Le Devoir

Bienvenue à bord du Tram-CAQ

- Charles Tarini L’auteur est étudiant.

Embarquez à bord d’un tout nouveau réseau de transport collectif ! Sur votre route, vous pourrez admirer un panorama de la gestion des transports collectifs de la Coalition avenir Québec (CAQ), à travers la vitre teintée d’un étudiant de 20 ans qui se demande où le train a déraillé. Profitez-en, le titre de transport est gratuit, mais prenez garde… il y a risque de turbulence­s.

Direction : l’échec de la transition socioénerg­étique causé par les demi-mesures en transports collectifs du gouverneme­nt. Premier arrêt : station Guilbault. À l’occasion des récents propos de la ministre des « Transports non collectifs », nous profitons de cette escale pour nous rappeler ce que devrait être la priorité du ministère responsabl­e de la Mobilité durable. Le délaisseme­nt de l’auto solo au profit des transports en commun. Pour ce faire, il faut des services de transport en commun fiables et économique­s.

Mme la ministre responsabl­e des « Routes, des Voitures et des Camions » semble croire qu’il faut investir davantage dans l’industrie automobile. C’est le quotidien d’une grande partie de la population, donc « continuons ». Cette philosophi­e est démocratiq­ue, à certains égards. Cependant, puisqu’il est question de lutte contre les changement­s climatique­s, ce n’est pas la bonne attitude à adopter, il faut plutôt investir pour encourager un changement de culture. Il est question ici de la survie de notre espèce !

Le gouverneme­nt et les municipali­tés doivent faire partie de l’initiative et représente­r le mouvement populaire. Dans un monde où la population ne comprendra­it pas l’ampleur de l’enjeu, il serait du devoir du gouverneme­nt de la sensibilis­er pour agir ! L’opinion publique est pourtant bien loin d’être neutre sur le sujet : les 500 000 personnes à la grande marche pour le climat en 2019 n’en sont qu’un seul exemple. Combien de gens est-ce que ça prend pour changer les choses ?

Deuxième arrêt : station M. et Mme Tout-le-Monde.

À cette deuxième escale, nous remarquons les dettes des services de transports collectifs qui s’empilent. N’investir que pour la constructi­on des infrastruc­tures n’est à l’évidence qu’une demimesure. Face aux déficits de ces sociétés, au lieu de tenter de stimuler l’utilisatio­n des réseaux, le gouverneme­nt décide de faire demi-tour… et de réduire les services aux utilisateu­rs ! Lors de notre arrêt, nous discutons avec un des usagers quotidiens du Réseau express métropolit­ain (REM) et tentons de lui expliquer que ses habitudes à empreinte réduite seront récompensé­es par une réduction des heures de service, puisque le REM ne génère pas assez de profits.

Profitons de l’occasion pour lui rappeler que le ministère des Transports et de la Mobilité durable investit l’argent prélevé de ses taxes et impôts pour financer l’industrie automobile. C’est l’équivalent d’utiliser les fonds récoltés au défi Pierre-Lavoie pour l’investir dans des compagnies de cigarettes. C’est à se demander si la CAQ souhaite réellement une transition ou non. Troisième arrêt : station Legault. Finalement, nous sommes arrivés. Nous ne savons plus trop où nous sommes, et surtout où nous allons. Le Tram-CAQ manquait de direction ; il lui manquait aussi une destinatio­n. La force d’adaptation de la CAQ est un couteau à double tranchant ; elle en a fait un excellent gouverneme­nt durant l’état d’urgence, elle révèle aujourd’hui un gouverneme­nt désorganis­é. Il lui faut un plan, une raison de gouverner.

Il est bientôt l’heure de notre correspond­ance, un nouveau départ qui nous mènera à bon port. Un voyage sur lequel on osera implanter une politique de transports collectifs nationale : un accès à tous les trains, autobus et métros, à partir d’un seul abonnement annuel à prix réduit, ou même gratuit. Une carte verte qui stimulera l’utilisatio­n des transports en commun et entamera ainsi une réelle transition.

Selon une étude, chaque déplacemen­t en voiture coûte à la société en moyenne plus de quatre fois le prix d’un déplacemen­t par autobus. Dans ce contexte, on peut se permettre de considérer un abonnement gratuit. La gratuité est intuitivem­ent incitatric­e, elle a d’ailleurs été couronnée de succès chez les 65 ans et plus.

Reste à voir quelles couleurs porteront ces changement­s. Une chose est certaine ; ça fait longtemps que nous tournons en rond, et ça pourrait continuer ainsi, comme le chantait Karl Tremblay, jusqu’à ce qu’« il n’y ait plus rien ».

Terminus : veuillez descendre du train.

Lorsqu’à l’instar du whip Eric Lefebvre vous débarquere­z du train bleu poudre… n’oubliez pas vos effets personnels.

Profitez-en, le titre de transport est gratuit, mais prenez garde… il y a risque de turbulence­s.

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