Une coalition demande au Canada de prendre des sanctions contre Israël
Québec Urgence Palestine reproche au gouvernement Trudeau son attitude envers le conflit dans la bande de Gaza
Le Canada devrait imposer des sanctions contre Israël, estime la coalition du Québec Urgence Palestine, qui regroupe plus d’une quarantaine d’organisations. À la veille d’un rassemblement en soutien au peuple palestinien qui se déroulera à Montréal samedi, les représentants du groupe appellent à une mobilisation citoyenne malgré la fatigue ressentie quant à ce conflit qui perdure.
En appui à son message, la coalition a invité la rapporteuse spéciale de l’Organisation des Nations unies (ONU), Francesca Albanese, à participer à une conférence de presse à Montréal, vendredi. Dans son rapport Anatomy of a Genocide, publié en mars dernier, Mme Albanese avait affirmé qu’il existe des « motifs raisonnables » de croire qu’Israël a commis plusieurs « actes de génocide ». Elle évoquait alors un « nettoyage ethnique ». Des accusations rejetées par Israël.
Par visioconférence depuis la Tunisie, Francesca Albanese a signalé que l’accès à la bande de Gaza lui a récemment été refusé. Elle a cependant indiqué que les témoignages de Gazaouis et de médecins en Égypte lui font dire que la situation s’est gravement détériorée ces derniers mois. « La situation à Gaza est pire que ce que j’avais personnellement évalué dans mon rapport, a-t-elle relaté. La plupart des victimes que j’ai rencontrées en Égypte ont subi des blessures catastrophiques, ont vu des membres de leur famille tués. […] Les patients qui arrivaient auparavant en Égypte avaient principalement des blessures liées à la guerre sont désormais rejoints par des gens atteints de maladies chroniques et/ou de malnutrition — surtout les enfants — résultant de la catastrophe humanitaire intentionnelle provoquée à Gaza. »
Depuis l’attaque sanglante perpétrée le 7 octobre 2023 par des commandos du Hamas contre Israël, faisant près de 1170 morts, l’armée israélienne mène dans le territoire palestinien une offensive d’envergure qui a entraîné la mort de plus de 35 000 personnes à Gaza et en Cisjordanie, selon les données du ministère de la Santé du Hamas. Le groupe terroriste détiendrait toujours une centaine d’otages, selon Tel-Aviv.
« Faire pression »
Accusant Israël de se livrer à des « attaques illégales » à Gaza, Amnistie internationale Canada réclame des États, dont le Canada, « de cesser de fournir des armes à Israël, au risque de se rendre complice de crime de guerre et d’autres violations du droit international », a indiqué sa directrice générale, France-Isabelle Langlois. « Tous les États doivent faire pression sur Israël pour qu’il mette fin à ses opérations à Rafah et garantisse le libre accès à l’aide humanitaire conformément à leur obligation de prévenir le génocide. »
Le gouvernement canadien affirme toutefois n’avoir approuvé aucune licence militaire d’exportation de marchandises destinées à Israël depuis le 8 janvier.
Le Canada manque à toutes ses obligations en vertu du droit international, estime pour sa part Diane Lamoureux, professeure au Département de science politique de l’Université Laval et membre du CA de la Ligue des droits et libertés. « Le Canada est signataire de la Convention internationale pour la prévention et la répression du crime de génocide », a-t-elle rappelé, en reprochant au gouvernement Trudeau son hésitation à se prononcer pour un cessez-le-feu à Gaza. « Nous avons honte de l’attitude du gouvernement canadien, a-t-elle dit. Le Canada doit prendre immédiatement des sanctions contre Israël, de la même façon qu’il a pris des sanctions contre la Russie à la suite de l’invasion de l’Ukraine. »
Les citoyens doivent continuer à faire pression sur le gouvernement canadien, affirme France-Isabelle Langlois. « Il n’y a pas de recette miracle. Il faut continuer la mobilisation , a-t-elle fait valoir. Souvent, dans ce genre de situation, on finit par observer avec le temps une fatigue des médias et de la mobilisation ; on se mobilise moins, on en parle moins. »