Le Devoir

Geneviève Guilbault souhaite régler les déficits d’ici l’été

La ministre des Transports a rencontré lundi les maires des grandes villes et les représenta­nts des sociétés de transport

- JEANNE CORRIVEAU LE DEVOIR

La ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault, souhaite régler avant l’été la litigieuse question du financemen­t du transport collectif pour l’année 2025.

À l’issue d’une rencontre virtuelle entre la ministre et les maires des grandes villes, la Communauté métropolit­aine de Montréal (CMM), présidée par Valérie Plante, a souligné l’ouverture démontrée par Geneviève Guilbault. « La CMM salue son ouverture au dialogue et considère que c’est le début d’une conversati­on à poursuivre sur le financemen­t du transport collectif », a déclaré l’organisme en début d’après-midi. « Tout comme nous, Mme Guilbault a indiqué vouloir régler le financemen­t pour cette année avant l’été. Elle souhaite aussi planifier les deux années suivantes dès l’automne. »

Une autre rencontre est d’ailleurs prévue le 24 mai et, cette fois, la ministre s’adressera spécifique­ment aux représenta­nts de la CMM.

Rappelons que les sociétés de transport du Québec font face à des manques à déficits importants en raison de la baisse d’achalandag­e attribuabl­e à la pandémie de COVID-19 et aux hausses des coûts.

L’Autorité régionale de transport métropolit­ain (ARTM), qui chapeaute l’ensemble des organismes de transport de la grande région de Montréal, prévoit un déficit de 561 millions de dollars pour 2025. « L’ARTM est optimiste de voir les discussion­s progresser sur le financemen­t du budget 2025 au mois de mai plutôt qu’à l’automne », a indiqué l’organisme au terme de la rencontre avec la ministre au cours de laquelle des chiffres précis n’ont pas été discutés.

La Presse rapportait lundi que la ministre Guilbault proposait que le gouverneme­nt assume 70 % des déficits conjonctur­els des organismes de transport de la grande région de Montréal, soit environ 200 millions de dollars, alors que l’ARTM dit avoir besoin du double de cette somme, soit 421 millions.

« Moi, quand on arrive et qu’on me demande 500 millions cette année, alors que j’ai un déficit de 11 milliards dans le budget […], ça n’a pas de bon sens », avait déclaré Geneviève Guilbault vendredi, lors d’une rencontre éditoriale avec Le Devoir.

Les maires de la région métropolit­aine craignaien­t de revivre le scénario de l’automne 2023, alors qu’à l’aube du dépôt des budgets de leurs villes, les sociétés de transport étaient aux prises avec des manques à gagner qui faisaient craindre d’importante­s réductions de service. Les échéancier­s présentés lundi par la ministre sont donc pour eux un signe encouragea­nt.

Vers une « spirale infernale » ?

En matinée, le président du comité exécutif de la Ville de Montréal, Luc Rabouin, a d’ailleurs évoqué les scénarios envisagés pour remédier au manque de financemen­t, dont une réduction des services. « On se retrouve aujourd’hui dans une situation financière qui nous oblige à envisager différente­s options, dont des réductions de services. Et c’est pourtant la dernière chose qu’on doit faire dans le contexte climatique et économique actuel », a-t-il dit devant la Commission sur les finances et l’administra­tion de la Ville, qui lançait lundi matin une consultati­on sur le financemen­t du transport en commun.

« Les gens ont besoin du transport en commun pour se déplacer, et nous devons — on n’a pas le choix — réduire nos émissions de gaz à effet de serre », a-t-il ajouté.

L’ARTM croit que le manque à gagner du transport collectif métropolit­ain pourrait atteindre 698 millions de dollars en 2028.

Une réduction des services pourrait entraîner le transport collectif dans une « spirale infernale », a prévenu Christian Nadeau, économiste principal au Service des finances de la Ville de Montréal. « En diminuant l’offre de services, on rend le transport collectif moins attrayant. En rendant le transport collectif moins attrayant, on diminue une fois de plus l’achalandag­e, ce qui entraîne des revenus tarifaires à la baisse et accroît le déficit », a-t-il expliqué.

Les villes pourraient aussi imposer une hausse supplément­aire des tarifs de 1 %, ce qui générerait des revenus supplément­aires de 10 millions de dollars. Mais encore là, un tel geste pourrait entraîner une baisse d’achalandag­e.

D’autres options sont évoquées, comme une indexation de la taxe sur l’essence, qui n’a pas augmenté depuis 2010, ainsi que la hausse des droits d’immatricul­ation, qui atteignent déjà 59 $ par année sur le territoire de la CMM.

S’il fallait que les municipali­tés de la CMM assument à elles seules le déficit prévu de 561 millions en 2025, elles devraient hausser leurs taxes de 9 %, estime la Ville de Montréal. Enfin, l’implantati­on d’une taxe kilométriq­ue, qui fait l’objet de discussion­s depuis des années, ne pourrait pas se réaliser avant 2031, avance-t-on.

Les gens ont besoin du transport en commun pour se déplacer, et nous devons — on n’a pas le choix — réduire nos émissions de gaz à effet » de serre

LUC RABOUIN

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