Les opérateurs de machinerie lourde inquiets du projet de loi du ministre Jean Boulet
Ils réclament que leur métier soit exclu d’assouplissements qui présenteraient des risques pour la sécurité
Un syndicat d’opérateurs de machinerie lourde s’oppose à un projet de loi du ministre du Travail, Jean Boulet, qui permettrait à d’autres travailleurs de se retrouver aux commandes de leur équipement sans formation ni expérience adéquates.
Marc Leclerc, le directeur général de l’Union des opérateurs de machinerie lourde, section locale 791, a affirmé lundi que M. Boulet ferait un geste irresponsable en adoptant son texte législatif dans sa forme actuelle. Selon lui, cela pourrait augmenter les accidents et les risques pour les travailleurs et la population.
« Avec la machinerie lourde, c’est très meurtrier, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse. Effectivement, ce sont des accidents graves. »
Le syndicat réclame que les opérateurs de machinerie lourde soient exclus de la liste des métiers qui pourraient être exercés par d’autres travailleurs dont ce n’est pas la tâche principale.
« La machinerie lourde est malheureusement, année après année, la source de plusieurs accidents graves et de décès au travail, a dit M. Leclerc. On comprend qu’avec la machinerie lourde, les conséquences sont rapidement catastrophiques. »
En février, M. Boulet a déposé le projet de loi 51, qui vise à accélérer le rythme des chantiers et à pallier le manque de main-d’oeuvre. Il propose notamment d’augmenter la polyvalence des travailleurs de la construction.
« Il est impératif d’exclure les métiers d’opérateurs de machinerie lourde, du concept de polyvalence pour des raisons de santé, de sécurité du travail, pour les travailleurs et pour le public », a dit M. Leclerc.
Polyvalence dangereuse
L’objectif de polyvalence est « dangereux » dans le cas de ces opérateurs, car il permettrait à un menuisier-charpentier sans formation de se retrouver aux commandes d’une pelle mécanique, estime la section locale 791, qui est affiliée à la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec.
« Ce que ça revient à faire, c’est autoriser des gens, des travailleuses et des travailleurs qui n’ont pas la formation requise, à utiliser de la machinerie lourde. En soi, c’est un non-sens », a déclaré l’avocat du syndicat, Danny Nicholson.
Selon l’avocat, la section locale 791 pourrait s’adresser aux tribunaux si le projet de loi 51, à l’étude à l’Assemblée nationale, est adopté sans exclure les opérateurs de machinerie lourde des dispositions sur la polyvalence.
M. Leclerc s’est montré prêt à mobiliser ses membres pour manifester si le gouvernement ne se rend pas à ses arguments.
« On va se mobiliser et on va manifester, mais toujours, je tiens à le souligner, pour qu’il n’y ait pas d’écart de conduite, c’est toujours dans le légal, ça c’est certain », a-t-il précisé.
Affirmations inexactes
Le cabinet de M. Boulet s’est opposé à l’hypothèse du syndicat selon laquelle des travailleurs sans formation pourraient se retrouver aux commandes de machinerie lourde.
« Les affirmations soulevées par l’Union des opérateurs de machinerie lourde sont inexactes, car le concept de polyvalence ne s’applique que dans une même séquence de travail », a répondu dans une déclaration écrite la directrice des communications, Marie Barrette.
La polyvalence n’est pas un « bar ouvert » et il n’a jamais été question de mettre la santé et la sécurité des travailleurs de la construction en danger, a indiqué la porte-parole. « On ne peut pas s’improviser opérateur de machinerie lourde », a-t-elle dit.