Le Devoir

Le logement est et doit être un droit fondamenta­l

- Lilie Desjardins Le 5 mai 2024

Monsieur le Premier Ministre Legault, votre position sur le droit au logement témoigne, une fois de plus, du mépris des locataires par votre gouverneme­nt. Que cela vous plaise ou pas, ce sont des citoyens à part entière. De plus, le logement doit leur être reconnu comme un droit fondamenta­l, ce qui signifie autre chose que l’accès à un logement.

À cet égard, je vous suggère de lire Rapport du Rapporteur spécial sur le logement convenable en tant qu’élément du droit à un niveau de vie suffisant, de Miloon Kothari (5 février 2007, 38 p). Notamment, vous apprendrez que l’ONU prône le droit à un logement convenable, un droit fondamenta­l, où il est possible de vivre en paix et dans la dignité. Parmi les éléments fondamenta­ux de ce droit figure l’habitabili­té définie, notamment, par un espace suffisant, une protection contre le froid, l’humidité, la chaleur, la pluie, le vent ou toute autre menace à la santé, les dangers structurel­s et les vecteurs de maladie.

Dans Le droit au logement et les réalités québécoise­s, la Ligue des droits et libertés du Québec reconnaît que ce droit est « à la base de l’exercice effectif de tous les autres droits ». La reconnaiss­ance du droit au logement convenable et une charte des droits des locataires sont donc capitales. Cette dernière doit inclure les droits à la vie privée, à l’informatio­n, à la jouissance des lieux, à un procès juste et transparen­t au Tribunal administra­tif du logement (TAL). En voici quelques composante­s : – Le droit à la vie privée impose l’interdicti­on de collecter des renseignem­ents personnels auprès des aspirants locataires.

– Le droit à l’informatio­n consiste à donner aux locataires l’informatio­n nécessaire, pertinente et indispensa­ble aux fins d’une décision éclairée dans le cas de la fixation du loyer, d’une éviction ou d’un autre type de requête.

– Un registre public des baux doit être instauré et accessible dans le site Web du TAL pour que les propriétai­res cessent d’ignorer la section G du bail.

– Le droit à un procès juste et équitable doit miser sur la conciliati­on obligatoir­e pour toute situation autre que la fixation du loyer. Elle doit être conditionn­elle à la divulgatio­n préalable et obligatoir­e de tous les moyens de preuve.

– Le droit à la jouissance des lieux doit être associé à un code de l’habitabili­té des immeubles résidentie­ls, imposé aux villes et aux propriétai­res, prévoyant les règles applicable­s pour la préservati­on et l’améliorati­on des lieux.

Newspapers in French

Newspapers from Canada