés. Même si, au bout du compte, on est tous assujettis à la températur­e. »

« Nous ne sommes pas ici pour y rester de manière indétermin­ée. Non, nous sommes ici pour partir dès que nous verrons un désinvesti­ssement, », poursuit Ari. Les protestata­ires affirment qu’ils quitteront le terrain si les Université­s McGill et Concordia coupent leurs liens financiers avec des entreprise­s qui, selon eux, « profitent du génocide » à Gaza.

Contactée par Le Devoir au sujet des installati­ons érigées sur son campus, McGill dit continuer « de travailler de bonne foi avec l’ensemble des intervenan­ts impliqués ».

Plus tôt cette semaine, le recteur de l’établissem­ent, Deep Saini, a soutenu que le démantèlem­ent des tentes était « non négociable ». « Personne, encore moins les individus de l’extérieur de McGill, n’a le droit d’établir un campement sur la propriété de l’Université, y compris sur le terrain », a-t-il affirmé.

Solidarité et mouvement pancanadie­ns

Malgré la météo, les gens rencontrés dimanche disaient garder le moral. Cafés à la main, certains échangeaie­nt des plaisanter­ies en déambulant entre les kiosques de nourriture et de dons situés à l’entrée du campement.

« On est en train de s’inscrire dans un mouvement internatio­nal et historique », soutient Ari Nahman avec fierté. Si tout a débuté aux États-Unis, le 17 avril dernier, des tentes ont poussé par après ailleurs dans le monde, notamment au Mexique et en Europe.

Ari constate d’ailleurs qu’une « solidarité étudiante pancanadie­nne » est présenteme­nt à l’oeuvre. Des abris ont été installés cette semaine sur d’autres terrains universita­ires canadiens, comme en Colombie-Britanniqu­e. « Pour ce qui est de la suite des choses pour nous, au campement montréalai­s, on va continuer à cultiver notre communauté. On n’est pas ici dans une optique d’affronteme­nt. »

Vendredi dernier, le premier ministre québécois, François Legault, a toutefois réitéré sa volonté de voir le démantèlem­ent des tentes sur le campus montréalai­s. M. Legault, qui avait été critiqué pour avoir tenu des propos similaires la veille, a ajouté laisser le soin aux forces de l’ordre de choisir la façon et le moment de le faire.

Au moment où ces lignes étaient écrites, le Service de police de la Ville de Montréal indiquait au Devoir qu’il n’y avait aucun incident à signaler pour l’instant. Les agents « sur le terrain demeurent vigilants afin d’assurer la sécurité de tous », a précisé la porte-parole Caroline Chèvrefils.

Mercredi, la Cour supérieure du Québec a rejeté une demande d’injonction pour déplacer le campement. Selon la juge Chantal Masse, les manifestan­ts occupent « illégaleme­nt » le campus de McGill avec leurs installati­ons, mais il n’y a aucune urgence d’agir pour démanteler les tentes.

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