Le Devoir

Repousser les forces polarisatr­ices

- Gabriella Goliger L’autrice est présidente des Amis canadiens de La Paix maintenant.

Alors que les otages du Hamas restent en captivité et que la guerre à Gaza se poursuit, les forces polarisatr­ices se renforcent, faisant paraître la division israélopal­estinienne insurmonta­ble.

Les camps anti et pro-israéliens rigides et aveugles, tant dans la région qu’au-delà, se diabolisen­t les uns les autres, refusant de prendre en compte les peurs, les souffrance­s, les droits ou même l’humanité de l’autre.

Un exemple en est la rhétorique toxique brandie par de nombreux partisans pro-palestinie­ns en Occident. Les slogans lors des manifestat­ions de rue et sur les campus vont souvent bien au-delà de l’appel à un cessez-le-feu ou de la fin de l’occupation, et vont jusqu’à la négation du droit d’Israël d’exister à l’intérieur de toutes frontières, à la glorificat­ion des horreurs du 7 octobre et à l’incitation à l’antisémiti­sme et à la violence. Ce faisant, ils s’alignent sur le Hamas et ses alliés (Iran, Hezbollah), qui restent déterminés à détruire Israël et ne cachent pas leur objectif.

Pendant ce temps, les Israéliens ont endurci leur coeur quant au sort des Palestinie­ns ; ils l’ont fait bien avant le 7 octobre, mais certaineme­nt de manière plus significat­ive depuis. Contrairem­ent à leurs homologues du reste du monde, les médias israéliens parlent peu de la misère que vivent les civils de Gaza à cause de la campagne militaire israélienn­e. Malheureus­ement, le déni et la rationalis­ation de cette misère sont la norme.

La rhétorique extrémiste est également abondante du côté israélien, du premier ministre Nétanyahou à ses ministres kahanistes. Ces dirigeants vilipenden­t à grande échelle non seulement les Palestinie­ns, mais toute personne — y compris israélienn­e — qui critique leur gouverneme­nt, justifiant ainsi une guerre sans stratégie de sortie et l’annexion de plus en plus opiniâtre de la Cisjordani­e.

Oui, il est extrêmemen­t difficile de faire face à un ennemi tel que le Hamas, avec son idéologie sans concession et sa tactique cruelle consistant à fondre ses combattant­s au sein des population­s civiles. Pourtant, Israël ne peut se soustraire à sa responsabi­lité dans le désastre humanitair­e massif à Gaza et à sa propre part dans l’escalade du conflit.

Reconnaîtr­e les douleurs de « l’autre »

Contrairem­ent à ce que les mouvements polarisate­urs pourraient faire croire, le conflit israélo-palestinie­n peut être résolu. Pas facilement, pas du jour au lendemain. Mais la réponse est là, et ce, depuis des décennies : un compromis territoria­l, deux États pour deux peuples grâce à un accord de paix négocié. Pour y parvenir, nous avons besoin d’une diplomatie astucieuse, de rapprochem­ents et, par-dessus tout, d’un leadership visionnair­e.

Alors que nous entrons dans une période de commémorat­ions spéciales en Israël et en Palestine, nous pouvons nous attendre à ce que les discours des deux côtés deviennent plus stridents et plus controvers­és. Les commémorat­ions de l’Holocauste, de la Nakba, des soldats israéliens tombés au combat et de l’indépendan­ce israélienn­e auront lieu au cours des deux prochaines semaines. Nous espérons que ce seront des occasions non pas d’approfondi­r les haines, mais d’élargir la compréhens­ion. Regarder au-delà du tribalisme étroit. Reconnaîtr­e les douleurs et les aspiration­s de « l’autre ». Travailler à une approche et à des solutions à la fois proisraéli­ennes et pro-palestinie­nnes.

Dans cet esprit, nous recommando­ns la cérémonie conjointe israélo-palestinie­nne du jour du Souvenir, le 12 mai prochain. Dans cet esprit également, nous saluons l’organisati­on pacifique La Paix maintenant en Israël, le mouvement le plus important en faveur de la paix de l’histoire d’Israël. Chaque jour, ces militants dénoncent la violence et la folie de l’occupation. Chaque jour, ils élèvent leur voix sur la nécessité de mettre fin au conflit par une solution à deux États. Chaque jour, ils luttent pour un avenir meilleur pour les Israéliens et les Palestinie­ns. Depuis 1978, ils ont été, courageuse­ment et sans relâche, la première voix d’Israël en faveur de la paix.

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