Où est passé le décorum dans nos parlements?
Depuis quelques mois, nous assistons, dans les enceintes des parlements du Québec et d’Ottawa, à une débandade eu égard tant au ton acrimonieux qu’aux termes choquants utilisés dans les échanges entre les députés. D’un côté, le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, a été expulsé de la Chambre des communes pour avoir refusé de retirer ses propos après avoir traité le premier ministre canadien, Justin Trudeau, d’« extrémiste » et de « cinglé ». De l’autre, le premier ministre québécois, François Legault, a soulevé l’ire de l’opposition à l’Assemblée nationale en traitant les maires et mairesses de « quêteux » en point de presse à la suite de leur demande de fonds publics pour pallier le déficit engendré par le transport en commun.
Or, nonobstant les effets nocifs des attaques acerbes des politiciens, force est de constater qu’ils ont de surcroît pour effet collatéral de jeter de l’huile sur le feu et, par conséquent, d’envenimer outrageusement les débats dans les Chambres respectives. Le respect, le civisme et la modération aux temples des élus ont perdu leurs lettres de noblesse. Le décorum s’est métamorphosé en un climat belliqueux indigne des représentants du peuple.
Nos parlements ont délaissé le décorum et oublié leur raison d’être, à savoir l’utilisation d’un ton approprié aux sujets parfois délicats qui y sont abordés. Les attaques personnelles n’ont littéralement pas leur place au sein des parlements. À cet effet, il devient impératif que les présidents des Chambres respectives fassent preuve de crédibilité, à défaut de quoi le climat prendra rapidement des allures d’arène de combat au détriment de la défense du bien commun.
Henri Marineau
Québec, le 5 mai 2024