150 façons de changer l’avenir
Amasser 250 millions de dollars pour propulser des idées audacieuses qui changeront l’avenir de notre société : c’est l’objectif de la Grande Campagne de l’Université de Sherbrooke (UdeS), la plus ambitieuse de son histoire. Survol des projets mis en branle pour relever les grands défis actuels et futurs.
Àquoi ressemblera notre monde dans 10, 20, 30 ans ? Avec la campagne Choisir de changer l’avenir, lancée en mai 2023, l’UdeS propose plus de 150 projets résolument tournés vers demain, qui apporteront des solutions concrètes à de grands enjeux présents et futurs pour préparer notre société à devenir plus résiliente.
Cette levée de fonds sans précédent, qui s’articule autour de quatre thématiques d’avenir – diversité et inclusion, innovation, santé et environnement –, est à l’image de l’établissement d’enseignement visionnaire, dynamique et avant-gardiste qui repousse les frontières du savoir depuis sa fondation.
Grâce au soutien de ses donatrices et donateurs, la Grande Campagne financera des chaires de recherche, des observatoires, des fonds de dotation, des laboratoires, des pôles d’expertise et des bourses d’excellence qui propulseront des avancées dans des domaines de pointe touchant directement notre société.
Les retombées du vaste éventail de projets soutenus par l’UdeS profiteront tant à la communauté étudiante qu’à la société tout entière. En voici quelques-uns, qui abordent une préoccupation bien présente aujourd’hui et pour les années à venir : la prévention des risques et des crises qui menacent notre monde.
POUR AFFRONTER LES GRANDS DÉFIS DU XXIe SIÈCLE
Le Laboratoire de recherche interdisciplinaire sur les risques et les crises
Conflit Israël-Hamas, guerre en Ukraine, terrorisme, polarisation sociale, cyberattaques, migrations de masse, insécurité alimentaire, pandémies, feux de forêt et autres catastrophes écologiques: toutes ces perturbations, et bien d’autres, ont bouleversé le monde au cours de la dernière année. Ces crises qui menacent la sécurité des personnes ainsi que l’économie et le patrimoine naturel sont plus fréquentes et plus imprévisibles que jamais. Et dans un univers interconnecté, il est de plus en plus difficile pour les internautes de distinguer le vrai du faux.
La situation étant malheureusement appelée à empirer, il y a urgence d’agir. Parfaitement aligné avec l’objectif global de la Grande Campagne de l’UdeS, ce laboratoire de recherche dirigé par le professeur Adib Bencherif de l’École de politique appliquée de la Faculté des lettres et sciences humaines se penche sur la prévention des impacts des crises actuelles et futures sur l’activité humaine.
«Devant la complexité des enjeux, une réflexion interdisciplinaire est cruciale dès l’amorce de projets menés par des partenaires privés et publics, souligne le professeur Bencherif. Ce sont ces différents prismes qui produiront des solutions innovantes. »
L’objectif premier du Laboratoire est de développer une expertise unique en matière d’analyse de risque ainsi que des méthodologies innovantes pour prévenir, gérer et résoudre les situations de crise. Le maillage entre le milieu des praticiens et la recherche universitaire permettra de travailler en mode synergique et interdisciplinaire, et cette structure de recherche, propulsée par des partenaires et organismes subventionnaires, pourra par la suite rayonner à l’échelle provinciale, nationale et internationale.
POUR OPTIMISER NOS DÉFENSES CONTRE LES CYBERATTAQUES
Le Pôle d’expertises en cybersécurité
Selon Statistique Canada, 70 % des Canadiens ont été victimes d’un incident de cybersécurité en 2022. Rançongiciels, tentatives d’extorsion, vols d’identité: la cybercriminalité, qui touche toutes les sphères de notre vie personnelle ainsi que nos entreprises et institutions, connaît une hausse fulgurante. Un phénomène exacerbé par le recours à l’IA, qui augmente de façon exponentielle la fréquence et la portée des attaques, ainsi que leur niveau de sophistication. Résultat : les maliciels sont plus redoutables et moins détectables que jamais.
Malgré leur prévalence, notre société n’est pas adéquatement outillée pour faire face aux cyberattaques. C’est pourquoi l’UdeS a réuni des experts de plusieurs disciplines, comme la cybersécurité et les sciences quantiques, pour optimiser nos défenses et mieux protéger nos identités numériques. Au-delà des recherches scientifiques et techniques, les dimensions éducatives, législatives, éthiques, politiques et managériales de ce domaine crucial seront abordées par le Pôle. Cette approche pluridisciplinaire représente un véritable bond en avant dans la création d’une expertise de pointe capable d’avoir un impact sociétal d’envergure.
