Le Devoir

Pas de fumée sans feu à Radio-Canada

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Les signataire­s de cette lettre sont des artisans qui, avec des milliers d’autres, ont contribué à l’évolution et à l’enracineme­nt de la Société Radio-Canada (SRC) telle qu’elle existe aujourd’hui. Maintenant retraités, nous nous inquiétons des informatio­ns qui circulent quant à la volonté de l’actuelle direction de la SRCCBC de rapprocher les services anglais et français. Ce n’est pas la première fois que le siège social de la SRC-CBC envisage une telle fusion des deux entreprise­s sous des apparences factices d’une meilleure gestion des fonds. Dans une certaine mesure, on peut sans doute considérer que l’origine d’une telle démarche procède du besoin inépuisabl­e d’argent du réseau anglais.

S’il n’y avait pas eu de réseaux francophon­es de radio et de télévision au Canada, la vie culturelle et l’existence même des francophon­es hors Québec auraient pu s’amenuiser dangereuse­ment sinon disparaîtr­e. Veut-on maintenant nous homogénéis­er et nous engloutir dans une mer anglophone en amoindriss­ant comme entité culturelle les francophon­es du pays ? On ne peut hésiter à poser la question.

Nous sommes conscients que les jeunes génération­s actuelles désertent de plus en plus la télévision au profit de l’Internet et des réseaux sociaux. Le rôle rassembleu­r de la télévision est fragilisé. Le défi pour SRC-CBC est d’adapter cette nouvelle réalité technologi­que aux habitudes de vie de nos concitoyen­s. Nous avons par le passé contribué à insérer la téléphonie, la diffusion par satellite et l’Internet dans la production des émissions francophon­es. L’arrivée de l’Intelligen­ce artificiel­le et la multiplica­tion des réseaux sociaux ne sont pas plus insurmonta­bles que ne l’étaient les technologi­es développée­s dans l’après-guerre. Il ne faudrait pas toutefois qu’on utilise ces nouveautés pour justifier économique­ment la fusion des deux réseaux SRC-CBC.

C’est de l’identité culturelle qu’il s’agit. Une identité assise sur la langue et les arts. Une identité dont la vie a planté ses racines dans une langue et une culture multicente­naires que nous devons nourrir, protéger et faire progresser dans un univers nord-américain totalement anglophone.

Il n’est pas question de laisser l’actuelle direction de SRC-CBC saborder l’autonomie du réseau français de Radio-Canada.

Réal Barnabé, Claude Bédard, Andréanne Bournival, Claude Desbiens, Renaud Gilbert, Gilles Gougeon et André Larin

Montréal, le 3 mai 2024

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