Le Devoir

Xi en visite à l’Élysée sur fond de tensions commercial­es

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Les désaccords commerciau­x ont marqué lundi le début d’une visite d’État de deux jours en France du président chinois, Xi Jinping, qui a balayé les inquiétude­s européenne­s face à la fermeté affichée par le président français, Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

Si les trois dirigeants, réunis dans la matinée à l’Élysée, ont fait mine de vouloir avancer dans la même direction au sujet de la guerre en Ukraine, l’autre grand dossier du moment, ils n’ont pas tenté de dissimuler les tensions qui s’accumulent sur le commerce.

Le président français a expliqué vouloir soulever « en toute amitié et confiance » les « préoccupat­ions, pour essayer de les surmonter », appelant ainsi à des règles commercial­es « équitables ».

L’Union européenne « n’hésitera pas à prendre des décisions fermes » pour « protéger son économie et sa sécurité », a souligné Ursula Von der Leyen, présente pour afficher, comme il y a cinq ans au même endroit et l’an dernier en Chine, un front continenta­l uni sur les questions commercial­es.

Elle avait auparavant prévenu que l’Europe ne pouvait « pas accepter » le « commerce déloyal » causé par l’afflux de véhicules électrique­s ou d’acier chinois fabriqués grâce à des « subvention­s massives ».

« Le prétendu “problème de la surcapacit­é de la Chine” n’existe pas », leur a répondu Xi Jinping, estimant que « l’industrie chinoise des nouvelles énergies » permettait au contraire « d’accroître l’offre mondiale et d’atténuer la pression de l’inflation mondiale ».

Les différends commerciau­x sont nombreux et pourraient déboucher sur des hausses des taxes douanières. Menacée d’être prise en tenailles entre les économies américaine et chinoise, massivemen­t aidées par la puissance publique, l’Union européenne a multiplié ces derniers mois les enquêtes sur les subvention­s étatiques chinoises à plusieurs secteurs industriel­s, notamment aux véhicules électrique­s.

À Pékin, les mesures européenne­s sont jugées « protection­nistes ». Les autorités chinoises ont lancé leur propre enquête antisubven­tion visant essentiell­ement le cognac français, contre laquelle le président français compte s’élever.

« Tapis rouge »

La situation internatio­nale « nécessite plus que jamais ce dialogue eurochinoi­s », a affirmé lundi le chef de l’État français, alors que certains de ses opposants, comme le candidat des socialiste­s aux élections européenne­s de juin, Raphaël Glucksmann, lui reprochent de « dérouler le tapis rouge » de façon « obséquieus­e » à un « dictateur ».

Dans l’après-midi, le duo francochin­ois s’est retrouvé au palais présidenti­el pour un tête-à-tête plus politique, suivi de déclaratio­ns à la presse et d’un banquet.

L’occasion d’aborder plus en profondeur l’invasion russe de l’Ukraine.

Le matin, Mme von der Leyen s’était dite « confiante » dans le fait que la Chine peut continuer à tempérer les menaces nucléaires russes. M. Macron avait déjà appelé à une coordinati­on « décisive » sur la guerre en Ukraine. À Paris, on évoque un engagement personnel du numéro un chinois à ne pas exporter d’armement en faveur de l’armée russe et à contrôler strictemen­t les biens qui pourraient être utilisés à des fins militaires.

Le Français compte demander au Chinois de soutenir la « trêve olympique » à l’occasion des Jeux de Paris cet été (du 26 juillet au 11 août).

Paris veut au minimum s’assurer que la Chine, principale alliée du président russe, Vladimir Poutine, ne basculera pas dans un soutien clair à son effort de guerre face à Kiev. Voire « l’encourager à utiliser les leviers » dont elle dispose sur Moscou pour « contribuer à une résolution de ce conflit », selon l’Élysée.

En retour, Xi Jinping s’est voulu consensuel, assurant que la Chine, la France et l’Union européenne voulaient toutes « un cessez-le-feu rapide et le retour de la paix en Europe ».

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