St-Hubert ouvre grand les bras aux personnes autistes
Au mois d’avril, les Rôtisseries St-Hubert ont fêté le premier anniversaire de leurs salles à manger inclusives. Treize restaurants de la chaîne offrent tous les dimanches midi un cadre adapté aux besoins des personnes atteintes du trouble de l’autisme (TSA). En partenariat avec la Fondation Autiste & majeur, cette initiative s’accompagne d’un autre projet inclusif : l’embauche d’adultes autistes dans l’usine de l’entreprise.
« La Fondation St-Hubert existe depuis 12 ans. Au fil de ces années, nous avons noué des ententes avec des organismes caritatifs divers. Toutefois, nous cherchions au profit de quelle cause nous pourrions nous développer davantage », indique Josée Vaillancourt, directrice des communications du Groupe St-Hubert et de la Fondation St-Hubert. Depuis 2020, cette dernière a remis un million de dollars à la Fondation Autiste & majeur, cofondée par la comédienne Sophie Prégent et l’animateur Charles Lafortune. Le couple est parent de Mathis, un jeune adulte autiste.
En février 2024, la Fondation StHubert a annoncé un don supplémentaire de 1,5 millions de dollars pour les cinq prochaines années à cette organisation qui aide les jeunes adultes ayant un TSA. Plus qu’un simple donateur, elle en est devenue
partenaire. « La Fondation Autiste & majeur nous permet de tisser des liens avec des experts dans leur domaine, comme la Fondation Autisme Laurentides. C’est avec elle que nous avons réalisé notre projet d’embauches de personnes autistes dans notre usine, et le centre d’autisme À pas de géant. Ce dernier nous a accompagnés pour développer notre programme de rôtisseries inclusives pour les personnes autistes et leur famille », détaille Mme Vaillancourt.
Des clients bienvenus
« Les restaurants ne sont généralement pas l’endroit de prédilection pour les personnes autistes, car il y a souvent trop de bruit et trop de monde. C’est difficile de les intégrer, mais St-Hubert le fait avec beaucoup de bonne volonté », souligne Sophie Prégent, qui a elle-même fréquenté l’une des succursales participant à l’initiative avec son compagnon et leur fils. « La majorité des familles qui étaient là avaient un enfant autiste, ce qui nous dédouanait, d’une certaine manière. Si Mathis se salissait ou levait le ton, ce n’était pas grave ! » raconte-t-elle.
Dans les 13 rôtisseries de la chaîne incluses dans le programme, les personnes ayant un TSA et leur entourage sont accueillies tous les dimanches de manière adaptée. « Lorsque nous avons lancé notre projet pilote à Saint-Eustache, une maman d’un enfant autiste nous a confié qu’ils n’étaient jamais sortis au restaurant de leur vie auparavant. Elle nous a demandé de prendre une photo pour prouver à sa famille qu’elle était bien allée au restaurant avec son enfant. Nous avions les larmes aux yeux », se rappelle Mme Vaillancourt, qui a également vu certains jeunes autistes de plus en plus à l’aise au fil de leurs passages à la rôtisserie.
Plusieurs outils ont été développés pour optimiser l’expérience des personnes autistes et de leurs proches : une visite virtuelle de l’établissement ainsi que des guides sont disponibles sur le site de St-Hubert pour préparer la visite en amont. Les employés, qui sont formés pour cet accueil, leur proposent les places les plus appropriées (loin du va-et-vient de la cuisine, par exemple). Une trousse sensorielle contenant notamment une balle antistress, un minuteur et un jeu à bulles permettent également de faciliter le temps d’attente. « Nous avons reçu des centaines de personnes autistes dans les 13 rôtisseries qui offrent le programme pour le moment. Elles se sentent bienvenues et en sécurité », se réjouit Mme Vaillancourt, qui conseille de réserver pour s’assurer qu’une trousse sensorielle sera disponible.
Des employés comme les autres
Parmi les effectifs de l’usine de fabrication de produits alimentaires du Groupe St-Hubert à Boisbriand, huit travailleurs sont des personnes autistes. Ils ont été embauchés dans le cadre d’un projet mis en place par la Fondation St-Hubert en partenariat avec la Fondation Autiste & majeur. Ils fêteront en mai leur première année en poste à temps partiel. « Ils font des tâches identiques à celles de nos autres employés, selon les mêmes conditions que leurs confrères », fait valoir Mme Vaillancourt. « Leur revenu est égal à celui des salariés neurotypiques occupant le même poste. À ma connaissance, c’est ce qui se fait de mieux à l’heure actuelle au Québec en matière d’intégration », souligne Sophie Prégent.
« Lorsque nous avons lancé notre projet pilote à Saint-Eustache, une maman d’un enfant autiste nous a confié qu’ils n’étaient jamais sortis au restaurant de leur vie auparavant »
Le Groupe St-Hubert a pu compter sur la Fondation Autisme Laurentides pour cibler les emplois qui pourraient correspondre à des personnes ayant un TSA, faire passer les entrevues et développer la formation nécessaire. « Nous n’avons pas eu besoin de créer des postes spécifiques. Avec de la bonne volonté, d’autres entreprises pourraient également trouver des fonctions existantes qui pourraient convenir : il suffit de prendre un pas de recul pour regarder ce qu’il est possible de faire », affirme Mme Vaillancourt.
Le personnel de St-Hubert est touché par cette initiative. « Il y a énormément de personnes autistes autour de nous, qu’on le sache ou pas. Nos employés se sentent généralement interpellés par ce projet qui est très bien reçu dans notre usine », observe Mme Vaillancourt. Le groupe a aussi recours à une personne autiste et à plusieurs personnes non voyantes dans son centre de service à la clientèle.
Pour la Fondation Autiste & majeur, la chaîne de rôtisseries est précurseuse au Québec. « C’est plus que de l’inclusion, estime Sophie Prégent. Le Groupe St-Hubert est en train de faire évoluer le vivre ensemble. »