Mesurer les effets du don
« Si vous décidez de soutenir des causes pendant de nombreuses années avec l’intention de faire le bien, il faut avoir confiance que votre “retour sur investissement” sera démontré »
Un don ponctuel de quelques dollars, un don récurrent ou même un don planifié sont motivés par un objectif commun : agir pour améliorer les choses. Et si les choix sont souvent faits en fonction de nos émotions, il ne faut pas perdre de vue les éléments factuels communiqués par un organisme ou une fondation afin d’évaluer leur impact : rapports annuels, structure de gouvernance, composition du conseil d’administration, pérennité, etc.
« Un particulier a tendance à donner à des causes qui sont directement liées à son expérience de vie — hôpital, école, communauté locale », explique Clarence Epstein, directeur général de la Fondation de la famille Claudine et Stephen Bronfman. « Une fondation comme la nôtre a décidé de donner la priorité à certains secteurs — l’environnement, l’entrepreneuriat, la culture et les services communautaires. L’équipe de notre fondation analyse ces écosystèmes afin d’augmenter les chances d’impact. Nous essayons d’être judicieux, innovants et proactifs. »
M. Epstein rappelle que, dans le monde de la philanthropie, on accorde beaucoup d’attention à l’analyse de l’impact sur la base d’indicateurs clés de performance ou de ratios de frais d’administration et, s’il est clair que l’efficacité budgétaire est essentielle dans les grandes organisations, elle l’est beaucoup moins lorsqu’il s’agit de soutenir des causes à petite échelle. « Si vous décidez de soutenir des causes pendant de nombreuses années avec l’intention de faire le bien, il faut avoir confiance que votre “retour sur investissement” sera démontré. »
Voir plus loin que le simple don
Quand on veut faire une bonne action et choisir de faire un don, quel qu’il soit, il est intéressant de se pencher sur les effets à long terme et sur les ramifications secondaires d’une action philanthropique, audelà des résultats immédiats.
Josée Darche, directrice générale de la Fondation J.-Louis Lévesque, fait référence à l’effet d’entraînement, le ripple effect, en philanthropie, un concept selon lequel on s’attarde à l’effet cumulatif et en expansion d’une action philanthropique ou d’un don sur une communauté ou une cause. « Comme les ondes qui se propagent à la surface de l’eau lorsqu’on jette une pierre, les effets d’une action philanthropique peuvent se répandre bien au-delà de son point de départ initial », illustre-t-elle.
Les bienfaits d’un don ou d’une initiative philanthropique soigneusement choisie ne se limitent pas seulement à ceux qui en bénéficient directement, mais peuvent également toucher d’autres personnes ou aspects de la société de manière indirecte. Elle donne comme exemple un don pour soutenir l’éducation des enfants. « Il peut générer des répercussions positives sur la famille de l’enfant, sur sa communauté et même sur l’ensemble de la société à long terme, en contribuant à créer un cycle d’amélioration sociale et économique. »
Faire mieux, un don à la fois
En voulant bien faire, mais mieux, on encourage les philanthropes à adopter une approche holistique et à envisager les moyens les plus efficaces de maximiser leur contribution à un changement positif durable. « Une question pertinente à vous poser lorsque vous envisagez de faire un don, c’est si vous voulez que votre soutien permette de combler les lacunes des services existants ou si vous souhaitez orienter vos fonds vers des institutions qui ne font pas partie du filet social, précise M. Epstein. Quel que soit votre choix, les besoins sont grands. »
Rappelons qu’il existe des différences importantes entre l’acte de faire un don personnel, ce qu’on appelle la philanthropie de proximité, et celui de passer par une fondation — dont l’objectif principal est le soutien philanthropique. La reddition de comptes, la bienveillance et la rigueur sont quelques-unes de ces différences.
« Notre fondation a décidé de soutenir en priorité les institutions et les communautés de Montréal. Il s’agit d’une décision personnelle de la famille Bronfman basée sur ses valeurs et ses ressources. C’est aussi une décision stratégique, car nous croyons que nous pouvons avoir une action plus concrète si nous agissons au niveau local », précise M. Epstein. D’autres donateurs peuvent privilégier des régions différentes ou des causes d’envergure locale, nationale ou internationale. « Peu importe, il est essentiel de s’informer sur les sujets qui vous intéressent et de prendre vos décisions en fonction de ce qui vous tient à coeur », conclut le directeur général.
Les donateurs jouent un rôle beaucoup plus grand que le simple fait de donner une somme sous le coup de l’émotion : c’est une implication qui est en accord avec les convictions et à laquelle on doit réfléchir avec rigueur. « Prenez le temps d’aller voir le site Internet de la fondation, de connaître sa mission, parcourez les rapports annuels, participez aux événements, devenez partenaire de la cause, affirme à son tour Josée Darche. Ceux qui donnent peuvent grandir avec un organisme, voir avancer une cause. Une personne qui donne et qui se rallie à une cause fait partie de la solution. » C’est donc en laissant le coeur et la tête travailler ensemble, dans un souci de maximiser l’impact de son implication, que l’on pourra envisager un monde meilleur.