Le Devoir

Le Collège des médecins serre la vis

L’organisme a lancé en janvier un programme pour recenser les médecins dont les prescripti­ons seraient inadéquate­s

- JESSICA NADEAU Le Collège des médecins du Québec, à Montréal HUBERT HAYAUD LE DEVOIR

Préoccupé par les risques de dépendance chez les patients qui consomment des opioïdes pharmaceut­iques, le Collège des médecins du Québec (CMQ) a lancé en janvier un programme de surveillan­ce pour serrer la vis aux médecins qui prescriven­t trop ou mal.

« On est alarmés, préoccupés », a souligné le Dr Mauril Gaudreault, président du CMQ, en entrevue au Devoir en janvier dernier en marge du lancement de ce nouveau programme. « Y a-t-il surprescri­ption ? Y a-t-il des médecins délinquant­s ? Probableme­nt, mais je ne le sais pas. »

C’est justement pour répondre à ces questions que le CMQ a décidé d’assurer une meilleure surveillan­ce de ses membres, un programme qui se prépare depuis plus d’un an. « Étant donné que ça devenait un domaine qui préoccupe la société — et qui préoccupe le Collège, aussi —, l’idée c’est d’identifier des médecins dont la pratique est inadéquate », a-t-il expliqué.

Bon an mal an, les inspecteur­s du Collège des médecins du Québec repéraient des pratiques inadéquate­s dans la prescripti­on des opioïdes au fil de leurs visites de routine.

« Il y a eu quelques fois où on a constaté chez le médecin visité ou inspecté des problèmes par rapport à ça, mais c’est arrivé peu souvent, on parle d’environ 2 % ou 3 % », a expliqué le Dr Gaudreault. « Mais je suis persuadé qu’avec un programme comme ça, qui va cibler quelque chose de particulie­r, il va y avoir certaineme­nt plus de 2 % ou 3 % des médecins pour lesquels la prescripti­on nécessiter­ait peut-être d’être plus adéquate. »

Dans le cadre de ce programme, la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) signalera au CMQ toutes les prescripti­ons d’opioïdes ou de benzodiazé­pines qui semblent problémati­ques. La direction de l’inspection profession­nelle analysera par la suite le dossier et, au besoin, ira rencontrer le médecin afin de faire un suivi.

« S’il y a des problèmes, on va leur proposer de les aider dans le sens pédagogiqu­e du terme, voir avec eux s’il y a des choses à mettre à niveau sur le plan des connaissan­ces, que ce soit un stage de formation ou un accompagne­ment avec un tuteur », a expliqué le Dr Gaudreault. Dans le cas d’une pratique vraiment problémati­que, le CMQ pourra aussi « limiter leur exercice ».

Il a rappelé que les médecins doivent faire preuve de précaution lorsqu’il est question d’opioïdes. « La prescripti­on que je fais peut toujours être à l’origine d’un problème éventuel de dépendance : c’est dans ce sens-là, la prudence. »

Dans un rappel des bonnes pratiques envoyé à leurs membres l’an dernier, le Collège des médecins, l’Ordre des pharmacien­s et l’Ordre des infirmière­s et infirmiers du Québec réitéraien­t l’importance « d’évaluer chaque cas avec rigueur afin d’éviter les effets néfastes des opioïdes et de réduire le risque de mésusage de ceux-ci ».

Ils recommande­nt « d’utiliser la dose minimale requise », de réduire les quantités servies en une fois en pharmacie (une pratique connue sous le nom de fractionne­ment) et de préciser la durée de validité des ordonnance­s.

Y a-t-il surprescri­ption ? Y a-t-il des médecins délinquant­s » ? Probableme­nt, mais je ne le sais pas. LE DR MAURIL GAUDREAULT

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