«Notre objectif est de former une relève hautement qualifiée, affirme le professeur Marc Frappier de la Faculté des sciences, qui est responsable du projet. L’accès à une mine d’informations permettra aux personnes étudiantes d’acquérir une compréhension approfondie du phénomène et de développer à leur tour une expertise qui sera mise à profit pour renforcer nos barèmes de sécurité. »
Le Pôle d’expertises, qui se définit comme un bouclier contre les cyberincidents, s’attaque à la prévention de la cybercriminalité et à l’optimisation de la cyberrésilience de notre société, notamment grâce à la conception de systèmes de défense, la conceptualisation d’un détecteur intelligent d’intrusion et l’élaboration d’un cadre cybersécuritaire pour les PME. Pour ce faire, l’équipe du professeur Frappier projette la création d’une chaire de recherche en cybersécurité ainsi que l’attribution de bourses d’études aux 2e et 3e cycles.
POUR PRÉSERVER NOTRE SÉCURITÉ ALIMENTAIRE
Le Complexe de recherche en sciences végétales et environnementales (CORSÈVE)
Même si le Québec ne manque pas de terres agricoles, les investissements en matière de souveraineté alimentaire revêtent une importance capitale puisqu’ils ont une incidence directe sur la santé et la qualité de vie des citoyens, tout particulièrement dans le contexte actuel de la crise climatique et des enjeux géopolitiques pouvant entraîner des problèmes d’approvisionnement.
C’est ainsi que la Faculté des sciences de l’UdeS s’est dotée du Complexe de recherche en sciences végétales et environnementales (CORSÈVE). Dans ces serres équipées de systèmes très perfectionnés permettant un contrôle précis du climat, il est possible d’analyser l’impact des changements environnementaux sur la croissance des végétaux et la production agricole.
« En simulant des environnements artificiels à l’intérieur de ces infrastructures, notre équipe pourra explorer de nouvelles avenues de recherche et approfondir ses analyses grâce à des outils spécialisés relevant de la haute technologie», note le professeur Peter Moffett du Département de biologie, qui dirige ce projet porteur.
Les chercheuses et chercheurs ont notamment recours à une plateforme de phénotypage qui permet de recueillir des informations sur les végétaux soumis à plusieurs conditions et à différents microorganismes (néfastes ou bénéfiques!). Et ce, en temps réel et de façon non invasive. Les équipes de recherche disposeront également d’un laboratoire mobile pouvant être transporté sur des sites stratégiques, qui offrira des formations sur le terrain aux personnes étudiantes.
La réalisation du projet CORSÈVE permettra aux scientifiques d’identifier et de mieux comprendre les organismes qui menacent les grandes cultures et les milieux forestiers afin d’améliorer la productivité et la résilience végétale. Elle formera également une relève qui jouera un rôle clé dans la protection et l’essor de notre agriculture.
POUR PROMOUVOIR LA GESTION RESPONSABLE
Le projet de chaire de recherche sur les stratégies net-zéro et le cycle de vie
Pour atteindre la carboneutralité d’ici 2050, les organisations doivent rapidement stabiliser et réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES), puis développer des solutions robustes de compensation. Or, la mise en oeuvre rapide de telles stratégies peut engendrer des dommages collatéraux sur l’environnement, notamment sur la biodiversité. Sur le plan social, une collectivité pourrait devenir plus vulnérable aux changements climatiques qu’elle ne l’était auparavant. Comment anticiper de tels effets contreproductifs ? Une partie de la réponse passe par une approche interdisciplinaire audacieuse en recherche, alliant sciences sociales et modélisation environnementale.
«Faire de la recherche sur de grands enjeux de société implique de modéliser la complexité et de composer avec les incertitudes, commente le professeur Ben Amor de la Faculté de génie, qui copilote le projet. Cette chaire propose justement un changement de paradigme par rapport aux approches de modélisation classique pour répondre à ces questions complexes concernant notre société. »
Ses travaux visent donc à développer des stratégies net-zéro permettant non seulement l’atteinte de la carboneutralité en 2050, mais aussi l’anticipation des déplacements d’impacts et des effets rebonds en vue de leur évitement potentiel. Relevant de l’innovation responsable, une telle capacité organisationnelle d’anticipation et de réaction pour faire face à l’inattendu peut paraître exigeante, mais elle relève aujourd’hui de la lucidité managériale la plus élémentaire.
De façon concrète, comme l’explique Marie-Luc Arpin, professeure à l’École de gestion et copilote du projet, « la chaire répondra aux besoins des organisations qui comprennent à quel point l’objectif net-zéro est à la fois vital et exigeant, et qui sont prêtes à expérimenter des approches de gestion radicalement différentes ».