Le Devoir

Où est passée notre ambition pour la mobilité durable ?

- Karl Blackburn L’auteur est président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec.

Il y a près de 60 ans, le maire Jean Drapeau inaugurait le métro de Montréal. Un projet ambitieux de longue haleine, dont les premières réflexions avaient débuté au siècle dernier. Rappelons que ce projet a eu une renommée mondiale grâce à ses choix de matériaux et à sa conception distincte. Au début, il y avait seulement une vingtaine de stations, mais, rapidement, d’autres stations sont sorties de terre à une vitesse qui nous dépasse encore aujourd’hui, quand je compare au prolongeme­nt de la ligne bleue. Même si les coûts importants ont dû faire couler beaucoup d’encre à l’époque, nos gouverneme­nts et nos municipali­tés ont pris leurs responsabi­lités.

Il y a bien longtemps que notre société a décidé que le transport collectif serait financé essentiell­ement par le public et géré par des organisati­ons paramunici­pales ou gouverneme­ntales. Ce sont des choix de société que nous avons faits, comme celui d’avoir un système de garderie universel ou encore un système de santé public.

Aujourd’hui, on se retrouve face à des décisions difficiles parce que les finances de l’État et celles des municipali­tés sont fragiles, parce que la poche du citoyen et des entreprise­s est sursollici­tée et parce qu’on a plus que jamais besoin de se décarboner. La solution n’est pas simple, mais elle ne peut pas être un désengagem­ent de la responsabi­lité de l’État.

Le financemen­t des transports collectifs est une responsabi­lité collective, tout comme la constructi­on et la réparation des infrastruc­tures routières.

Arrêtons de nous lancer la balle sur le financemen­t et revenons à la base, soit au principe de bénéficiai­re payeur. Les solutions que nous trouverons pour maintenir une offre de transport en commun attractif, étendu et performant seront au bénéfice de tous. Tant les automobili­stes que les usagers du transport collectif, les gouverneme­nts ou les municipali­tés bénéficien­t d’un système de transport en commun développé et performant.

L’une des solutions sera certaineme­nt d’être plus productif et plus efficient à même nos sociétés de transport et de revoir nos méthodes de fonctionne­ment pour y arriver. Cela voudra donc dire aussi revoir certains acquis.

Le transport collectif est la pierre angulaire d’un aménagemen­t du territoire qui soutient la qualité de vie, le développem­ent économique et qui permet de réduire les gaz à effet de serre. Si le gouverneme­nt aspire à la carboneutr­alité d’ici 2050, il faut que nos choix soient conséquent­s. On se doit d’être ambitieux, de renforcer et développer la mobilité aux quatre coins du Québec.

J’invite les gouverneme­nts, les groupes sociaux et les entreprise­s à y réfléchir ensemble et à faire preuve de créativité.

Le financemen­t et la performanc­e de nos systèmes de transport en commun ne devraient pas nous diviser. Ils devraient au contraire nous rassembler dans le but commun de faire du Québec un exemple parce que, tout en faisant preuve d’efficience, nous aurons aussi fait preuve d’ambition dans le déploiemen­t de notre offre en transport collectif.

La solution n’est pas simple, mais elle ne peut pas être un désengagem­ent de la responsabi­lité de l’État. Le financemen­t des transports collectifs est une responsabi­lité collective, tout comme la constructi­on et la réparation des infrastruc­tures routières.

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