Bienvenue à bord du Tram-CAQ
Embarquez à bord d’un tout nouveau réseau de transport collectif ! Sur votre route, vous pourrez admirer un panorama de la gestion des transports collectifs de la Coalition avenir Québec (CAQ), à travers la vitre teintée d’un étudiant de 20 ans qui se demande où le train a déraillé. Profitez-en, le titre de transport est gratuit, mais prenez garde… il y a risque de turbulences.
Direction : l’échec de la transition socioénergétique causé par les demi-mesures en transports collectifs du gouvernement. Premier arrêt : station Guilbault. À l’occasion des récents propos de la ministre des « Transports non collectifs », nous profitons de cette escale pour nous rappeler ce que devrait être la priorité du ministère responsable de la Mobilité durable. Le délaissement de l’auto solo au profit des transports en commun. Pour ce faire, il faut des services de transport en commun fiables et économiques.
Mme la ministre responsable des « Routes, des Voitures et des Camions » semble croire qu’il faut investir davantage dans l’industrie automobile. C’est le quotidien d’une grande partie de la population, donc « continuons ». Cette philosophie est démocratique, à certains égards. Cependant, puisqu’il est question de lutte contre les changements climatiques, ce n’est pas la bonne attitude à adopter, il faut plutôt investir pour encourager un changement de culture. Il est question ici de la survie de notre espèce !
Le gouvernement et les municipalités doivent faire partie de l’initiative et représenter le mouvement populaire. Dans un monde où la population ne comprendrait pas l’ampleur de l’enjeu, il serait du devoir du gouvernement de la sensibiliser pour agir ! L’opinion publique est pourtant bien loin d’être neutre sur le sujet : les 500 000 personnes à la grande marche pour le climat en 2019 n’en sont qu’un seul exemple. Combien de gens est-ce que ça prend pour changer les choses ?
Deuxième arrêt : station M. et Mme Tout-le-Monde.
À cette deuxième escale, nous remarquons les dettes des services de transports collectifs qui s’empilent. N’investir que pour la construction des infrastructures n’est à l’évidence qu’une demimesure. Face aux déficits de ces sociétés, au lieu de tenter de stimuler l’utilisation des réseaux, le gouvernement décide de faire demi-tour… et de réduire les services aux utilisateurs ! Lors de notre arrêt, nous discutons avec un des usagers quotidiens du Réseau express métropolitain (REM) et tentons de lui expliquer que ses habitudes à empreinte réduite seront récompensées par une réduction des heures de service, puisque le REM ne génère pas assez de profits.
Profitons de l’occasion pour lui rappeler que le ministère des Transports et de la Mobilité durable investit l’argent prélevé de ses taxes et impôts pour financer l’industrie automobile. C’est l’équivalent d’utiliser les fonds récoltés au défi Pierre-Lavoie pour l’investir dans des compagnies de cigarettes. C’est à se demander si la CAQ souhaite réellement une transition ou non. Troisième arrêt : station Legault. Finalement, nous sommes arrivés. Nous ne savons plus trop où nous sommes, et surtout où nous allons. Le Tram-CAQ manquait de direction ; il lui manquait aussi une destination. La force d’adaptation de la CAQ est un couteau à double tranchant ; elle en a fait un excellent gouvernement durant l’état d’urgence, elle révèle aujourd’hui un gouvernement désorganisé. Il lui faut un plan, une raison de gouverner.
Il est bientôt l’heure de notre correspondance, un nouveau départ qui nous mènera à bon port. Un voyage sur lequel on osera implanter une politique de transports collectifs nationale : un accès à tous les trains, autobus et métros, à partir d’un seul abonnement annuel à prix réduit, ou même gratuit. Une carte verte qui stimulera l’utilisation des transports en commun et entamera ainsi une réelle transition.
Selon une étude, chaque déplacement en voiture coûte à la société en moyenne plus de quatre fois le prix d’un déplacement par autobus. Dans ce contexte, on peut se permettre de considérer un abonnement gratuit. La gratuité est intuitivement incitatrice, elle a d’ailleurs été couronnée de succès chez les 65 ans et plus.
Reste à voir quelles couleurs porteront ces changements. Une chose est certaine ; ça fait longtemps que nous tournons en rond, et ça pourrait continuer ainsi, comme le chantait Karl Tremblay, jusqu’à ce qu’« il n’y ait plus rien ».
Terminus : veuillez descendre du train.
Lorsqu’à l’instar du whip Eric Lefebvre vous débarquerez du train bleu poudre… n’oubliez pas vos effets personnels.
Profitez-en, le titre de transport est gratuit, mais prenez garde… il y a risque de turbulences.