La crise agricole nous donne l’occasion de semer l’avenir
Une action rapide et durable est possible pour assurer la viabilité d’une agriculture écologique et équitable
La crise actuelle est foncièrement structurelle et ne peut être résolue seulement par des mesures d’urgence isolées
À la suite d’un article récemment publié dans Le Devoir concernant les craintes soulevées par la commissaire du développement durable quant à la pérennité du territoire agricole, et face aux défis que nous, fermiers et fermières du Québec, rencontrons, il est impératif de prendre des mesures décisives dès maintenant pour assurer la pérennité de nos activités. Nous sommes convaincus qu’une action rapide et durable est possible, et qu’il s’agit d’une occasion que nous devons saisir en tant que société afin d’assurer la viabilité d’une agriculture écologique, équitable et axée sur les besoins de la population.
Bien que nous soyons ambitieux, passionnés et fiers de notre métier, nous ne pouvons agir seuls. Nous avons besoin d’alliés, dont la population et les instances gouvernementales, pour faire croître une agriculture plurielle, pérenne et nourricière. C’est tout le système agroalimentaire, y compris les gestes du quotidien et les habitudes citoyennes, qui doivent changer.
C’est pourquoi nous invitons les Québécois à s’engager dès aujourd’hui auprès des fermiers de leur région en achetant directement auprès d’eux grâce à diverses options, telles que les paniers de légumes biologiques, les marchés publics, les kiosques à la ferme, les marchés virtuels régionaux et les boutiques fermières en ligne.
Plusieurs idées préconçues sur les paniers de légumes biologiques persistent alors qu’ils offrent une multitude d’avantages. Ils permettent la réduction des pertes et du gaspillage alimentaire grâce au modèle d’abonnement préalable et ils assurent une stabilité financière aux producteurs, notamment. Les avantages pour les particuliers, qui s’ajoutent aux bénéfices pour la communauté, sont énormes. Il s’agit d’une équation essentielle pour l’avenir, dont nous n’avons pas le luxe de nous passer.
Bien que ces initiatives soient soutenues depuis leurs débuts par les plus convaincus, elles ont le potentiel de profiter à une proportion beaucoup plus grande de la population.
Tout en reconnaissant que les grandes chaînes d’alimentation demeurent souvent la source la plus accessible de nourriture, il est essentiel de comprendre que leurs politiques axées sur le profit ne favorisent ni la durabilité des fermes québécoises ni la santé des communautés. Pour façonner la société de demain, nous devons privilégier des pratiques alimentaires plus responsables et locales, et opérer ensemble un changement d’habitudes de consommation.
Si les actions citoyennes sont cruciales et nécessaires, nous voulons surtout nous adresser aux autorités gouvernementales, particulièrement au ministre Lamontagne, dont le rôle et les actions en faveur du monde agricole en contexte de crise sont essentiels. Nous attendons des mesures significatives à la hauteur de notre engagement et de notre dévouement à contribuer à un changement positif et durable pour la société. La crise actuelle est foncièrement structurelle et ne peut être résolue seulement par des mesures d’urgence isolées.
Pour ce faire, il est nécessaire de déployer des efforts conjoints pour soutenir des solutions concrètes : nous souhaitons un investissement massif de la part du gouvernement en visibilité et en développement des circuits courts afin que l’agriculture locale fasse partie de la liste d’épicerie de tous les Québécois. Nous souhaitons la mise en place de systèmes facilitant l’approvisionnement de nos institutions publiques de produits biologiques provenant directement des fermes du Québec.
Enfin, nous souhaitons un réinvestissement gouvernemental important dans des programmes de soutien et en conseils en faveur des fermes, pour assurer le maintien du savoir-faire des fermiers et fermières. Ce sont quelques solutions parmi tant d’autres qui peuvent réellement améliorer les choses.
Alors, en tant que société, prenons ensemble ce chemin vers une agriculture viable et durable. Saisissons cette occasion pour aujourd’hui et demain.