S’adapter pour répondre à des besoins criants
Depuis sa création en 2002, le Centre Marcelle et Jean Coutu (CMJC) de la Fondation Le Pilier est devenu une organisation de référence au Québec pour le soutien et l’intégration des personnes en situation de handicap. Situé à Laval, ce centre multifonctionnel a su adapter ses services pour répondre aux besoins changeants de ses communautés.
« On a commencé par de petits milieux d’hébergement : on avait acheté des maisons pour deux ou trois occupants. Cette période a coïncidé aussi avec la désinstitutionnalisation des services psychiatriques. Au fil du temps, l’organisme a pu en acquérir de nouveaux », explique en entrevue Nassim Belaïd, directeur des opérations de la Fondation Le Pilier.
Depuis son extension en 2014, le Centre Marcelle et Jean Coutu (CMJC) accueille aujourd’hui plus de 250 personnes handicapées, jeunes ou adultes. Qu’elles soient semiautonomes ou non, elles peuvent profiter toute l’année d’un programme d’activités adaptées touchant, entre autres, les arts et le sport, offrant ainsi un répit à leur famille.
Installations multifonctionnelles
La force du CMJC, c’est avant tout son côté multifonctionnel. Au fil des années, l’établissement a su optimiser l’utilisation de ses installations. Elles servent à la fois pour des activités adaptées de jour, du répit spécialisé de fin de semaine, du répit estival hebdomadaire et de l’hébergement en alternance autisme-jeunesse.
« Du lundi au vendredi, le jeune va à l’école et, lorsqu’il en sort, au lieu de rentrer chez lui, il se rend au Centre Marcelle et Jean Coutu. C’est ce qu’on appelle l’hébergement par alternance : il vient avec le transport scolaire et le lendemain, il repart en classe directement du centre », explique M. Bélaïd. Cette initiative permet à 18 enfants et adolescents divisés en trois cohortes de faire une multitude d’activités au CMJC, en plus d’offrir à leurs proches une semaine de répit chaque mois.
« On entend parfois que le centre est un deuxième poumon. […] Ça fait vraiment la différence pour les familles impliquées. L’impact positif qu’on a sur l’entourage de ces personnes, j’y crois beaucoup, parce qu’ils en ont besoin », souligne-t-il.
Les demandes de services augmentant de façon exponentielle, la fondation collabore étroitement avec les institutions gouvernementales pour assurer la prise en charge des utilisateurs. « Le réseau de la santé de Laval ou des autres régions nous fait part des nécessités : nous avons des ententes avec eux, précise le directeur. […] Il y a des familles qui nous approchent directement, mais ce sont surtout des travailleurs sociaux de partout qui nous sollicitent. »
Manque de financement soutenu
Bien que le financement gouvernemental constitue près de 80 % des revenus de la fondation, celui-ci reste « très insuffisant », affirme M. Belaïd. Selon lui, les défis ne touchent pas les ressources d’hébergement et les milieux de vie, mais plutôt le centre d’activités. L’organisation reçoit l’aide du Programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC), mais celle-ci ne représente que 20 % du coût de revient des activités du CMJC.
Un financement accru permettrait, entre autres, d’étendre les services déjà proposés par le centre, notamment celui du répit spécialisé. « On essaye de rester à l’affût de ce qui se passe ailleurs, alors pourquoi pas du répit à domicile ? […] On offrirait le même service, mais en le développant pour répondre aux besoins, que ce soit avec la halte-garderie, le répit à domicile, le répit-dépannage, ou autre », énumère le directeur.
Pour l’instant, la croissance du CMJC est en grande partie attribuable à l’engagement des grands donateurs, qui appuient financièrement les initiatives de la fondation. En 2022, le don d’un partenaire avait permis d’élargir la salle Snoezelen, un espace multisensoriel où les utilisateurs peuvent être stimulés de façon sécuritaire et adaptée.
« Il faut qu’on trouve une solution à plus long terme. Le donateur, c’est une plus-value pour améliorer, mais, pour les frais d’exploitation, je pense que ça devrait être soutenu par le réseau de la santé », estime M. Belaïd.
Grâce à l’appui des partenaires philanthropiques, le CMJC offre aujourd’hui une balançoire pour les personnes en fauteuil roulant, des vélos conçus pour celles ayant des déficiences physiques ou intellectuelles ainsi que des transports sur mesure pour faciliter les déplacements à l’extérieur de l’organisation. L’établissement prévoit même la construction d’une piscine extérieure adaptée au cours de la prochaine année.
La vision pour le futur ? « L’amélioration continue, le développement et l’innovation des programmes, résume M. Belaïd. […] On voudrait aussi s’étendre géographiquement, voire mettre en oeuvre des projets en dehors du centre pour toucher plus de monde et assurer la pérennité de nos services. »
« On entend parfois que le centre est un deuxième poumon. […] Ça fait vraiment la différence pour les familles impliquées. »