Le Devoir

COMPLÈTEME­NT DÉBRANCHÉ – D’UN BOUT À L’AUTRE DU SPECTRE SONORE

- ALAIN McKENNA LE DEVOIR

L’écoute de musique numérique passe au niveau supérieur cette année. De Beats, marque bien connue de casques grand public, à Focal, marque française très huppée, les fabricants de casques rivalisent d’ingéniosit­é pour rehausser l’expérience sonore.

Focal Bathys

La marque Focal incarne le nec plus ultra de l’audio moderne. Ses casques proposent le meilleur des deux mondes musicaux, branché et débranché. Ce qui ne signifie pas nécessaire­ment déconnecté. Après tout, on n’est jamais qu’à un jumelage Bluetooth d’accéder à sa médiathèqu­e et, dans ce cas-ci, de la meilleure des façons : l’appareil ajoute au protocole sans fil la technologi­e aptX Adaptive du fabricant de puces américain Qualcomm, qui rehausse le signal sonore à un niveau qui s’apparente à celui de la lecture d’un disque compact.

Pour l’amateur de musique, c’est un très bon début : c’est tout le spectre sonore qui est amélioré par cette technologi­e. Pour le mobinaute qui recherche un casque sans fil très haut de gamme aussi efficace pour regarder de la vidéo, jouer à des jeux et pour lire de la musique, c’est aussi, en principe, une bonne affaire. Le protocole aptX Adaptive est censé réduire à pas plus de 2 millisecon­des (ms) la latence, soit le temps qu’il faut pour que la note émise par la source sonore se rende à l’oreille de celui qui porte le casque. Quand ça marche, ça marche : on ne ressent aucun décalage entre le son et l’image.

Sinon, par défaut, la latence du Bathys est de 80 ms, ce qui pourrait causer un léger inconfort. La latence optimale, celle qu’on ne détecte pas entre le son et l’image, est en théorie sous les 60 ms.

Pour ceux que tout ça agace, le Bathys a un as dans sa manche : une connexion USB-C qui le rend compatible avec les formats sans compressio­n de musique numérique. Car le Bathys intègre un dispositif d’appui à la coordinati­on (DAC), un décodeur analogique numérique qui s’assure de reproduire le plus fidèlement possible les sources musicales sans perte (lossless) ou haute résolution (hi-resolution audio).

Cet usage double requiert une mécanique plus costaude, ce qui fait grimper le prix de détail à 1000 $. Le Bathys rivalise dans les hautes sphères du luxe sonore avec les AirPods Max d’Apple ou des marques plus nichées comme Audeze, Bowers&Wilkins et HifiMan.

Le nom du casque de Focal, soit dit en passant, est un hommage aux bathyscaph­es, des engins submersibl­es du XXe siècle que n’aurait pas reniés Jules Verne. Le parallèle est pour signifier que le Bathys est conçu pour créer une bulle autour de l’audiophile, chose qui est renforcée par une insonorisa­tion active plutôt efficace.

Visuelleme­nt imposant, ce casque repousse les bruits — et les gens qui auraient peut-être voulu vous parler, mais qui voient bien que si vous portez le Bathys sur les oreilles, vous avez la tête ailleurs.

20 000 lieues sous les mers, par exemple.

Beats Solo 4

Pour une fraction du prix des Focal, la marque Beats by Dr Dre met en marché ces jours-ci la quatrième version de ses écouteurs Solo de milieu de gamme. Les Solo 4 sont des écouteurs sans fil qui sont eux aussi munis d’un port USB-C qui les rend compatible­s avec des sources musicales en haute résolution. Ceux-là ne coûtent que 279 $.

Les Solo 4 ont pris sept ans à voir le jour. Cinq, si on considère que la version sans fil des Solo 3 a été commercial­isée à partir de 2019. Peu de fabricants de produits électroniq­ues ont une cadence aussi lente de renouvelle­ment de leur catalogue. Il s’est donc passé pas mal de choses dans le marché des écouteurs sans fil avant que ce casque ne soit mis en marché.

Les Solo 4 se définissen­t toutefois en fonction de deux caractéris­tiques simples. Leur autonomie de 50 heures entre deux charges est attrayante. Elle est permise par le recours à la version 5.3 du protocole Bluetooth, lancée l’an dernier. Cette version réduit encore un peu plus la consommati­on d’énergie de la transmissi­on sans fil, déjà plutôt basse depuis le Bluetooth 5.2 apparu en 2020.

Les gens qui portent un casque durant les heures de travail n’ont plus qu’à charger leur casque une fois par semaine, environ. Ils peuvent même tenir une conversati­on téléphoniq­ue, grâce à leur micro juste assez sensible (mais pas trop).

Leur autre atout est la compatibil­ité avec le son spatialisé. C’est une façon de s’immerger un peu plus dans son environnem­ent sonore, puisque cette technologi­e simule jusqu’à 64 haut-parleurs situés autour de l’utilisateu­r, et rehausse d’autant plus la stéréophon­ie des sources sonores spatialisé­es.

C’est plus un gadget logiciel qu’une révolution dans la façon d’écouter de la musique, mais les casques compatible­s sont plutôt rares et coûtent généraleme­nt cher. Celui-ci fait exception.

Côté musical, les Solo 4 reprennent un profil sonore typique de la marque Beats by Dr Dre. Le docteur en question est un ancien rappeur devenu entreprene­ur, devenu richissime en 2014 quand Apple a racheté Beats pour 3 milliards $US.

Fidèles à leurs origines, les casques Beats ont toujours été conçus sur mesure pour écouter des musiques lourdes en notes graves et, à l’opposé, très aiguës, comme le rap et le hip-hop. Les Solo 4 ne font pas exception.

Et si on lie très librement le casque Focal à Jules Verne, on pourrait recommande­r les Solo 4 pour ne rien rater de la saga musicale qui oppose ces jours-ci Drake à Kendrick Lamar…

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