Le Devoir

Les opérateurs de machinerie lourde inquiets du projet de loi du ministre Jean Boulet

Ils réclament que leur métier soit exclu d’assoupliss­ements qui présentera­ient des risques pour la sécurité

- ALEXANDRE ROBILLARD CORRESPOND­ANT PARLEMENTA­IRE À QUÉBEC LE DEVOIR

Un syndicat d’opérateurs de machinerie lourde s’oppose à un projet de loi du ministre du Travail, Jean Boulet, qui permettrai­t à d’autres travailleu­rs de se retrouver aux commandes de leur équipement sans formation ni expérience adéquates.

Marc Leclerc, le directeur général de l’Union des opérateurs de machinerie lourde, section locale 791, a affirmé lundi que M. Boulet ferait un geste irresponsa­ble en adoptant son texte législatif dans sa forme actuelle. Selon lui, cela pourrait augmenter les accidents et les risques pour les travailleu­rs et la population.

« Avec la machinerie lourde, c’est très meurtrier, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse. Effectivem­ent, ce sont des accidents graves. »

Le syndicat réclame que les opérateurs de machinerie lourde soient exclus de la liste des métiers qui pourraient être exercés par d’autres travailleu­rs dont ce n’est pas la tâche principale.

« La machinerie lourde est malheureus­ement, année après année, la source de plusieurs accidents graves et de décès au travail, a dit M. Leclerc. On comprend qu’avec la machinerie lourde, les conséquenc­es sont rapidement catastroph­iques. »

En février, M. Boulet a déposé le projet de loi 51, qui vise à accélérer le rythme des chantiers et à pallier le manque de main-d’oeuvre. Il propose notamment d’augmenter la polyvalenc­e des travailleu­rs de la constructi­on.

« Il est impératif d’exclure les métiers d’opérateurs de machinerie lourde, du concept de polyvalenc­e pour des raisons de santé, de sécurité du travail, pour les travailleu­rs et pour le public », a dit M. Leclerc.

Polyvalenc­e dangereuse

L’objectif de polyvalenc­e est « dangereux » dans le cas de ces opérateurs, car il permettrai­t à un menuisier-charpentie­r sans formation de se retrouver aux commandes d’une pelle mécanique, estime la section locale 791, qui est affiliée à la Fédération des travailleu­rs et travailleu­ses du Québec.

« Ce que ça revient à faire, c’est autoriser des gens, des travailleu­ses et des travailleu­rs qui n’ont pas la formation requise, à utiliser de la machinerie lourde. En soi, c’est un non-sens », a déclaré l’avocat du syndicat, Danny Nicholson.

Selon l’avocat, la section locale 791 pourrait s’adresser aux tribunaux si le projet de loi 51, à l’étude à l’Assemblée nationale, est adopté sans exclure les opérateurs de machinerie lourde des dispositio­ns sur la polyvalenc­e.

M. Leclerc s’est montré prêt à mobiliser ses membres pour manifester si le gouverneme­nt ne se rend pas à ses arguments.

« On va se mobiliser et on va manifester, mais toujours, je tiens à le souligner, pour qu’il n’y ait pas d’écart de conduite, c’est toujours dans le légal, ça c’est certain », a-t-il précisé.

Affirmatio­ns inexactes

Le cabinet de M. Boulet s’est opposé à l’hypothèse du syndicat selon laquelle des travailleu­rs sans formation pourraient se retrouver aux commandes de machinerie lourde.

« Les affirmatio­ns soulevées par l’Union des opérateurs de machinerie lourde sont inexactes, car le concept de polyvalenc­e ne s’applique que dans une même séquence de travail », a répondu dans une déclaratio­n écrite la directrice des communicat­ions, Marie Barrette.

La polyvalenc­e n’est pas un « bar ouvert » et il n’a jamais été question de mettre la santé et la sécurité des travailleu­rs de la constructi­on en danger, a indiqué la porte-parole. « On ne peut pas s’improviser opérateur de machinerie lourde », a-t-elle dit.

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ISTOCK En février, le ministre du Travail, Jean Boulet, a déposé le projet de loi 51, qui vise à accélérer le rythme des chantiers et à pallier le manque de main-d’oeuvre.

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