Le Devoir

Quand faut-il acheter des dollars américains ?

« Le dollar canadien devrait encore perdre du terrain au cours des prochains mois », indiquent des experts

- ALEX FONTAINE LE DEVOIR

Dans cette rubrique tirée du Courrier de l’économie, nos journalist­es répondent à des questions de nos lecteurs.

Dans le cadre d’un voyage aux États-Unis, comment pouvons-nous juger de la situation afin de savoir quand il faut acheter des dollars américains? Quels sont les éléments qui font fluctuer le taux de change entre les deux pays?

SOLANGE GRAVEL

« Si vous voyagez, vous savez qu’acheter des devises peut vous coûter plus cher un jour, et moins cher un autre », relève d’emblée la Banque du Canada dans une note explicativ­e. De toute évidence, notre lectrice avait fait la même lecture de la situation.

Le taux de change est une mesure de la valeur d’une monnaie par rapport à une autre. Le Canada a une monnaie « flottante », c’est-à-dire que la valeur du dollar canadien fluctue selon la quantité de dollars échangés dans le marché des changes. C’est dans ce marché que les investisse­urs, par exemple des banques et des caisses de retraite, vont s’échanger des devises.

La demande de dollars canadiens sur le marché est liée à la demande pour nos biens et services. « Plus les gens veulent acheter ce que nous vendons, plus notre dollar prend de la valeur », résume la banque centrale.

D’autres facteurs influent aussi sur la valeur du taux de change : la vigueur relative de notre économie, nos taux d’intérêt et notre taux d’inflation par rapport à celui d’autres pays, entre autres. Avec autant de variables qui peuvent aller dans un sens ou dans l’autre, il est donc hasardeux de tenter de prévoir le taux de change qui sera en vigueur demain.

Et qu’en est-il du taux de change avec le dollar américain ?

Durant la dernière semaine d’avril, il fallait payer environ 1,37 dollar canadien pour acheter un dollar américain, un taux comparable à celui en vigueur à la même période un an plus tôt. À la fin avril 2022, le taux de change oscillait autour de 1,28 $CA/$US.

Dans une étude publiée le 26 avril dernier, Jimmy Jean, vice-président, économiste en chef et stratège chez Desjardins, et Hendrix Vachon, économiste principal de la banque, indiquent que « [l]es mois de mai et de juin risquent fort bien de ressembler à avril ».

« Le dollar canadien devrait encore perdre du terrain au cours des prochains mois », ajoutent les experts. Selon l’institutio­n, le taux de change devrait frôler 1,40 $CA/$US dans les prochains mois.

« On pourrait néanmoins observer un début de réapprécia­tion se mettre en place d’ici l’automne en anticipati­on de baisses de taux à venir aux États-Unis », soutient Desjardins. À plus long terme, la Caisse prévoit qu’il coûtera 1,34 $CA pour acheter 1 $US au dernier trimestre de 2025.

Les économiste­s Stéfane Marion et Kyle Dahms, de la Banque Nationale, voient les choses du même oeil dans une analyse publiée en avril. « [N]ous prévoyons toujours que le taux $US/ $CA montera au-dessus de 1,40 au deuxième semestre de 2024. »

« La piètre performanc­e du dollar canadien par rapport au dollar américain est une curiosité notable en 2024 », note toutefois la banque. « Les difficulté­s de l’économie canadienne par comparaiso­n à sa voisine du sud et une divergence potentiell­e dans la politique monétaire expliquent probableme­nt ce phénomène. » La Banque Nationale a fait des prévisions jusqu’au premier trimestre de 2025 et prévoit que le taux de change sera alors de 1,40 $CA/$US.

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